Rôle des femmes dans le commerce international
Autonomisation des femmes dans le commerce international C’était la grande question abordée lors d’une séance du Forum public de l’Organisation mondiale du commerce tenu le 27 septembre. Dans le but de réduire les inégalités entre les sexes et les inégalités économiques, condition préalable du Programme de développement durable à l'horizon 2030, les conférenciers ont abordé un grand nombre de questions sur le rôle de la femme dans le commerce, et en particulier l’Objectif de développement durable n°5, à savoir l’autonomisation des femmes et des filles.
Préparant le terrain, Susan Barton, Conseillère principale en politique commerciale et du genre au Ministère britannique pour le Développement international, a présenté le rapport publié la semaine dernière par le Groupe de haut niveau du Secrétaire général des Nations Unies sur l’autonomisation économique des femmes, qui a proposé des mesures pour favoriser une plus grande participation des femmes dans l’économie.
Mme Barton a déclaré, « L’atteinte des Objectifs mondiaux passe par l’autonomisation économique des femmes. Lorsque les femmes sont davantage autonomes sur le plan économique, la croissance est renforcée. Mais l’autonomisation économique des femmes traine par rapport à la croissance économique. Il reste encore beaucoup à faire. »
Les petites et moyennes entreprises (PME) génèrent environ 50 % du PIB mondial et 70 % d’emplois. Les fruits des échanges commerciaux en faveur des PME et des entreprises appartenant à des femmes sont considérables, et il en est de même des avantages engendrés pour l’économie dans son ensemble à la suite d’une participation active des PME et des femmes dans le commerce international. Selon les recherches réalisées par McKinsey, le cabinet de conseil, faire avancer l’égalité des genres pourrait ajouter $28 milliards au PIB mondial d’ici 2025, soit le PIB des États-Unis et de la Chine. Toutefois, selon les données de l’enquête de l'ITC à l’heure actuelle, les femmes dirigent seulement une entreprise d’exportation sur cinq.
Le public a eu l’occasion de découvrir comment les femmes et leurs communautés se dotent des capacités d’autonomisation, mais aussi de mieux comprendre les défis auxquels elles sont confrontées.
Rose Maghas, Directrice générale de GreenBell Communications, une entreprise kényane dirigée par une femme qui a remporté le concours destiné à développer une plate-forme numérique pour l’initiative SheTrades de l’ITC, a souligné que, alors que les défis à relever restent les mêmes pour elles qu'au temps de sa mère, les « interventions » actuelles favorisent davantage les femmes.
« Si personne ne s’était engagée en faveur de la présence des femmes dans le commerce, je ne serais pas ici aujourd’hui » a-t-elle confié au public. « Nous avons été capables de développer l’application SheTrades parce que nous avons bénéficié d’une formation, mais également parce que le processus d'octroi de marché était favorable aux femmes ».
Mme Maghas a également souligné que cette formation a permis à Greenbell d’exercer ses activités au-delà des frontières kényanes. Pour elle, « La participation à la formation en communication des marques a été très utile parce qu'elle permet de mieux comprendre la communication et le produit que l'oon offre ».
Défis fondamentaux
Par ailleurs, Sharlene Gawi, Directrice générale de l’Association de promotion des exportations de Bilum de Papouasie-Noouvelle Guinée, a indiqué que pour les tisserands traditionnels qu’elle représente, les difficultés sont profondes. « Alors qu’une moitié des femmes savent compter, l’autre moitié l’ignore. De même qu’un grand nombre ne peuvent simplement pas ouvrir un compte bancaire parce qu’elles ne connaissent pas leur date de naissance, ne possèdent pas d’acte de naissance », a-t-elle déclaré.
Mme Gawi a indiqué que son organisation forme des femmes à améliorer la qualité et la conception des sacs de bilum et d’autres articles tissés à la main. La production d’un article peut prendre un temps considérable parce que les femmes sont occupées à d’autres tâches ménagères.
En réponse, elle a déclaré former « des femmes pour leur entrée sur le marché ». « Avec le soutien de l’Australie et de l’ITC, nous avons identifié les produits bilum destinés à l’exportation et actuellement nous renforçons les capacités et nous désirons augmenter le volume de production nécessaire à l’exportation. »
Hamish McCormick, Ambassadeur et Représentant permanent de l’Australie auprès de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), s’est dit honoré de prendre connaissance des exemples pratiques de l’autonomisation économique des femmes.
« C'est une démonstration du caractère transversal des défis auxquels nous sommes confrontés et de la raison pour laquelle les solutions proposées doivent être également transversales », a-t-il expliqué. « En Australie, nous apprenons chaque jour comment améliorer nos approches pour mieux les adapter et les rendre plus efficaces, et une grande partie du plan d’aide australien se concentre désormais sur la question du genre ».
Problèmes de société
Mme Arancha Gonzàlez, Directrice exécutive de l'ITC, a déclaré : « Il existe une armée de femmes qui attend simplement de contribuer à l’économie. Les questions de genre ne portent pas uniquement sur les problèmes propres aux femmes, il s’agit des problèmes de société. »
Elle a souligné que même s’il faudra du temps pour atteindre l’autonomisation économique complète des femmes, des mesures doivent être prises immédiatement. « Nous pouvons modifier les lois et normes, » a-t-elle indiqué. « Plus de 90 % de pays ont adopté des lois interdisant la participation des femmes au commerce international. Soixante-dix pays empêchent les femmes de participer à l’économie dans des conditions d’égalité avec les hommes. »
Mme González pense également que les technologies vont établir de nouvelles règles de jeu, puisqu’elles permettent aux femmes de vendre leurs biens et services sans montrer leurs visages. Et d’ajouter, « Nous avons lancé l’initiative SheTrades pour garantir la visibilité des femmes et les connecter aux acheteurs. Nous étions fatigués d’entendre la question des acheteurs : où pourrait-on trouver toutes ces femmes ? ».
Ce point de vue était soutenu par Adriana Rodrigues, Chef d’entreprise, Apex-Brasil, qui a déclaré que l’autre énorme défi pour les femmes entrepreneurs était l’accès au financement. Elle a ajouté : « Au Brésil, les femmes entrepreneurs manquent de connaissances et la confiance nécessaires pour la gestion d'entreprise ; elles n’ont pas accès aux informations sur les exportations, il n’existe aucun accès spécifique pour les femmes au financement. Surmonter cet obstacle ferait une énorme différence pour des milliers de femmes entrepreneurs à travers le Brésil. »
La séance a été présidée par Xin Liu, Correspondant en Europe de CCTV, et soutenue par les gouvernements d’Australie et du Royaume-Uni.
Pour rester au courant des récentes informations sur le Forum public de l’OMC, Suivre l’ITC sur Facebook et Twitter toute la journée.