Discours

Discours de la Directrice exécutive de l’ITC au forum Arab Africa Trade Bridges

18 janvier 2018
ITC Nouvelles
Discours prononcé par Mme Arancha González, Directrice exécutive de l'ITC, lors du forum Arab Africa Trade Bridges
Rabat - Maroc
Excellence M. Hani SONBOL, Directeur général de la Société internationale islamique de financement du commerce (ITFC),
Excellence, Dr Bandar bin Mohammed bin Hamza Asaad Al Hajjar, Président du Groupe de la Banque islamique de développement (Groupe BID),
Messieurs les ministres,
Messieurs les membres du corps diplomatique et représentants d’organisations internationales et régionales,
Excellences,
Distingués délégués,
Mesdames et Messieurs,


C’est un plaisir pour moi d’être de retour à Rabat et je tiens à remercier le Royaume du Maroc, le Groupe de la Banque islamique de développement et la Société internationale islamique de financement du commerce d’avoir invité l’ITC à participer au lancement de cette importante initiative.

Le renforcement des liens économiques entre les États arabes et les pays d’Afrique subsaharienne membres de l’Organisation de la conférence islamique est politiquement opportun, mais plus important encore, revêt un sens économique subtile.

L’Afrique est le marché de l’avenir. Elle est une plateforme d’innovation inexploitée. La fusion de ce facteur avec l’expertise, la demande et les opportunités de marché dans le monde arabe peut créer une nouvelle force économique puissante pour l’avenir.

Cette initiative permettra en partie de revitaliser les routes commerciales historiques qui relient les pays arabes à ce qui est aujourd’hui le Niger, le Mali, le Ghana, la Tanzanie, le Kenya et bien sûr le Maroc. Les caravanes qui traversaient le Sahara ne transportaient pas seulement des marchandises comme l’or, le sel et l’ivoire. Elles embarquaient également avec elles des idées fortes, une religion, une langue et des codes juridiques qui ont facilité la confiance à distance et le financement, améliorant davantage les échanges.

Aujourd’hui, le volume des échanges interrégionaux est relativement faible. Toutefois, une étude récente de l’ITC intitulée « Opportunités d’exportation du programme Arab-Africa Trade Bridge » a découvert un potentiel commercial inexploité et pourtant très accessible de plus de $20 milliards.

Les secteurs porteurs sont ceux de l’agriculture, l’agroalimentaire, les produits chimiques et les services. Ces opportunités présentes peuvent être saisies, mais les entreprises, les gouvernements et la communauté de l’Aide pour le commerce ont chacun un rôle à jouer dans la conversion de ces opportunités en transactions commerciales réelles.

Il existe également d’énormes possibilités d’investissement dans les deux sous-régions. L’investissement direct étranger (IDE) peut s’accompagner d’un accès aux chaînes d’approvisionnement internationales, à la technologie et au savoir-faire, et même aux infrastructures, avec des retombées positives pour les entreprises locales.

Nous devons changer de récit. Généralement, les routes transsahariennes font la une des journaux lorsqu’il est question d’insécurité régionale ou de migrants clandestins qui risquent leur vie pour se rendre en Europe. Arab-Africa Trade Bridge a le potentiel de changer cet état des choses, car l’intensification du commerce et des investissements dans ces régions entraînerait la croissance et la création d’emplois, en élargissant les aspirations économiques des populations croissantes de la Mauritanie au Golfe, en particulier des jeunes.

Une renaissance du commerce afro-arabe viendrait compléter la relance en cours d’une autre route commerciale ancienne : les routes de la soie qui relient la Chine au Moyen-Orient, à l'Europe et à l'Afrique. Dans le cadre de l’initiative « Une ceinture, une route » de Beijing, de nouvelles liaisons ferroviaires ainsi que des infrastructures routières et énergétiques ont déjà été construites en Asie centrale et s’étendent à l’Asie du Sud et au Moyen-Orient. Elles sont complétées par des investissements dans les infrastructures maritimes, de l’Afrique orientale à l’Asie du Sud-Est.

L'Arab-Africa Trade Bridge vise à relever les défis qui empêchent les entreprises de la région de tirer pleinement parti du potentiel commercial existant.

Selon l’ITFC, certains de ces défis découlent d’un manque d’informations relatives aux opportunités de marché, aux lois et réglementations commerciales et aux entreprises qui pourraient devenir des partenaires commerciaux. Un autre défi qu’elle détermine est l’insuffisance de la coopération entre les institutions liées au commerce.

Ces besoins correspondent bien au mandat de l’ITC visant à soutenir la participation des PME des pays en développement au commerce, raison pour laquelle nous sommes très enthousiastes à l’idée d’appuyer la mise en œuvre de cette initiative, en commençant par un protocole d’accord (MOU) avec l’ITFC.

Les PME emploient la grande majorité des travailleurs et, puisque les entreprises qui font du commerce ont tendance à être plus productives et payent des salaires plus élevés, l'accès d'un secteur des PME au marché international se traduit par une croissance inclusive.

De nombreux obstacles se dressent entre les PME et les marchés internationaux, en commençant par les difficultés d’accès aux informations commerciales, domaine dans lequel l’ITC dispose d'une suite d’outils en ligne gratuits pour faciliter l'accès des entreprises aux marchés.

Cependant, les PME ont besoin de plus que d’informations. Elles ont besoin d’un environnement politique favorable et d’un soutien institutionnel. C'est pourquoi la priorité doit être de soutenir les gouvernements dans l'instauration d'un climat d'affaires favorable au commerce, notamment par des réformes visant à améliorer la facilitation des échanges, et de travailler avec un vaste réseau d'institutions d'appui au commerce et à l'investissement pour leur permettre de mieux servir leurs clients.

Enfin, les PME doivent également être soutenues pour l’amélioration de leur compétitivité et la connexion aux chaînes de valeur. C’est cet appui que l’ITC apporte aux secteurs de l’agro-industrie, de la pêche et du cuir au Maroc ; aux entreprises du textile et de l’habillement en Tunisie ; aux producteurs de mangues d'Afrique occidentale et ; aux prestataires de technologies de l’information en Afrique orientale, pour ne citer que quelques exemples. En fin de cette semaine à Istanbul, lors de notre événement international annuel phare sur l’autonomisation économique des femmes, nous organiserons des sessions entreprise-à-entreprise au cours desquelles des relations seront établies avec toute la circonspection nécessaire entre des entreprises propriété des femmes dans les secteurs des technologies, du tourisme, du textile et de l’habillement et de potentiels grands acheteurs tels que Microsoft et General Electric.

Avant de conclure, je voudrais remercier le groupe de la Banque islamique de développement et l’ITFC pour leur coopération continue avec l’ITC. Ensemble, nous travaillons pour générer des retombées commerciales durables sur le terrain.

Permettez-moi de vous féliciter encore une fois d’avoir lancé cette initiative. Au Centre du commerce international, nous sommes déterminés à vous accompagner pour optimiser l'apport d’Arab-Africa Trade Bridge à une croissance inclusive et durable.

J’attends vos questions et contributions avec impatience.