De jeunes à jeunes : Se faire financer est possible !
Le Forum du commerce s'est entretenu avec trois jeunes chercheurs de l'Institut de hautes études internationales et du développement à Genève pour connaître les défis auxquels les jeunes sont confrontés lorsqu'ils essaient d'obtenir un appui financier.
Dans le cadre de sa collaboration avec l'Institut, au travers du projet Capstone, l'ITC a demandé à des étudiants ce qu'ils suggéreraient aux décideurs politiques et aux investisseurs de faire différemment pour que les jeunes aient une chance.
L'accès au financement est l'un des principaux obstacles auxquels les jeunes sont confrontés lorsqu'ils créent leur entreprise. Les prestataires financiers, tels que les banques, considèrent les start-up comme un investissement à haut risque. Pourtant, les jeunes entrepreneurs sont des moteurs essentiels de la croissance économique de tout pays. Il devrait être dans l'intérêt des gouvernements de promouvoir ces entreprises.
Le programme Jeunes et commerce de l'ITC relève ce défi. Sur la base des recherches et des données disponibles, son équipe nous a demandé de chercher des solutions qui pourraient aider les jeunes entrepreneurs, en mettant un accent particulier sur le Kenya, le Nigéria et les Philippines.
Nous nous sommes penchés sur trois domaines d'intérêt : l'identification des besoins financiers des jeunes entrepreneurs ainsi que des défis que ces jeunes et les prestataires financiers doivent relever dans les pays cibles ; l'examen des politiques d'inclusion des jeunes dans les pays qui ont réussi à accroître leur accès au financement ; et l'identification des interventions gouvernementales qui seraient réalisables et dans le meilleur intérêt de toutes les parties prenantes dans les pays cibles.
Pour couvrir tous ces aspects de notre recherche, nous avons mené 12 entretiens semi-structurés avec des entrepreneurs, des organisations d'appui aux entreprises, des investisseurs, des représentants des pouvoirs publics, des analystes de risques et un expert en accès au financement. Nous avons également utilisé des données provenant d'enquêtes menées par l'ITC et la Banque mondiale, et mené une analyse documentaire approfondie.
Comme les jeunes n'ont pas d'antécédents en matière de crédit, ne disposent pas de garanties et ont une expérience limitée des affaires, les prestataires financiers les considèrent comme un risque élevé, d'où leur hésitation à investir.
Les jeunes manquent également d'informations sur les possibilités de financement alternatives, tandis que les investisseurs manquent de connaissances sur les profils des jeunes entrepreneurs, leur secteur d'activité et leurs chances de réussite.
Même si les jeunes ont accès à des formations, cela ne se traduit pas forcément par l'obtention d'un financement, car la qualité de ces formations varie dans l'enseignement des compétences exigées par les prestataires financiers.
Les politiques existantes qui produisent de bons résultats impliquent généralement à la fois un volet éducatif pour les jeunes entrepreneurs et un volet d'incitation et de dé-risque (allègements fiscaux, garanties de prêt, subventions de prêt) pour convaincre le secteur privé.
Nous recommandons une solution sur trois axes : 1. diffuser l'information ; 2. identifier des formations et des programmes de mentorat de qualité ; et 3. dé-risquer et inciter à l'investissement.
Concrètement, il faudrait mener les actions suivantes :
1. Développer une plateforme d'information nationale, centralisée et à faible coût, à la disposition des entrepreneurs et des prestataires financiers. Cette plateforme servirait de base de données pour les possibilités de financement, et offrirait des possibilités de mentorat et de formation tout en recueillant des informations financières et commerciales essentielles sur l'entrepreneur. Cela permettrait de renforcer la crédibilité financière des jeunes entrepreneurs et d'accroître l'estime des prestataires financiers pour ces clients souvent parfaitement viables.
2. Établir un système de certification qui servirait de norme commune pour les programmes de formation et de mentorat afin d'aider les jeunes entrepreneurs et les prestataires de financement à identifier les formations de haute qualité. Ainsi, les prestataires de financement pourront être assurés que les jeunes ayant suivi ces programmes disposent bien des compétences adéquates.
3. Introduire des garanties de prêt pour les banques, des allègements fiscaux pour les investisseurs et des subventions de prêt pour les jeunes entrepreneurs afin d'encourager et de dé-risquer les investissements dans les entreprises de jeunes. Cela permettrait également d'attirer des fonds du secteur privé, ce qui est essentiel car son engagement joue un rôle crucial pour assurer la durabilité de cette stratégie.
Enfin, l'éligibilité au financement d'un jeune entrepreneur par les mécanismes de financement gouvernementaux serait conditionnée par ses résultats scolaires ou sa réussite dans les programmes de formation ou de mentorat certifiés. De même, l'éligibilité d'une banque à solliciter une garantie de prêt pourrait être conditionnée par le caractère du produit de prêt, selon s'il est favorable aux jeunes.
Pour toute question, n'hésitez pas à contacter les auteurs : %20aayushi.rawat [at] graduateinstitute.ch (Aayushi Rawat), %20franziska-sophie.heigel [at] graduateinstitute.ch (Franziska-Sophie Heigel) et %20ming.li [at] graduateinstitute.ch (Ming Li).