Renforcer la sécurité alimentaire en Afrique de l’Ouest par des réformes commerciales
Les pactes commerciaux régionaux et continentaux ouvrent la voie au libre-échange des denrées alimentaires et des produits agricoles. La 10e Conférence annuelle Borderless, qui s'est tenue à Tema, au Ghana, a rassemblé des experts gouvernementaux, du secteur privé et d'organisations internationales afin d'examiner les moyens de concrétiser ce potentiel.
L'Alliance Borderless (Sans frontière) est une initiative privée qui plaide pour la suppression des barrières commerciales en Afrique de l'Ouest. Elle a organisé sa 10e Conférence conjointement avec l'Agence allemande de coopération internationale (GIZ), l'occasion d'examiner le commerce au sein des 15 membres de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO).
« Cette édition 2023 revêt une importance particulière pour le secteur privé », indique Jonas Lago, Président d'Alliance Borderless. « Il nous incombe d'effectuer les analyses nécessaires et d'élaborer des solutions pour relever les défis actuels. Notre succès dans la région de la CEDEAO servira de modèle dans la zone continentale africaine ».
Vianney Lesaffre, un expert en analyses de marché de la délégation du Centre du commerce international (ITC), a présenté des données sur les réglementations nationales et sur la manière d'aborder les obstacles au commerce.
Ces informations montrent que 60 % des réglementations contraignantes sont d'origine nationale. En utilisant l'outil Trade Obstacle Alert Mechanism (TOAM, Mécanisme d'alerte aux obstacles au commerce), un outil développé par l'ITC, Vianney Lesaffre a pu démontrer plus précisément que 51 % des obstacles signalés concernent le secteur agricole.
Il a également présenté une autre ressource inestimable de l'ITC, l'Observatoire africain du commerce, qui permet de cibler et de résoudre les problèmes dans le secteur agricole.
Selon Timothée Bruneteau, conseiller en facilitation du commerce à l'ITC, l'élimination des obstacles procéduraux aux frontières, tant pour les entreprises agroalimentaires que pour les petits commerçants transfrontaliers, peut permettre de renforcer la sécurité alimentaire.
L'élan autour de la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) offre une opportunité de remédier au manque d'efficience aux frontières. Les protocoles et annexes de la ZLECAf relatifs à la facilitation des échanges, la coopération douanière et le transit, ainsi que l'accord de l'OMC sur la facilitation des échanges, doivent permettre d'améliorer la transparence, la prévisibilité et l'efficience du commerce en Afrique.
La mise en œuvre intégrale de l'accord de l'OMC sur la facilitation des échanges pourrait réduire de 18 % le coût du commerce des denrées périssables.
Des solutions innovantes et inclusives en matière de facilitation des échanges peuvent stimuler le commerce des denrées alimentaires, tout en appuyant les efforts régionaux visant à réduire les coûts des denrées alimentaires.
Technologie et innovation au service du commerce
Pour les entreprises agroalimentaires, le programme Netherlands Trust Fund V (NTF V) de l'ITC a mis au point la méthodologie FastTrackTech pour évaluer dans quelle mesure une start-up est prête à se lancer dans le commerce international.
Isaac Newton Acquah, Coordinateur national du projet NTF V pour le secteur technologique, précise à cet égard que « l'essence des TIC réside dans l'information, et c'est grâce à la technologie que le changement sera induit ».
Il souligne encore que les petites entreprises pensent souvent que leurs difficultés sont d'ordre financier, alors que le véritable obstacle peut être résolu par la technologie.
Selon lui, l'établissement d'un lien entre les associations technologiques et les petits agriculteurs rend la technologie plus accessible. Lorsque les agents partagent des informations vitales, ils instaurent la confiance, ce qui favorise la croissance agricole.
Gyand Dermitta, Conseiller principal auprès du Secrétaire général de la ZLECAf, explique que la conférence a été l'occasion de se pencher sur les moyens de renforcer les chaînes de valeur régionales et d'explorer des stratégies visant à aligner les politiques nationales sur l'Accord instaurant la ZLECAf.
De son côté, Kabir Hassa, Conseiller commercial du programme Commerce agricole de la CEDEAO (EAT) mené par la GIZ, a souligné l'objectif général du programme, et le rôle essentiel qu'il joue dans l'élévation de la CEDEAO à un niveau tel que l'Afrique pourra pleinement exploiter toutes les opportunités amenées par la ZLECAf, ce qui profitera à l'ensemble du continent africain. L'importance de cette initiative réside dans sa capacité à positionner la CEDEAO de manière à saisir le potentiel de la ZLECAf pour le plus grand bien de l'Afrique.
Benonita Bismarck, PDG de Ghana Shippers Authority, rappelle en conclusion « le rôle indispensable des chaînes de valeur agricoles, et le fait que chaque partie prenante a un rôle crucial à jouer pour en libérer tout le potentiel ».
À propos du programme Commerce agricole de la CEDEAO (EAT)
Financé par le Ministère fédéral allemand de la coopération économique (BMZ), le programme Commerce agricole de la CEDEAO (EAT) mis en œuvre par l'Agence allemande de coopération internationale (GIZ) entre dans le cadre de son initiative ONE World - No Hunger (UN monde - zéro faim). Le programme vise à renforcer l'intégration régionale par le biais du commerce agricole intrarégional dans la région de la CEDEAO. Mené par la GIZ en partenariat avec l'ITC, il bénéficie de la collaboration de la Commission de la CEDEAO et des directions responsables de l'agriculture et du développement rural, du commerce, des douanes, de la libre circulation des personnes, ainsi que du Centre de développement du genre. L'objectif principal du programme est de renforcer les capacités et les services des organisations régionales et nationales, en mettant l'accent sur l'amélioration des politiques agroalimentaires, la durabilité, la sensibilité au genre, l'inclusivité de la facilitation du commerce, et l'engagement actif avec les PME et les associations professionnelles dans le secteur.