Perspectives de compétitivité des PME : Respect de la norme pour le commerce
06 octobre 2016 – Genève
Bon après-midi,
Il m’est agréable de vous accueillir, vous et nos conférenciers, pour le lancement de la deuxième édition de la publication phare de l’ITC, les Perspectives de compétitivité des PME.
Ce rapport signifie continuité et innovation
Ce rapport annuel représente à la fois la continuité et l’innovation.
Nous continuons à développer des thèmes liés à la compétitivité des PME. Comme dans la première édition, vous trouverez un trésor de données et d'informations sur la compétitivité des PME. Mais nous avons étendu ces informations pour maintenant vous présenter des profils de 35 pays avec de nouvelles données sur les réglementations et la façon dont les entreprises perçoivent ces réglementations dans les pays en question.
Dans le même temps, nous avons innové en axant le rapport de cette année sur le rôle des normes et des réglementations pour la compétitivité des PME. Cela peut être perçu déjà en lisant le sous-titre du rapport : Respect de la norme pour le commerce.
Ce titre reflète également le fait que nous continuons à nous focaliser sur un angle de l’économie tout en analysant un thème pertinent pour les décideurs de la politique commerciale. Nous utilisons notamment la terminologie à la façon des PME. Les PME ne sont pas toujours habituées au terme « mesures non tarifaires », qui est pourtant si important pour nos discussions à Genève. Souvent, les PME ne font pas de distinction entre les exigences imposées par les gouvernements ou requises par d’autres acteurs tels que le secteur privé et les ONG. La réalité est que la distinction aujourd’hui est quelque peu floue.
Les réglementations gouvernementales, par exemple, renvoient souvent aux normes du secteur privé. Inversement, les normes volontaires de durabilité renvoient souvent aux normes gouvernementales internationales. Les plus « populaires » de ces normes sont les conventions fondamentales du travail de l’OIT. Nous montrons dans ce rapport que 58 % de toutes les normes volontaires examinées s’y réfèrent.
Le thème principal de cette année revêt une importance cruciale
Les termes « normes » ou «réglementations» peuvent paraître techniques ou même creux au départ. Mais si vous y pensez davantage quelques secondes, vous constatez que nous traitons ici d’un sujet :
- qui est l’un des plus pertinents pour votre vie quotidienne, de la sécurité des prises à la capacité des téléphones mobiles à se connecter les uns aux autres,
- qui affecte toutes les étapes de la gestion d’une entreprise, de la comptabilité à la gestion ou à la logistique,
- qui est l’un des plus déterminants pour le soutien populaire au commerce ; les normes et les règlements ne sont pas seulement une partie intégrante de votre vie, ils font également partie intégrante du commerce international. En bref, leur rôle va devenir de plus en plus important.
Le commerce au XXIe siècle est de plus en plus centré sur le consommateur. Avec un accès accru aux informations et au savoir, les consommateurs sont plus que jamais outillés pour exiger des pourvoyeurs de leurs biens et services le respect des normes sociales et écologiques. Les consommateurs démontrent également l’importance qu’ils attachent à la protection de leur santé, à la protection de leurs intérêts économiques et à la protection de leur vie privée. Ils sont aussi capables de dire s’ils ne sont pas convaincus par le type de mondialisation qu’ils vivent.
Les négociateurs commerciaux défendent depuis de nombreuses années un programme de commerce ouvert en soutenant que les consommateurs en tireraient profit. Aujourd’hui, les consommateurs nous disent qu’ils veulent des échanges, mais aussi quelle sorte de commerce ils veulent effectuer. Et ils nous disent qu’ils veulent un « commerce vertueux ».
Et nous devons trouver des moyens de répondre à leur demande. Les normes et réglementations concernant tant les biens que les services feront partie de cette réponse, puisqu’elles sont essentielles pour une société plus responsable, un Environnement plus durable et la protection des consommateurs tout en facilitant les échanges par une compatibilité assurée.
- Parmi les facteurs qui déterminent le caractère inclusif du commerce,
les normes et les réglementations peuvent faciliter le commerce, répondre aux demandes des consommateurs et aider les gouvernements à atteindre leurs objectifs politiques. Mais elles peuvent également représenter une charge pour les exportateurs, notamment si elles ne sont pas soutenues par l’infrastructure technique appropriée dans le pays, à la frontière et sur le marché cible. Ces charges sont plus lourdes pour les petits et moyens exportateurs et constituent donc une grave menace pour l’inclusivité du commerce.
Notre recherche démontre que les petites entreprises sont deux fois plus durement touchées que les grandes. Nous constatons également que les entreprises dirigées par les femmes sont davantage freinées par des obstacles de procédure liés aux mesures non tarifaires par rapport aux entreprises dirigées par des hommes.
