Dérèglement climatique : Des opportunités pour les petites entreprises des pays en développement
Un nouveau rapport sur l'atténuation du changement climatique publié par le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) dévoile une fenêtre d'opportunités pour les petites entreprises dans le domaine du commerce.
En avril 2022, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) a publié un rapport sur l'atténuation du changement climatique (version anglaise ; version française à paraître), appelant à des réductions immédiates et importantes des émissions de carbone afin de limiter le réchauffement de la planète à environ 1,5 °C (ou 2,7 °F). « Nous sommes sur la voie d’une catastrophe climatique imminente » avertit le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres. Selon les scientifiques, nous devons exploiter tous les outils dans tous les secteurs pour réduire de moitié les émissions d'ici 2030.
Le rapport exhorte les financiers à investir dans les solutions climatiques qui demeurent sous-financées à ce jour, et à combler le déficit de financement dans les pays en développement pour renforcer les actions climatiques et accroître la résilience.
Les pays en développement ont besoin de fonds pour s'adapter
Il existe un lien étroit entre le développement durable, la vulnérabilité et les risques climatiques. Des ressources économiques, sociales et institutionnelles limitées entraînent souvent une grande vulnérabilité et une faible capacité d'adaptation des entreprises et des communautés dans les pays en développement.
En plus d'être les plus touchés, les pays les moins avancés et les pays en développement ne sont pas équipés pour prendre les mesures climatiques nécessaires. Ils ont donc besoin de l’appui financier des pays développés pour réduire leurs émissions et s'adapter aux nombreuses facettes du dérèglement climatique. En outre, l'innovation, facilitée par la numérisation, a pris du retard dans les pays en développement, en raison de l'absence ou de l'inadéquation des réglementations et des contraintes financières.
L'étude Perspective de la compétitivité des PME 2021 du Centre du commerce international (ITC) relève que les petites entreprises des pays en développement sont davantage préoccupées par le changement climatique, mais moins susceptibles d'agir. Toutefois, seuls 38 % des petites entreprises interrogées par l’ITC indiquent agir pour réduire les risques environnementaux. En outre, les petites entreprises dirigées par des femmes ou des jeunes sont encore moins susceptibles d'investir dans l'adaptation.
Opportunités de transition pour les petites entreprises des pays en développement
Le rapport du GIEC lance un appel urgent aux dirigeants des pays du monde entier pour éliminer progressivement les combustibles fossiles et faire de la transition énergétique la priorité absolue. La baisse du prix des énergies renouvelables et des technologies vertes présente des opportunités pour accélérer la transition à faible émission de carbone dans les pays en développement.
Les petites entreprises peuvent profiter du prix abordable des énergies renouvelables tout en exploitant de nouvelles opportunités commerciales pour les produits et services verts. Norah Magero, Fondatrice de Drop Access, a développé un réfrigérateur à énergie solaire, une solution pratique et abordable qui permet de relever le défi de l'accès à l'énergie dans les zones rurales du Kenya. C'est un excellent exemple de la façon dont l'innovation profite aux communautés qui en ont le plus besoin.
Une réduction drastique des émissions nécessitera également une utilisation efficiente des matériaux, la réutilisation et le recyclage des produits, le tout afin de minimiser les déchets. Le passage d'une économie linéaire à une économie circulaire doit être appliqué à tous les secteurs. RecycleX, une entreprise verte basée en Inde, a prouvé que les petites entreprises peuvent et doivent contribuer à l'économie circulaire. RecycleX transforme les bouteilles PET usagées en briques, luttant ainsi contre les déchets plastiques tout en créant une alternative plus verte et plus saine au béton traditionnel.
L'intensification de la technologie et de l'innovation est essentielle pour déclencher une transformation à grande échelle
L'ITC suggère trois façons d'intensifier les efforts d'atténuation du changement climatique :
1. Politique
La coopération internationale est un catalyseur essentiel pour atteindre des objectifs ambitieux d'atténuation du changement climatique. Les accords, les institutions et les initiatives à portée internationale, environnementale et sectorielle peuvent contribuer, et dans certains cas contribuent déjà à stimuler les investissements à faible teneur en carbone et à réduire les émissions.
Les règles commerciales peuvent potentiellement stimuler l'adoption internationale de technologies et de politiques d'atténuation, mais à l’inverse elles peuvent aussi limiter la capacité des pays à adopter des politiques climatiques relatives au commerce. Par conséquent, un signal clair de la part des gouvernements et de la communauté internationale, y compris un alignement plus fort des finances et des politiques du secteur public, et des niveaux plus élevés de financement climatique du secteur public, permettraient de réduire l'incertitude et les risques de transition pour le secteur privé.
2. Finance
Le rapport constate que les investissements dans la transition vers un monde à faible émission de carbone sont environ six fois inférieurs à ce qu'ils devraient être. Les écarts d'investissement sont bien plus considérables dans les pays en développement, ce qui pose un défi majeur. L'augmentation des flux financiers pour l'atténuation peut être appuyée par des choix politiques et des orientations claires de la part des gouvernements, mais aussi de part de la communauté internationale. Le rapport suggère qu’une option d'atténuation coûtant 100 dollars par tonne de CO2, voire moins, permettrait de réduire d'ici 2030 les émissions mondiales de gaz à effet de serre d'au moins la moitié du niveau de 2019.
3. Changement de comportement
Une gouvernance climatique efficace et équitable repose sur des actions collectives prises non seulement par les décideurs politiques, les financiers, et les entreprises, mais aussi par les individus. Les particuliers peuvent jouer un rôle dans le ralentissement du changement climatique en faisant des choix durables lors de l'achat de produits et de services, et en basculant la demande vers l’exigence d’un changement de la part de l'industrie.
Perspectives de la COP27
« De plus en plus, la transition vers une économie à faible émission de carbone et résiliente est le choix le plus sûr et le plus compétitif qu'un pays, une entreprise ou un investisseur puisse faire », a déclaré le ministre égyptien des affaires étrangères, Sameh Shoukry, en amont de la COP27, aux côtés de la responsable de la question climatique des Nations Unies, Patricia Espinosa, et d'Alok Sharma, ministre britannique.
Par l’appui aux décideurs politiques, le Centre du commerce international se prépare à jouer un rôle actif pour limiter le réchauffement à 1,5 °C d'une manière équitable pour tous les partenaires du marché et les pays en développement, et pour s'assurer que les petites entreprises et le commerce soient alignés sur l'agenda climatique.
La directrice exécutive de l'ITC, Pamela Coke Hamilton, déclare à cet égard : « Placer les micro, petites et moyennes entreprises au cœur des programmes du commerce et de l'environnement – en les aidant à réduire leur empreinte carbone, à utiliser les ressources de manière plus efficiente, et à renforcer leur résilience aux chocs climatiques – permettra de réduire les impacts du changement climatique sur chacun d'entre nous ».