Formaliser le commerce transfrontalier pour de meilleurs revenus
Amida Uwingabire – 34 ans, mère célibataire de Muyinga, Burundi – a parcouru un long chemin depuis l’époque où elle possédait quelque $10 en poche à la capitalisation des $13.000 sur son compte bancaire.
Tout a basculé lorsqu’Amida a choisi de formaliser ces activités.
« J’étais une commerçante clandestine, fraudeuse et considérée comme une «voleuse », sans numéro fiscal ou autre forme sans aucune déclaration,’ confie-t-elle. ‘Sortie de l’informel grâce à l’ITC, je suis fière d’opérer en toute légalité. A présent, c’est à mon tour de promouvoir les bénéfices du travail déclaré».
Grâce à des ateliers de formation menés par l’ITC et l’Association des femmes entrepreneurs du Burundi, Amida a acquis les connaissances et les compétences nécessaires à la formalisation de ses affaires.
Elle a découvert les avantages du travail déclaré, d’avoir un numéro d’identification fiscale (NIF), d’être inscrite au Registre du Commerce (RC) et de s’associer avec les autres femmes commerçantes. Elle a par ailleurs été formée sur les procédures et la taxation transfrontalières.
‘Je crois que du fait d’être une commerçante indépendante et officiellement reconnue, j’ai fait un pas de géant,’ poursuit-elle. ‘Je protège mes biens et je fais du commerce transfrontalier en toute transparence et désormais sans risques.’
Le secteur informel contribue à près de 55 % du produit intérieur brut de l’Afrique sub-saharienne et représente 80 % de la main d’œuvre, d’après la Banque africaine de développement. Sur le continent, neuf travailleurs sur dix ont des emplois informels.
Toutefois, les femmes – qui représentent la majorité de ces commerçants – sont exposées à des risques tels que l’extorsion ou le harcèlement verbal et physique. Pour les gouvernements, le commerce informel échappe à la fiscalité ainsi qu’aux réglementations en vigueur.
‘Je travaillais seule et je perdais énormément d’argent,’ confie Amida, qui jusque-là vendait des tomates. ‘Le pays perdait également de l’argent car il y avait de la corruption et je n’étais pas éclairée sur mes activités commerciales. Je fraudais en travaillant la nuit avec tous les risques encourus par une femme.’
Depuis son entrée dans le secteur formel, Amida vend des biens à plus haute valeur ajoutée, y compris des produits transformés et des vêtements, dans les pays voisins, à savoir l’Ouganda, le Rwanda et la République unie de Tanzanie.
Amida Uwingabire est l’une des centaines de commerçantes clandestines ayant participé à un projet développé par l’ITC pour les aider à se formaliser.
Dans le cadre du projet, des représentants d’associations de femmes ont participé à des foires internationales pour rencontrer des acheteurs potentiels, établir des relations d’affaires et vendre leurs produits.
Un groupe de femmes ont présenté leurs produits – y compris de la farine de manioc, de l’huile de palme, des sardines et des produits d’artisanat – à la foire internationale de Dar-es-Salaam l’été dernier. Elles ont effectué leurs premières ventes et ont établi près de 200 connexions pour des ventes à venir.
Bertha Matanwa et Olivetha Mvunyenge – membres de l’association des femmes de Manyovu – ont participé à la foire internationale. Par le biais de l’association, elles ont pu faire des affaires légalement et en toute transparence. Au moyen de la commercialisation collective, elles ont obtenu une licence de commerce de leur district. Elles peuvent désormais se conformer aux règles des échanges avec leur licence, un numéro d’identification fiscale et le certificat d’origine simplifié, sur base desquels elles peuvent effectuer les paiements nécessaires, y compris les taxes.
Suite à l’appui de l’ITC, les commerçantes ont bénéficié d’une réduction des coûts associés à la frontière, de gains plus élevés ainsi qu’une d’une meilleure capacité à gérer des transactions transfrontalières.
Par exemple, Akoth Josephine et Nabafu Zula, représentantes de l’Association des commerçantes transfrontalières de Busia en Ouganda, ont appris que pour être compétitifs sur les marchés locaux et régionaux, les produits doivent être présentés, libellés et emballés correctement, et comporter des informations sur les valeurs nutritives.
19 associations de femmes sont désormais à même de prester des services à la frontière. Ces associations ont permis aux commerçantes de partager leurs inquiétudes avec les agences et d’influencer les discussions politiques sur les échanges transfrontaliers.
‘Je veux faire connaître mon succès au Burundi pour que d’autres puissent suivre le pas,’ partage Amida. ‘J’ai nettement amélioré ma situation financière, mon travail et mon contexte de vie. Je continue à travailler dans le commerce.’
L’ITC cherche à étendre cette initiative à d’autres pays d’Afrique australe et orientale, y compris renforcer les capacités, accroître l’appui aux commerçantes, améliorer les relations avec les agences frontalières et créer des nouvelles opportunités de commerce à travers la région.