Le 31 décembre 2004, l'Accord sur les textiles et les vêtements
(ATV) prendra fin, et avec lui le système de contingents régissant
le commerce international des textiles et vêtements, qui va ainsi
subir un changement fondamental. D'ici à 2005, le secteur sera
pleinement intégré à l'Accord général sur les tarifs douaniers et
le commerce (GATT) et tous les contingents auront disparu.
Seuls les droits de douane devraient demeurer comme mécanisme
d'entrée sur les marchés. En outre, les membres de l'OMC
discuteront des réductions tarifaires et des manières de diminuer
les crêtes tarifaires, les droits élevés et la progressivité des
droits de douane dans le cadre du Programme de Doha pour le
développement. Un marché habituellement caractérisé par des
avantages comparatifs artificiels et l'encadrement des échanges va
s'aligner lorsque les forces du marché deviendront le déterminant
dominant dans le secteur. Un glissement dans les principes
essentiels du marché va considérablement affecter les exportations
de nombreux pays en développement et en transition, où les revenus
nationaux dépendent dans une large mesure de l'exportation de
vêtements.
Des pays tels que le Cambodge, le Bangladesh et le Népal, avec une
part des exportations de vêtements de 85%, 75% et 40%,
respectivement, des exportations totales de marchandises, doivent
s'efforcer de conserver au moins une partie de leurs marchés
actuels s'ils ne veulent pas déplorer une augmentation du chômage
et de la pauvreté. En fait, les pays en développement risquent de
grosses pertes avec la libéralisation finale du commerce des
textiles et des vêtements, à moins d'être bien préparés aux
changements attendus dans cette activité et sur les marchés. Au
lieu de gagner de nouveaux marchés d'exportation, comme ils
l'espéraient à la suite des négociations du Cycle d'Uruguay,
nombreux sont les pays qui pourraient perdre leurs marchés actuels.
Ces pertes pourraient bien ruiner les engagements concernant le
Programme de Doha pour le développement. Les pays et les
entreprises doivent se préparer à une nouvelle réalité dans le
commerce des textiles et des vêtements.
Les gagnants et les perdants
Alors que personne ne peut donner une image précise du marché
mondial des textiles et des vêtements après 2004, certains
indicateurs désignent ceux qui vont y perdre et ceux qui vont y
gagner avec la suppression des contingents. Les trois indicateurs
principaux sont les suivants.
- Utiliser les contingents. Les pays
qui font pleinement usage des contingents jusqu'en 2005 vont
probablement augmenter leurs exportations après cette date. Ceux
qui ont de la peine à remplir les contingents actuels ne
bénéficieront certainement pas de l'ouverture des marchés. Le
contrôle du rendement des contingents est donc essentiel. Comme
seuls le Canada, l'Union européenne (UE) et les États-Unis
continuent à imposer des contingents - 1007 à eux trois -, c'est
une tâche à laquelle il faut s'atteler.
- Exploiter les catégories
libéralisées. Les changements qui découlent de la
libéralisation de certaines catégories de produits, qui ont suivi
la troisième phase de l'ATV, en janvier 2002, donne une idée des
développements possibles. À ce moment-là, les États-Unis ont
intégré sept catégories de produits aux accords de l'OMC,
abolissant ainsi des contingents, ce qui a énormément modifié les
flux commerciaux. Dans toutes les catégories exemptes de
contingents, la Chine a considérablement augmenté ses exportations
vers le marché américain, parfois même de plusieurs centaines de
pour-cent. Tandis que certains pays accroissaient leurs
exportations dans certaines catégories, seule la Chine l'a fait sur
toute la ligne, principalement au détriment des pays d'Amérique
centrale et des Caraïbes et de quelques autres petits producteurs
qui ont perdu leur part de marché.
- Masse critique d'exportations. Les
pays en développement qui se situent en dessous des contingents
vont subir une forte concurrence, qu'ils n'ont jamais connue
auparavant. Pour ceux qui n'exportent habituellement pas de grandes
quantités, cela va devenir plus difficile de pénétrer ou de rester
sur les marchés mondiaux, la masse critique devenant déterminante.
Les principaux acheteurs internationaux ne vont probablement pas
s'approvisionner dans un pays où quelques entreprises seulement se
trouvent sur le marché mondial.
Les défis de la nouvelle donne commerciale
À mesure que le secteur des textiles et vêtements s'intègre au
GATT, les premiers pays et compagnies à s'adapter aux difficultés
de ce nouveau marché seront en meilleure position. La performance
économique pure et la bonne gestion des avantages compétitifs
compteront plus que jamais. Les principales caractéristiques de ce
nouveau marché sont décrites ci-dessous.
