Avec le SENIA, le Bénin s’ouvre la voie à l’intelligence artificielle et aux mégadonnées
Pour la deuxième année consécutive, le Salon de l’entrepreneuriat numérique et de l’intelligence artificielle (SENIA) s’est déroulé à Cotonou, les 12 et 13 mai derniers. Rassemblant près de 1 000 participants, l’événement traduit l’ambition du Bénin de devenir un acteur majeur de l’IA en Afrique de l’Ouest. Les débats qui s’y tiennent visent à faire éclore des initiatives à fort impact dont pourront profiter les pouvoirs publics, le secteur privé et la société béninoise dans son ensemble.
Organisé par le Ministère du numérique et de la digitalisation, le SENIA réunit tous les talents béninois mais aussi des experts internationaux spécialisés en intelligence artificielle (IA) et en science des données. Grâce aux multiples conférences et démonstrations qu’il propose, le SENIA n’est pas seulement une plateforme d’échanges mais aussi un cadre d’affaires et de réseautage entre professionnels du secteur.
Un salon commercial pour se préparer pour l’avenir
En présentant les dernières innovations et les idées prometteuses, le salon encourage également la jeunesse à s’orienter vers des métiers émergents. Partenaire du projet NTF V, qui vise à préparer les jeunes aux métiers du numérique, l'école supérieure EPITECH a marqué les esprits en présentant les projets de ses étudiants. Au sein de son pôle d'innovation entrepreneuriale, 432 étudiants nourrissent leur passion pour la robotique, l'intelligence artificielle et les technologies immersives.
Ce vivier de compétences illustre un écosystème béninois florissant, d'où émergent déjà de futurs chefs de projet d'innovation, ingénieurs et autres experts en intelligence artificielle.
« D'ici cinq ans, le Bénin espère être un catalyseur du développement numérique en Afrique. Et dans 10 ans, les start-up à fort potentiel auront atteint le statut de licorne », prédit Brad Kpoahoun, Chef de projet innovation et entrepreneuriat à EPITECH.
Le Bénin à la conquête de ses données
L’édition 2023 du SENIA avait d’ailleurs pour thème « Contenus locaux, nouveaux métiers et données ouvertes ». Les données sont au cœur de l’intelligence artificielle et des technologies du numériques, et une fois traitées, elles peuvent jouent un rôle essentiel, notamment dans la mise en œuvre de politiques publiques. Le Bénin entend produire des données locales et les valoriser, tout en établissant les régulations permettant de garantir leur souveraineté. L’objectif est ainsi d’appuyer le développement de son écosystème numérique, et plus largement de son activité économique. À cet égard, le pays vient d’inaugurer un centre de données national et amorce un vaste chantier de dématérialisation de son administration.
Valoriser les contenus locaux avec l’IA
À l’occasion du SENIA, l’Agence des systèmes d’information et du numérique (ASIN), en collaboration avec Isheero, a présenté un chatbot créé à l’intention du gouvernement béninois. Contrairement à Chat GPT dont l’utilisation est restreinte en Afrique, le robot conversationnel GPT BJ a été spécifiquement développé pour le Bénin. Compilant le code général des impôts, le code pénal, le code du numérique et le code du travail du pays, il est capable d’apporter des réponses ciblées sur la réglementation béninoise. Ce n’est que l’une des multiples solutions d’intelligence artificielle actuellement en développement au Bénin.
Faire du Bénin une référence des services numériques en Afrique de l’Ouest
Selon le rapport Oxford Insights, le Bénin se classe parmi les pays africains les mieux préparés à l'adoption de l'intelligence artificielle. Le pays s’est doté en janvier dernier d’une stratégie nationale pour faire du numérique un levier de la croissance économique et social.
Cette stratégie encourage à adapter l’IA au contexte béninois, non seulement pour accélérer la dématérialisation de l’administration publique, mais aussi pour relever les défis prioritaires dans les domaines de l’éducation, de la santé, de l'agriculture et de l’environnement. Cette stratégie nationale en matière d’intelligence artificielle et de mégadonnées doit d’abord permettre d’établir les fondations d’un écosystème numérique solide et durable. Dans un deuxième temps, elle devra sur cette base faire du Bénin un leader reconnu en IA, réalisant l’objectif que le pays s’était donnée en 2016 – devenir la plateforme de référence des services numériques en Afrique de l’Ouest.
La phase V du programme Netherlands Trust Fund (NTF V) (juillet 2021 à juin 2025) repose sur un partenariat entre le Ministère des affaires étrangères des Pays-Bas et le Centre du commerce international (ITC). Le programme appuie les petites entreprises dans les secteurs des technologies numériques et de l'agro-industrie au Bénin, en Côte d’Ivoire, en Éthiopie, au Ghana, au Mali, au Sénégal et en Ouganda. Son ambition est multiple : contribuer à une transformation inclusive et durable des systèmes alimentaires, en partie grâce à des solutions numériques, stimuler la compétitivité commerciale des start-up technologiques locales à l'international, et appuyer la mise en œuvre de la stratégie d'exportation des entreprises d'externalisation des processus informatiques et commerciaux dans certains pays d'Afrique subsaharienne sélectionnés.