Pour que le commerce soit inclusif, il est donc impératif de faire tout ce qui est possible afin de réduire autant que faire se peut les coûts associés à la mise en œuvre et à la preuve du respect des normes et réglementations.
- Parmi les domaines les plus stratégiques pour les décideurs politiques au niveau national.
Les décideurs politiques et les institutions d’appui au commerce et à l’investissement ont un rôle clé à jouer lorsqu’il s’agit de faciliter le fonctionnement et la mise en œuvre des normes et réglementations, car ils sont seuls responsables de la conception, de la construction et de la contribution à l’infrastructure technique nécessaire au fonctionnement des normes.
Cette infrastructure technique comprend des organismes qui participent à l’élaboration, au maintien et à la mise en œuvre de normes et réglementations, tant à la frontière qu’au-delà, sous la forme d’organismes nationaux de normalisation, d’organismes d’évaluation de la conformité, d’organismes de métrologie et d’accréditation, etc. Le nombre d’organismes et la complexité de leur interdépendance font de l’amélioration des infrastructures techniques un véritable défi.
Mettre en place l’infrastructure nécessaire et appuyer les processus nécessaires sont coûteux pour les gouvernements, en particulier parce que les normes sont de natures très diverses. Et les pays aux ressources limitées pourraient être amenés à faire des choix difficiles lorsqu’il s’agit de soutenir l’exportation des produits avec une infrastructure technique reconnue à l’échelle internationale.
Avantages de ce rapport
La principale conclusion de ce rapport est que seuls les plus aptes survivent : il existe une corrélation directe entre les normes et la compétitivité des PME. Pouvoir respecter les normes est une condition préalable à la compétitivité internationale des entreprises. Et lorsqu’elles s’internationalisent, elles deviennent plus compétitives.
Afin de fournir un soutien pour accroître le nombre de survivants, en particulier dans les pays en développement, ce rapport propose deux outils et une orientation stratégique.
1/ Guide pour les dirigeants des PME
Le rapport contient des conseils à l’intention des dirigeants de PME sur la façon de sélectionner et de mettre en œuvre les normes et les réglementations afin de les aider à naviguer dans cet univers complexe.
2/ Un plan d’action en cinq points pour les décideurs politiques et les IACI
Pour renforcer la capacité des entreprises à adopter des normes et à prouver leur conformité, en rendant le commerce en un commerce davantage « vertueux ».
3/ Orientation stratégique
Pour aider les décideurs politiques à réfléchir à leurs décisions d’investissement dans l’infrastructure des normes, ce rapport combine trois éléments d’informations sur les aperçus régionaux et 35 profils de pays :
- informations sur les gammes de produits à potentiel d’exportation inexploité et sur les opportunités de diversification.
- informations sur l’ampleur des réglementations dans tous les secteurs
- informations sur les performances des PME en matière de normes et de réglementations.
Comment l’ITC travaille avec ses partenaires aux niveaux mondial et national
Un dernier point. L'ITC ne travaille pas de manière isolée. Aussi bien sur le terrain qu’à Genève, l’ITC travaille en étroite collaboration avec des partenaires des secteurs public et privé pour un plus grand impact sur le terrain.
C’est la raison pour laquelle le groupe d’experts actuel profite de nos partenaires de la CEE-ONU (SG Christian Friis-Bach), de la CNUCED (SG adjoint Joakim Reiter) et de l’ISO (SG par interim Kevin McKinley).
Je suis très heureuse d’accueillir M. Yves Jobin de SGS, un chef de file mondial en matière d’inspection, de vérification, d’essais et de certification. Je suis également particulièrement heureuse d’accueillir le PDG de l’Association of Ghana Industries (AGI), M. Seth Twum-Akwaboah. L’AGI a collaboré avec l’ITC lors de notre premier exercice de collecte de données à plus grande échelle pour évaluer la capacité des PME à se connecter, à affronter la concurrence et à faire des modifications nécessaires au niveau national, en utilisant la grille analytique de compétitivité des PME de l’ITC. Vous avez été une source d’inspiration pour le Maroc et le Kenya, qui travaillent actuellement avec nous pour recueillir des données spécifiques aux entreprises.
Notre travail analytique de cette année a également bénéficié de la collaboration de l’Institut universitaire européen et de la participation de l’ITC dans le réseau de recherche PRONTO. C’est la raison pour laquelle nous sommes heureux d’avoir Ronald Davies parmi nous aujourd’hui.
Pour terminer, permettez-moi de rendre hommage au ministre sénégalais du Commerce, Alioune Sarr, qui s’est fait défenseur de la compétitivité des PME dans son pays et que nous sommes heureux d’avoir parmi nous aujourd’hui.