Des marchés croissent
Le commerce ne sera plus régulé par les restrictions quantitatives.
En conséquence, il restera à conquérir un marché vaste et en
croissance. Tandis que la concurrence va s'intensifier et les taux
de croissance pourraient ralentir en Europe, aux États-Unis et au
Japon, de nouveaux marchés émergent dans les pays du Sud-Est
asiatique à hauts revenus ainsi que dans certains pays en
développement à revenus élevés et moyens. Ces marchés naissants
vont devenir des cibles de choix pour les futurs producteurs de
vêtements.
Des marchés disparaissent
À court ou moyen terme, l'Europe et l'Amérique du Nord
vont demeurer les marchés les plus importants pour l'habillement,
attirant les deux tiers des importations mondiales de vêtements.
Cependant, avec l'élimination des contingents, beaucoup de petits
pays vont perdre des marchés assurés. Des études faites par le
Département du commerce américain pour son «Congressional Textile
Caucus» ont montré que les principaux acheteurs vont diminuer de
moitié le nombre de pays où ils s'approvisionnent d'ici à
2005-2006, et d'un autre tiers d'ici à 2010. Il s'agit donc de
rester une source importante pour ces acheteurs.
Les prix baissent
Les prix américains des textiles et des vêtements à l'importation
n'ont pas cessé de chuter depuis 1996, tout comme en Europe, au
Japon et sur de nombreux autres marchés. Dans un marché libéralisé
et suralimenté, cette tendance va probablement continuer,
entraînant potentiellement une détérioration des termes de
l'échange pour les pays en développement.
Un patchwork d'accords
En réaction à l'ATV, les principaux pays acheteurs ont
accordé des concessions spéciales qui octroient à certains pays des
avantages comparatifs. Cette tendance a entraîné la régionalisation
du commerce des textiles et vêtements, de même qu'un patchwork
complexe d'accords commerciaux internationaux. Cela rend difficile
pour les PME exportatrices d'habits des pays en développement de
mesurer leur compétitivité par rapport à celle de leurs gros
concurrents. Avec la suppression des contingents, les concessions
peuvent être plus nombreuses qu'avant, ce qui rend le commerce
encore plus compliqué.
Droits antidumping et compensateurs
Il va probablement y avoir un recours accru aux droits
antidumping et compensateurs, ce qui va mettre en sérieux danger
les exportateurs prospères des pays en développement. L'usage de
mesures antidumping pourrait diminuer drastiquement les avantages
de la libéralisation, car elles sont opaques et imprévisibles. La
seule annonce de possibles enquêtes antidumping pourrait faire
hésiter les acheteurs à passer des commandes d'exportation, car
cela fait régner l'incertitude quant aux droits antidumping et
entraîne un effet de «refroidissement des marchés».
Alors que les pays en développement et les experts expriment leurs
craintes, les lobbyistes américains et européens en réclament
l'usage explicite, car ils pensent que de nombreux produits font
l'objet de dumping sur les marchés. Des études ont été faites sur
des cas où l'antidumping a affecté les exportations de textiles et
vêtements des pays en développement; pour les lire, vous pouvez
consulter le site internet du Bureau international des textiles et
des vêtements (BITV) (
http://www.itcb.org).
Contrôle douanier accru
Les fabricants de textiles et vêtements sont sujets à des contrôles
douaniers aléatoires, pour vérifier si des activités de
réexpédition n'ont pas lieu. Si une compagnie ne peut pas produire
l'information requise, les services douaniers vont automatiquement
interdire à cette compagnie d'exporter vers les États-Unis ou l'UE.
Il faut s'attendre à ce que les «visites de vérification des
produits» vont augmenter. De plus, les importations sont l'objet
d'exigences de plus en plus sévères concernant la sécurité depuis
le 11 septembre 2001, qui ont des incidences négatives pour les
exportations des pays en développement.
Des normes éthiques apparaissent
Il existe sur les marchés une préoccupation répandue
concernant le travail des enfants. En Occident, les ONG, les médias
et les syndicats défendent, pour l'habillement, des sources
d'approvisionnement sweatshop-free (libres d'exploitation) et
sensibilisent les grands groupes de consommateurs. Ils font
pression sur les acheteurs internationaux pour que leurs sources
d'approvisionnement soient «éthiquement correctes». Et les
principaux acheteurs et détaillants ont répondu à ces pressions en
introduisant des codes de conduite pour les entreprises. Ces normes
d'approvisionnement éthique sont appliquées à tous leurs fabricants
dans les pays en développement, et même aux sous-traitants. De gros
acheteurs internationaux appliquent strictement ces règles, car ils
ne peuvent pas se permettre une publicité négative.
