Comment user des marchés comme d'un partenariat et utiliser les trois dimensions du développement durable ?
J'aimerais remercier les organisateurs de ce panel pour leur invitation à joindre cette discussion fructueuse et favorable à la réflexion, au moment où nous essayons de définir les priorités du programme de l'après 2015.
Aujourd'hui encore, près de la moitié de la population mondiale subsiste avec moins de $E.-U. 2 par jour. Il est impossible de nier que la pauvreté est un phénomène mondial. Et nous connaissons déjà l'outil qui permet de s'attaquer à ce fléau : la croissance économique. Le problème est que nous ne savons pas nous en servir proprement, ou plus précisément, la question est de parvenir à générer une croissance économique équitable et durable, qui ne bénéficierait pas seulement à une petite portion de la population mondiale, mais à tout son ensemble, et en particulier aux communautés les plus démunies.
Pourquoi ?
Parce que nous ne donnons pas les moyens d'agir aux bonnes parties prenantes. Je pense que les petites et moyennes entreprises (PME) sont les laissées-pour-compte de notre économie, alors qu'à mon avis les PME pourraient être celles qui génèrent la croissance dont nous avons besoin. En conséquence, nous devons nous assurer que les marchés représentent des opportunités pour les PME, afin qu'elles acquièrent l'ampleur nécessaire pour devenir les partenaires fondamentaux du développement durable, et ce pour trois raisons.
1. D'abord, parce que les PME sont les agents essentiels de la croissance économique. Dans les pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (ODCE), les PME comptent pour 55 % du produit intérieur brut (PIB). Elles constituent une source importante d'innovation et grâce à leur petite taille se montrent parfaitement capables de s'adapter aux besoins du marché. Il faut cependant relever que les PME ne sont pas toute dans le secteur formel, quelques-unes d'entre elles, et jusqu'à 50 % dans les pays en développement, opérent dans le secteur informel. Un système de taxe juste et équitable sera essentiel pour réduire l'importance de ce volet informel. Les gouvernements devraient collaborer avec les PME afin de réduire les coûts et le poids des procédures pour rejoindre le secteur formel. Le secteur privé pourrait également contribuer en intégrant les PME dans les chaînes de valeur. De tels changements pourraient conduire à une meilleure stabilité sociale tout en générant des recettes fiscales qui pourraient être réinvesties dans la société.
2. Ensuite, parce que les PME constituent des vecteurs d'inclusion pour les femmes, les jeunes et les communautés les plus démunies. Dans les pays en développement, les PME comptent pour 60 à 70 % des emplois, et jusqu'à 97 % dans le cas de l'Indonésie. Elles sont donc une source majeure de création d'emplois, en particulier pour les travailleurs les moins qualifiés, le plus souvent des femmes et des jeunes, deux groupes de populations qui en général font face aux taux de chômage les plus élevés. Les jeunes et les femmes sont deux groupes qu'à l'ITC nous nous efforçons d'autonomiser, parce qu'il nous semble que c’est une décision économique judicieuse. En effet, l'autonomisation économique des femmes génère des emplois, mais conduit également à un développement durable dans la mesure où les femmes réinvestissent jusqu'à 90 % de leurs revenus dans leur famille et leur communauté. En conséquence, les PME permettent de sortir les plus vulnérables de la pauvreté tout en générant une croissance économique durable.
3. Dernier point, et pas le moindre, les PME sont cruciales pour garantir les bonnes pratiques en matière de réduction des risques liés aux changements climatiques, et l'utilisation des ressources de manière durable. Les PME représentent 95 % des entreprises, mais, à cause de leur petite taille, sont probablement peu concernées par leur impact sur l'environnement. Toutefois, prises ensembles, leur impact sur l'environnement n'est pas négligeable. En les aidant à se conformer aux normes environnementales, grâce à des formations et l'accès à l'information, les gouvernements et les entreprises pourraient aider les PME à intégrer une approche de développement durable dans leur processus de production.
En résumé, les PME sont dans une position où elles peuvent jouer un rôle bien plus important dans l'économie mondiale, avec le potentiel de stimuler la croissance économique, de réduire la pauvreté et de montrer la voie vers un développement durable. Seules, elles ne peuvent pas grand-chose. En revanche, en partenariat avec les gouvernements et les entreprises, elles pourraient faire beaucoup. Mais pour que ces partenariats deviennent une réalité, les PME doivent avoir voix au chapitre dans les prises de décision économique et politique. Aussi, les PME doivent faire intégralement partie du programme de développement de l'après 2015, être intégrées dans les Objectifs de développement durable (ODD), et considérées comme le cœur de toute stratégie de partenariat concernant le financement d'un développement à plus fort impact.