Un commerce respectueux de la nature pour un développement durable
Le commerce, la biodiversité et les programmes de développement durable peuvent s'appuyer mutuellement, avec les petites entreprises comme principaux agents du changement.
Le commerce et les politiques liées au commerce sont de plus en plus reconnus pour être des solutions pouvant contribuer à résoudre la crise mondiale de la biodiversité. Même si le commerce peut d'un côté exacerber la dégradation et la perte de la biodiversité, de l'autre il a le potentiel de jouer en faveur de la préservation, l'utilisation durable et la restauration des ressources, avec des avantages connexes pour le développement durable.
Considérant l'intérêt croissant pour l'environnement et le développement durable constaté dans le cadre des politiques et des mesures commerciales, le Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal offre l'occasion d'explorer comment les agendas du commerce mondial, de la biodiversité et du développement durable pourraient s'appuyer mutuellement.
Une révision des objectifs du Cadre mondial pour la biodiversité menée par le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) dans le cadre du projet TRADE Hub montre que le commerce ainsi que les politiques et mesures liées au commerce sont pertinents pour atteindre tous les objectifs du cadre.
En effet, en cherchant à appuyer les chaînes d'approvisionnement durables, les politiques et les mesures commerciales mises en œuvre à cet effet bénéficient directement à la gestion et l'utilisation durables des écosystèmes et des ressources de la biodiversité.
De même, la lutte contre les principaux facteurs de perte de biodiversité, tels que la pollution, le changement climatique et la consommation, a tout à gagner d'une coopération commerciale visant à réduire l'empreinte carbone et la pollution, y compris la pollution par les matières plastiques.
Le commerce peut même inciter directement à l'utilisation et à l'exploitation durables – ou non – des espèces sauvages, car les politiques et les mesures commerciales influencent la manière dont les bénéfices tirés de ce commerce sont répartis entre les parties prenantes.
Pour mieux aligner les agendas politiques mondiaux en matière de biodiversité et de commerce, il nous faut d'abord comprendre les objectifs sous-jacents liés au commerce et au développement durable que les pays visent à faire progresser. Nombre de ces objectifs sont liés aux aspects sociaux et économiques du Programme de développement durable à l'horizon 2023 et de ses objectifs de développement durable (ODD), notamment la création de travail décent, l'élargissement des possibilités d'emploi et la garantie de moyens de subsistance durables.
Il est également primordial de comprendre les défis associés à l'alignement de la biodiversité et des objectifs commerciaux. Ce point est particulièrement pertinent pour les producteurs et les exportateurs de produits et de ressources liés à la biodiversité dans les pays en développement.
Il s'agit notamment de modèles commerciaux qui reposent sur des processus de production à partir des ressources naturelles, ou de leur extraction, ayant souvent des répercussions importantes sur la biodiversité (comme l'exploitation minière). Ces ressources naturelles abritent souvent des écosystèmes fragiles qui font partie de la biodiversité mondiale, et leur préservation et utilisation durable peut être menacée par des ressources financières limitées.
Pour aller de l'avant, le dialogue et la coopération internationale entre les politiques peuvent garantir que les mesures prises dans les domaines du commerce et de la biodiversité ne nuisent pas les unes aux autres, et au contraire qu'elles s'appuient mutuellement en faveur d'un développement durable.
L'intégration des petites entreprises dans les chaînes de valeur mondiales peut appuyer à la fois les objectifs de biodiversité et le développement durable, en particulier dans les pays en développement où les petites entreprises et les petits exploitants agricoles sont le moteur de l'économie.
Cependant, elles manquent de capacités, d'accès à un financement adéquat et de technologies appropriées et abordables pour saisir les opportunités économiques qui s'offrent à elles. En outre, les lacunes des gouvernements en matière de capacité réglementaire, d'institutions et de ressources nécessaires à l'élaboration et à l'application des lois environnementales constituent également un défi qui peut freiner les entreprises désireuses de faire de la production respectueuse de la biodiversité leur avantage concurrentiel.
Un des principaux défis que rencontrent aujourd'hui les petites entreprises, en particulier les exportateurs et les producteurs, concerne leur conformité aux normes environnementales et/ou aux exigences de certification. Les exigences en matière d'environnement varient d'un pays importateur à l'autre et sont souvent associées à de multiples cadres établis par les secteurs d'activité importateurs.
Pour répondre aux exigences croissantes en matière d'étiquetage, de transparence et de traçabilité des produits, telles que celles liées à la déforestation, il faut non seulement un savoir-faire spécifique, mais aussi d'importantes ressources financières, technologiques et techniques.
De nombreux produits de base associés à la perte de biodiversité et à la dégradation des écosystèmes (comme l'huile de palme, le cacao, le soja et le café) sont liés aux chaînes d'approvisionnement d'entreprises multinationales opérant dans les pays en développement ou s'approvisionnant auprès d'eux, souvent avec une participation substantielle des petites entreprises et des petits exploitants agricoles.
Ces entreprises internationales devraient contribuer à la réalisation des objectifs de biodiversité, de commerce et de développement durable par l'intermédiaire des petites entreprises et des petits exploitants, par exemple en offrant des primes de prix et des investissements à long terme dans des produits d'origine durable, ainsi qu'en renforçant leurs capacités et en leur donnant accès aux technologies qui favorisent la transition vers des pratiques de production durables.
En agissant concrètement pour relever ces défis avec succès, les avantages obtenus peuvent concerner à la fois le commerce, la biodiversité et le développement durable.
Les petites entreprises ont besoin d'un appui accru pour apprendre et adopter les bonnes pratiques. À cette fin, l'assistance technique doit intégrer les objectifs et les considérations liés à la biodiversité et renforcer les capacités pour le commerce durable, y compris par le biais de l'aide au commerce.
La série de webinaire Nature-positive trade for sustainable development (Un commerce respectueux de la nature pour un développement durable) se déroule de juin 2023 à mars 2024 et soutient le partage d'informations et de connaissances entre experts et institutions. Les institutions suivantes travaillant à l'intersection de la biodiversité, du commerce et du développement durable ont coopéré à cette série : le Trade Hub (Pôle du commerce) du fonds UKRI/GCRF, le Programme des Nations Unies pour l'environnement, l'Organisation mondiale du commerce, la Convention sur la diversité biologique, l'initiative BioTrade (Commerce bio) de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement, et le Centre du commerce international.
* TRADE Hub (Pôle du commerce) est une initiative menée par le Centre mondial de surveillance pour la conservation de la nature du Programme des Nations Unies pour l'environnement.