Récits

Combler le fossé entre l’humanitaire et le développement

13 février 2018
ITC Nouvelles
Renforcer de la résilience à travers des compétences et des emplois axés sur le marché pour les réfugiés et les migrants

La Directrice exécutive du Centre du commerce international (ITC), Arancha González, a appelé aujourd’hui la communauté internationale à éliminer les cloisonnements qui séparent l’aide humanitaire de l’aide au développement économique, afin d’assister les réfugiés et autres personnes déplacées à acquérir des compétences et des expériences monnayables qu’ils pourraient éventuellement rapporter chez eux ou dans leurs nouveaux pays.

Prenant la parole au ministère suédois des Affaires étrangères à Stockholm, elle a souligné que les causes des crises de réfugiés et de migrants en Méditerranée et ailleurs sont multiples. Pour de nombreux migrants en situation irrégulière, le manque de débouchés économiques dans leur pays d’origine est avant tout à l’origine de leur voyage potentiellement dangereux à l’étranger. L’aide d’urgence destinée à sauver des vies doit être soutenue par des mesures visant à développer une résilience économique et sociale durable, a-t-elle déclaré.

Le nombre de réfugiés, de demandeurs d’asile et de déplacées internes (qui se trouvent encore dans leur pays d’origine) à l’échelle mondiale est estimé à environ 60 millions, soit plus de la population italienne.

Accompagner l’aide humanitaire par une résilience économique Tout en présentant les moyens par lesquels les gouvernements, les agences internationales et les organisations non gouvernementales pourraient coopérer pour un maximum d’efficacité à long terme, Mme González a déclaré que « la réponse humanitaire passe clairement en premier. Nous devons éviter les conflits. Nous devons nous concentrer sur la nécessité de sauver des vies immédiatement menacées et de fournir aux populations touchées l’assistance dont elles ont besoin ».

« Cependant, une fois que les situations se prolongent, les moyens humanitaires traditionnels commencent à présenter de nombreuses limites », a-t-elle ajouté. Après la phase initiale de la crise, les moyens de subsistance, les sociétés et les économies doivent être reconstitués.

L’évolution de la situation des réfugiés exige une nouvelle approche, a-t-elle également suggéré. Avec le séjour moyen dans un camp de réfugiés qui s’étend aujourd’hui à 17 ans, refuser aux personnes le droit au travail ou les former pour des compétences dont la demande sur le marché est limitée nous met en face du risque de « créer des générations de personnes qui ignorent ce que signifie travailler pour gagner sa vie »Une demande du marché inquiétante La marche à suivre, selon Mme González, consiste à créer des possibilités de revenus axés sur le marché pour les différents groupes de personnes vulnérables, qu’il s’agisse des réfugiés et des déplacés internes, ou des migrants de retour, afin de leur permettre de développer des compétences utiles et d’obtenir des moyens de subsistance décents. L’évolutivité et la durabilité dépendent de l’équilibre entre la demande du marché et le potentiel productif des bénéficiaires. Pour parvenir à un tel équilibre, il est nécessaire qu’en retour les acteurs internationaux et nationaux comblent le fossé traditionnel entre « l’humanitaire et le développement ».

Elle a évoqué les interventions de l’ITC en collaboration avec le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC) visant à démontrer la capacité du commerce à augmenter les moyens de subsistance durables, même dans les situations de déplacement.

En Turquie et au Liban, par exemple, les bilans de compétences et les analyses de marché de l’ITC font état de ce que le développement des secteurs de la décoration intérieure, de l’ameublement et de la moquette pourrait générer des opportunités économiques axées sur l’exportation tant pour les populations locales que pour les réfugiés qui ont fui la guerre civile en Syrie voisine.

Dans le camp de Dadaab, au Kenya et pour le compte des réfugiés originaires de la Somalie voisine, l’ITC et le NRC mettent en œuvre un projet pilote qui donne la possibilité aux habitants d’un camp établi depuis 24 ans d’obtenir des emplois sur Internet, notamment la saisie de données de base, l’identification par photo et le formatage de documents, pour les entreprises basées à Nairobi et officiant dans le secteur de l’externalisation des processus d’affaires. « Les petits-enfants des éleveurs de chèvres somaliens qui ont fui les violences dans leur pays peuvent avoir une chance de prospérer dans l’économie numérique », a-t-elle déclaré.

Mme González a souligné l’importance tant politique que morale de créer des opportunités pour les ressortissants de la communauté d’accueil et des personnes déplacées, à travers le renforcement de la compétitivité internationale des entreprises et des entrepreneurs locaux.

En outre, la directrice de l’ITC a appelé à s’attaquer aux « causes socio-économiques profondes » de la migration économique, étant donné que de nombreux migrants clandestins quittent leur pays d’origine simplement « parce qu’ils ne peuvent pas y gagner leur vie convenablement ». Des interventions ciblées peuvent ouvrir la voie à des possibilités de création d’entreprises et accroître la compétitivité des petites et moyennes entreprises (PME), en incitant davantage de potentiels migrants ou des migrants de retour à rester chez eux. Elle a relevé les interventions continues de l’ITC visant à stimuler la croissance des emplois axés sur le commerce dans les pays sortant d’un conflit, et plus récemment, en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone affectés par Ébola.

En affirmant que « la mobilité est inhérente à l’être humain », Mme González a reconnu que le développement socio-économique ne mettra pas complètement fin aux migrations clandestines vers les pays plus développés,

« Mais nous pouvons et devons remédier aux causes qui poussent des millions de personnes à risquer leur vie et celle de leurs enfants à la recherche de moyens de subsistance », a-t-elle conclu. Lire la totalité du discours d’Arancha González

Lire la totalité du discours d’Arancha González.