Jeunes et motivés : Tenter l’aventure entrepreunariale en Gambie
En Gambie, les jeunes préfèrent tenter leur chance chez eux plutôt que de partir à l’étranger, que ce soit dans les arts, l’agriculture, la technologie ou le tourisme. En effet, la jeunesse de Gambie – l’un des plus petits pays d’Afrique – a de grands rêves et est prête à tout pour les réaliser.« Les jeunes sont déterminés à réussir, à créer leur propre emploi et à contribuer au développement de notre pays », confie l’autoproclamée styliste rebelle Awah Conateh de Yaws Creations.
Pour Modou Lamin Fatty, aviculteur et étudiant en troisième année de l’Université de Gambie, l’agroalimentaire est le futur: « Peu de jeunes gens s’intéressent au secteur mais si vous voulez devenir millionnaire, l’agriculture est le moyen le plus rapide ».
L’architecte logiciel Hassan Jallow d’Assutech, qui a programmé son ordinateur de sorte qu’il réagisse aux commandes vocales, ajoute: « Si vous disposez de compétences dans ce secteur et que vous êtes brillant, vous ne manquerez jamais d’emploi ».
Betty Madeline Tebbs, une étudiante auprès du Gambia Tourism and Hospitality Institute explique qu’elle a acquis des compétences qui lui seront utiles au quotidien: « J’ai suivi une formation sur la manière de communiquer, parler et approcher les clients de manière agréable ».
Rétablir des liens
Il y a un an et demi de cela, la Gambie célébrait un nouveau gouvernement – élu démocratiquement – après 20 ans de dictature. Menée sous l’égide du Président Adama Barrow, cette transition pacifique a donné lieu à des réformes politiques et économiques et a facilité le rétablissement de liens avec le reste du monde.
Des milliers de personnes – les jeunes essentiellement – qui avaient fui le pays nourrissant l’espoir de trouver des emplois et des opportunités ailleurs, ont désormais une raison de rentrer chez eux.
De tous les groupes d’âge, les taux de chômage parmi les jeunes Gambiens de 15 à 24 ans sont les plus élevés – plus de 44 % – d’après la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique. La Banque mondiale affirme que le continent africain devra créer 450 millions d’emplois d’ici 2035 alors qu’il ne peut qu’en générer 100 millions à l’état actuel. Il est temps de passer à l’action.
Conjuguer les efforts
La création et la durabilité des changements positifs requièrent une vision commune des jeunes, du gouvernement, du secteur privé et de la société civile. En mai dernier, ces divers acteurs ont collaboré au lancement de la Feuille de route nationale pour la jeunesse et le commerce.
La feuille de route prévoit de lutter contre les causes fondamentales du chômage des jeunes et de lever les entraves à l’accès aux marchés compétitifs – à la base même des migrations irrégulières. Elle vise le développement de compétences – et la création d’emplois– pour les jeunes Gambiens et soutient le Plan national de développement, lequel cible les réformes économiques nécessaires à restaurer la croissance et la stabilité dans le pays.
« Mon gouvernement s’est pleinement engagé à mener et mettre en œuvre la feuille de route pour la jeunesse et le commerce afin de renverser la vague de migration des jeunes » , confie Mme Fatoumata Tambajang, l’ancienne Vice-présidente de la Gambie, lors du lancement de la Feuille de route.
Dans le cadre du programme Youth Empowerment Project (YEP) dédié à l’autonomisation économique des jeunes, le Centre du commerce international (ITC) soutient la mise en œuvre de la feuille de route, se concentrant essentiellement sur l’amélioration des compétences professionnelles des jeunes et la création de valeur dans les secteurs prioritaires suivants : les fruits à coques et l’agro-transformation ; les technologies de l’information et de la communication ; et le tourisme.
Lutter contre l’inadéquation des compétences
Indubitablement, l’un des défis les plus importants de la lutte contre le chômage est le contraste entre l’offre de services proposée par les demandeurs d’emploi et les besoins des employeurs. En d’autre termes, il existe une forte inadéquation des compétences vis-à-vis du marché de l’emploi. Ainsi, les jeunes doivent se doter des compétences correspondant aux emplois existants.
Selon une étude de l’ITC sur la compétitivité de la Gambie, près de 35 % des entreprises signalent de très faibles niveaux de compétences parmi les jeunes diplômés. Les lacunes sont particulièrement fortes parmi les jeunes formés dans l’enseignement technique et professionnel ainsi que dans les instituts de formation. Dès lors, renforcer les capacités de ces établissements, y compris dans les zones rurales, est une priorité.
A travers le programme YEP, financé par le fonds fiduciaire d’urgence pour l’Afrique, l’Union européenne travaille avec l’ITC pour dispenser des formations pratiques et des programmes de mentorat à l’attention des jeunes.
Dans ce contexte, 1250 jeunes Gambiens ont développé des compétences dans des secteurs tels que l’agroalimentaire, le tourisme, les technologies de l’information et de la communication, la mode et la construction. Les jeunes proposant des projets bancables ont reçu des fonds et des équipements pour lancer leur start-up.
En Gambie, les micros, petites et moyennes entreprises emploient 60 % de la main d’œuvre. Investir dans ces dernières peut les aider à devenir plus compétitives, à créer des emplois, augmenter leur revenus et générer de la croissance économique.
Un total de 250 entreprises dans les secteurs de l’agroalimentaire, des technologies de l’information et de la communication et du tourisme ont bénéficié de formations et de soutien pour optimiser leurs capacités de production, étoffer les connexions aux marchés et stimuler la qualité de leurs produits et services.
C’est la voie à suivre pour la jeunesse gambienne qui ne veut pas uniquement survivre mais prospérer.
Venez à la rencontre de Gambiens qui s’investissement dans l’autonomisation économique des jeunes à l’occasion de la tenue de l’événement phare de l’ITC, le Forum mondial pour le développement des exportations, à Lusaka, Zambie, les 11 et 12 septembre prochains :
- Momarr Mass Taal, jeune entrepreneur social et directeur général de Tropingo Foods
- Omar Jallow, fondateur de Green Hectares Farm, finaliste de la compétition des jeunes entrepreneurs.
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