Mettre en œuvre des mesures de facilitation des échanges pour stimuler les exportations
(Astana, Kazakhstan) – La mise en place de règles et réglements prédictibles de facilitation des échanges est vitale pour augmenter le potentiel d'exportation des petites et moyennes entreprises (PME). Mais pour que ces PME puissent réellement en bénéficier, il faut que ces réglementations soit effectivement mises en œuvre. Voilà la conclusion de l'événement organisé par le Centre du commerce international (ITC), en parallèle au Forum économique d'Astana, qui s'est déroulé au Kazakhstan le 22 mai.
S'exprimant sur le thème « Aider les PME à s'internationaliser : naviguer à travers d'épaisses frontières », les intervenants ont également examiné des cas de réussite dans le cadre de la facilitation des exportations des PME, y compris pour les PME des pays sans littoral. La Directrice exécutive de l'ITC, Arancha González, a animé le débat.
Mme González déclarait en ouverture : « Lorsque nous enquêtons auprès des PME, 55 % d'entre elles pensent que l'environnement général des affaires s'améliore, mais que le manque de facilitation des échanges demeure une contrainte majeure pour les exportations ». Elle ajoute que les problèmes des mesures non tarifaires en lien avec le contrôle des frontières et les procédures douanières sont parmi les plus gros problèmes auxquels les PME doivent faire face.
Alléger les mesures non tarifaires – et en particulier les procédures douanières – est une priorité pour le gouvernement du Kazakhstan, selon Zhanar Aitzhanova, Ministre de l'Intégration économique du Kazakhstan. Elle a précisé que ce processus avait déjà donné des résultats, en citant le rang déjà plus élevé du Kazakhstan dans l'index annuel « Doing Business » de la Banque mondiale. Le pays se classe à la 50ème place parmi les 189 pays et territoires évalués.
En se référant à l'Accord multilatéral de facilitation des échanges signé par les membres de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) en décembre dernier, Mme Aitzhanova a expliqué que « dès que le Kazakhstan deviendra membre de l'OMC, le gouvernement prendra les mesures nécessaires pour mettre en œuvre cet accord. » Mais elle précise aussi que le Kazakhstan travaille déjà sur l'amélioration de la transparence des réglementations et procédures douanières.
Gyan Chandra Acharya, Sous Secrétaire Général des Nations Unies et Haut Représentant pour les Pays les moins avancés, les Pays en développement sans littoral, et les Petits états insulaires en développement, a pour sa part expliqué que les PME ont besoin d'informations actualisées sur les manières d'exporter et de traverser les frontières, mais ces informations sont souvent difficiles à obtenir pour les pays en développement, surtout lorsque que les réglementations changent. Il a souligné en particulier la difficulté pour les exportateurs des pays sans littoral, dont les marchandises doivent d'abord transiter par les pays voisins pour parvenir sur des marchés plus grands. Par conséquent, les pays en développement sans littoral sont particulièrement concernés par l'amélioration des conditions de facilitation des échanges au niveau mondial. Pour M. Acharya, « les commissions exigées par les pays de transit doivent être proportionnelles aux services rendus ; les comportements de recherche de rente doivent cesser. »
Selon Zhu Gaozhang, Directeur du Contrôle et de la facilitation de l'Organisation mondiale des douanes (OMD), les PME sont sous-représentées dans les exportations, et ceci est souvent le fait des difficultés qu'elles rencontrent face aux procédures douanières non prévues. Par exemple, dans l'Est de l'Asie, les PME comptent pour la moitié des efforts économiques, mais ne représentent que 30 % des exportations.
Il a expliqué que « les PME n'ont pas les capacités suffisantes pour se frayer un chemin dans la complexité des procédures administratives et bureaucratiques ». Les organisations douanières jouent donc un rôle vital dans la mise en œuvre de l'Accord de facilitation des échanges de l'OMC. L'OMD a développé de nombreux outils et guides pour les organisations douanières nationales, y compris un guide sur les manières de mieux travailler avec les PME et de faciliter leur commerce.
Pour M. Zhu, « historiquement, l'OMD a travaillé avec les grandes sociétés, mais elle travaille a présent avec les PME, et elle examine les procédures douanières en se basant sur leur expérience. »
Selon Pelin Gunesoglu, Présidente pour l'Afrique de l'Ouest du Conseil turc des relations économiques internationales (DEİK - site Internet en anglais), et propriétaire de deux PME agroalimentaires qui emploient 150 salariés et fournissent plusieurs compagnies mutlinationales, il reste beaucoup de travail dans le domaine des simplifications douanières, en particulier dans la réduction du nombre de documents requis et l'assurance que les règles soient appliquées avec consistance. « Nous ne savons pas quelles taxes sont appliquées, ni pour quels produits »
Les PME doivent être davantage orientées vers les clients afin de maintenir des relations avec l'étranger. Pour Mme Gunessoglu, « il ne suffit pas de fournir le bon produit au bon prix, il faut aussi fournir le bon service. Le suivi des clients a fait toute la différence pour nous. »
Trouver les bons fournisseurs, et développer avec eux aussi des relations à long terme, est également un facteur majeur de la compétitivité. Son entreprise travaille avec 25 fournisseurs depuis les Amériques, l'Afrique, l'Europe, l'Extrême-Orient, ainsi que la Turquie. Elle exporte des fruits séchés et des produits fruitiers pour un montant de $E.-U. 30 millions par an. Mme Gunessoglu précise encore : « Nous pourrions facilement doubler notre rendement si nous trouvions plus de fournisseurs. »
L'augmentation des vols des compagnies aériennes turques vers l'Afrique a encore davantage stimulé la compétitivité à l'export de la Turquie. Mme Gunessoglu rapporte que le volume des échanges a augmenté de 70 %. « Il me faut les rencontrer, serrer leurs mains, et c'est comme ça que les affaires sont menées. »
Pour Thomas Sim, de la Fédération internationale des associations de transitaires et assimilés (FATIA), au sein de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE), le renforcement des capacités des fournisseurs de services logistiques dans les pays en développement est un facteur important qui contribue à la compétitivité à l'export des PME. M. Sim préside le groupe de travail de l'Organe consultatif pour la formation professionnelle (ABVT). Il explique que les transitaires peuvent jouer un rôle clef pour assister les PME en logistique. En effet, au contraire des grandes sociétés, celles-ci manquent souvent de personnel qualifié en logistique.
Pour résumer les discussions, Mme González a repris et souligné le besoin de réglementations douanières prédictibles et de mesures de facilitation des échanges afin de permettre aux PME de pénétrer le marché international. « Les règles ne suffisent pas si elles ne sont pas appliquées. » Elle a encore ajouté que les PME ont besoin de soutien pour comprendre les réglementations, obtenir l'accès aux financements et se conformer aux normes de qualité. Les gouvernements, les associations de commerce, et les organisations de développement comme l'ITC, doivent travailler ensemble afin de créer les conditions favorables qui permettront aux PME de naviguer à l'international à travers les frontières, qui sont aujourd'hui encore trop souvent imperméables.
Pour de plus amples informations, consultez le guide des affaires de l'ITC sur la mise en œuvre de l'Accord de facilitation des échanges de l'OMC.