L'éco-étiquetage est-il une nouvelle entrave?
Les fabricants de textiles et vêtements des pays en
développement doivent s'adapter constamment aux exigences
d'éco-étiquetage. L'éco-étiquetage sert principalement d'instrument
de marketing, et les produits répondant à ces critères sont
destinés à des marchés de niche. Toutefois, il est préoccupant de
savoir que l'accès aux marchés des pays industrialisés serait
sérieusement réduit en raison du boycott des consommateurs si les
produits ne portent pas le label et d'une publicité agressive des
industries nationales protectionnistes. Surtout, plus de
transparence est nécessaire pour que l'éco-étiquetage ne se
transforme pas en un nouvel obstacle à l'accès aux marchés.
Se préparer pour les nouveaux marchés
Il est possible que les changements qui surviendront dans le
secteur des textiles et des vêtements engendreront plus de dangers
et de difficultés que de nouveaux débouchés, en particulier pour
les exportateurs des économies en développement et en transition.
Une préparation complète est incontournable pour pouvoir gérer les
risques et prendre des mesures pour assurer les marchés actuels ou
de nouveaux marchés.
- Élaborer un plan d'action. Les pays
doivent développer une approche stratégique pour affronter les
problèmes mis en évidence. Un partenariat entre les secteurs public
et privé est crucial pour élaborer des réponses efficaces. Alors
que les pouvoirs publics doivent créer un environnement propice, il
faut que les milieux économiques préparent l'approvisionnement dont
les marchés ont besoin. Ensemble, ils doivent élaborer un système
de contrôle pour le commerce des textiles et vêtements qui soit au
diapason des changements de la situation économique. Pour rester
une source d'approvisionnement intéressante pour les acheteurs
internationaux, il faut constituer une «masse critique nationale»,
et aucune entreprise ne peut tenir ce rôle à elle seule.
- Défendre les intérêts des
entreprises. La suppression des contingents de
textiles et vêtements doit être considérée à la lumière du
Programme de Doha pour le développement. Les membres de l'OMC
doivent conclure ce cycle au moment même où les contingents
disparaissent. Le Cycle d'Uruguay et la mise en place de l'ATV ont
démontré que les entreprises productrices de textiles et vêtements
doivent jouer un rôle actif et faire part de leurs opinions et de
leurs préoccupations aux autorités, de sorte que, lors des
négociations, les délégués servent leurs intérêts. Quand les
contingents auront disparus, les pays devront s'assurer que
d'autres entraves ne viendront pas les remplacer. En outre, les
économies en transition nouvelles venues dans l'OMC et les pays en
développement doivent faire en sorte que les partenariats
public-privé soient en place pour le Programme de Doha pour le
développement s'ils veulent éviter les déceptions liées à
l'ATV.
- Renforcer les associations
sectorielles. À l'approche de 2005, l'appui aux
cadres intermédiaires va devenir toujours plus important. Malgré la
suppression des contingents, le commerce des textiles et vêtements
va devenir complexe et malaisé. Pour garantir des réponses
pratiques, les associations de fabricants de textiles et vêtements,
en accord avec les gouvernements, devront assumer plus de
responsabilités: respecter les normes sur le travail, se charger de
l'administration des contingents et gérer les entrepôts en
douane.
- Comprendre la concurrence. Les
entreprises doivent développer des mécanismes pour comparer leurs
résultats avec ceux de leurs concurrents étrangers. Une des
difficultés avec le régime des contingents est que les fabricants
ne peuvent faire aucune comparaison avec la concurrence. De
nombreuses entreprises - en particulier les PME des pays en
développement - n'arrivent pas à évaluer quel sera leur niveau de
compétitivité dans un monde exempt de contingents.
- Développer des stratégies
d'approvisionnement. Une meilleure gestion de la
chaîne de valeur peut diminuer les coûts et augmenter la
flexibilité. Une large base d'approvisionnement permet d'accroître
la flexibilité lorsqu'il s'agit d'acquérir les tissus au moindre
coût avec la qualité et les caractéristiques que l'acheteur désire.
