YeraTube : le réseau social made in Africa
YeraTube est la première plateforme de streaming vidéo qui rémunère à la fois les créateurs de contenus et les utilisateurs. Grâce à l’appui de l’ITC, la start-up malienne à l’origine de l’application a pu rejoindre le programme Amazon Web Services et bénéficier d’un crédit de 10 000 dollars pour renforcer son positionnement inédit.
Avec YeraTube, l’Afrique dispose de son propre réseau social. Chaque jour, jusqu’à 2 000 utilisateurs s’y connectent pour partager et commenter des vidéos en streaming. Lancé en 2021 par une start-up de Bamako, l’application offre une vitrine aux créateurs et artistes africains qui peuvent ainsi monétiser leurs contenus originaux partout sur le continent, se constituer une audience et en retirer des revenus.
Toutefois, la particularité de YeraTube consiste à rémunérer également les utilisateurs de la plateforme. À chaque vidéo visionnée, l’utilisateur cumule des points qu’il peut convertir en argent mobile ou en crédits de connexion. Les revenus publicitaires de YeraTube sont ainsi partagés entre tous, que l’on soit un influenceur célèbre, un créateur amateur ou un simple utilisateur de l’application.
L’adhésion est gratuite et ne requiert pas de compte bancaire. Un simple numéro de téléphone suffit pour s’inscrire.
« Contrairement à YouTube dont les fonctionnalités de monétisation ne sont pas accessibles en Afrique, YeraTube est à la portée de tous », se réjouit Mohamed Malet, co-fondateur du réseau social malien.
« Le projet NTF V nous a apporté exactement ce dont nous avions besoin »
Le positionnement inédit de YeraTube a contribué à sa popularité et son expansion rapide. Cette croissance s’accompagne cependant d’une augmentation des coûts d’exploitation.
« Chaque nouvelle ouverture de compte doit obligatoirement être authentifiée par SMS. Cela représente un coût important pour notre start-up, tout comme l’hébergement sur nos serveurs d’une quantité croissante de contenus », explique Mohamed Malet.
Alors que YeraTube connaissait sa première crise de croissance, la start-up a reçu l’appui du projet NTF V Fast Track Tech déployé par le Centre du commerce international.
« L’accompagnement est arrivé à point nommé ! Le projet NTF V nous a permis d’accéder au programme Amazon Web Services (AWS), qui nous a alloué un crédit de 10 000 dollars sur une période de deux ans. Celui-ci nous a permis de répondre à nos besoins d’hébergement et d’envoi de SMS », s’enthousiasme Mohamed Malet.
Cap vers la levée de fonds
YeraTube a également pu utiliser les crédits AWS pour financer une vaste campagne de communication. En quelques mois à peine, l’audience globale a décuplé, passant de 15 000 à 150 000 utilisateurs. En outre, les utilisateurs bénéficient dorénavant d’une bande passante beaucoup plus rapide pour visionner les contenus, et de fonctionnalités plus avancées, comme des notes vocales, de la modération automatique par IA, de la diffusion en directe, de la radio en streaming.
Par ailleurs, grâce au projet NTF V, YeraTube a pu bénéficier de plusieurs sessions de formation.
« Nous avons renforcé nos compétences sur des sujets aussi divers que le design thinking ou la gestion financière. Nous avons amélioré notre organisation interne et nous préparons à présent notre première levée de fonds ».
Avant la fin de l’année 2023, YeraTube espère ainsi collecter 300 000 dollars en vue de consolider ses équipes techniques, poursuivre le développement de l’application et stimuler sa stratégie de communication.
La phase V du programme Netherlands Trust Fund (NTF V) (juillet 2021 à juin 2025) repose sur un partenariat entre le Ministère des affaires étrangères des Pays-Bas et le Centre du commerce international (ITC). Le programme appuie les petites entreprises dans les secteurs des technologies numériques et de l'agro-industrie au Bénin, en Côte d’Ivoire, en Éthiopie, au Ghana, au Mali, au Sénégal et en Ouganda. Son ambition est multiple : contribuer à une transformation inclusive et durable des systèmes alimentaires, en partie grâce à des solutions numériques, stimuler la compétitivité commerciale des start-up technologiques locales à l'international, et appuyer la mise en œuvre de la stratégie d'exportation des entreprises d'externalisation des processus informatiques et commerciaux dans certains pays d'Afrique subsaharienne sélectionnés.