Cette flexibilité sera un facteur de compétitivité essentiel à
l'avenir. En optimisant la chaîne logistique, les délais seront
raccourcis. Bien que les décisions d'approvisionnement sont de
l'ordre de la microéconomie, les gouvernements peuvent faciliter
l'approvisionnement en soutenant les initiatives d'échanges
régionaux. La coopération régionale en vue de fortifier la chaîne
de l'approvisionnement crée deux avantages distincts: d'une part,
l'approvisionnement régional permet de raccourcir les délais de
livraison et, d'autre part, une telle coopération permet aux pays
de tirer le meilleur parti des systèmes d'accès préférentiel aux
marchés, qui accordent maintenant la priorité à des groupements de
pays ou régionaux. Certains pays en développement ont cherché à
mettre sur pied leur propre industrie textile grâce à l'intégration
en amont plutôt qu'à améliorer la gestion de la chaîne de valeur;
cette aspiration semble irréaliste au moment où l'investissement
dans de nouvelles activités textiles nationales est
hypothétique.
- Accroître la productivité.
L'investissement dans le capital humain et l'équipement peut
augmenter la productivité et entraîner une diminution des coûts et
des prix. Les projets et les institutions de formation qui existent
dans de nombreux pays en développement producteurs de textiles et
vêtements doivent renforcer leurs capacités à former afin
d'améliorer les compétences humaines.
- Développer de nouveaux produits et de nouveaux
marchés. Il vaudrait mieux éviter les marchés de
masse et cibler les marchés de niche avec des produits à valeur
ajoutée. Tout le monde veut vendre des T-shirts aux États-Unis, qui
représentent un marché vaste et «facile». Cependant, sur de tels
marchés la concurrence est forte et les prix bas. Pour contrer
cela, il faut mettre en valeur les compétences liées à la création
et à la mode, en vue de viser des marchés de niche avec des
produits à forte valeur ajoutée.
- Développer des applications
électroniques. Les applications électroniques peuvent
servir non seulement pour la vente, mais aussi pour échanger de
l'information au sein de réseaux électroniques à tous les stades de
la chaîne logistique. Les applications électroniques facilitent la
gestion de l'approvisionnement et de la chaîne logistique, la
planification de la production, la conception et l'intégration en
aval, y compris la vente électronique. L'objectif principal de
l'application électronique est d'augmenter la flexibilité et de
raccourcir la chaîne de valeur dans son ensemble, diminuant ainsi
les délais. Adopter des applications électroniques met en valeur la
compétitivité de l'entreprise et son désir de suivre la
demande.
L'aide du CCI
Pour résoudre ces nouveaux problèmes, le CCI a reformulé son
assistance technique au secteur des textiles et vêtements. Lors
d'une réunion d'experts durant le Forum exécutif 2002, des
industriels et des délégués gouvernementaux de quelques pays en
développement producteurs de textiles et vêtements s'accordaient à
dire que les difficultés du secteur devaient être traitées de toute
urgence si l'on voulait soutenir les exportations à venir, en
particulier celles des PMA et des plus petits pays en
développement. Ils suggérèrent des solutions possibles, rapportées
dans le présent article, qui forment la nouvelle approche du CCI en
ce qui concerne ce secteur. Le CCI suit donc une approche
sectorielle globale, comme l'ont demandé les fabricants de textiles
et vêtements des pays en développement qui désirent poursuivre
leurs activités au-delà de 2005.
La nouvelle approche comprendra des réunions d'information sur la
suppression du système des contingents et les difficultés
inhérentes à la concurrence qui s'ensuivront, en combinaison avec
un programme plus large de services de conseil et de formation sur
la compétitivité du secteur. Le CCI apportera son aide pour des
plans d'action propres aux pays en développement, selon l'approche
de la chaîne de valeur. Les pays peuvent appliquer ces plans
d'action seuls ou dans le cadre de projets d'assistance technique.
Les plans d'action devront inclure des évaluations comparatives des
résultats par rapport au marché, des solutions pour
l'approvisionnement et la chaîne logistique, des mesures pour
développer le marché et des actions pour augmenter la productivité
et développer les compétences liées à la création et à la mode,
ainsi que des applications électroniques adaptées.
Pour aider les PME de la branche de l'habillement à comparer leur
performance compétitive avec celles des autres firmes, le CCI
propose un outil d'évaluation comparative en ligne, THE FIT. Cet
outil compare les résultats d'une entreprise par rapport à un
échantillon de firmes nationales et internationales, de façon
confidentielle. En détectant leurs forces et leurs faiblesses
relatives, THE FIT aide les entreprises à classer par priorité les
domaines où elles doivent améliorer leur compétitivité.
En 2002, le CCI a été présent au Cambodge, au Lesotho, au Malawi et
au Népal, pour élaborer des plans d'action nationaux. Ces derniers
furent conçus en partenariat avec les parties prenantes nationales
des secteurs public et privé. Ces plans d'actions sont prêts à être
appliqués et les pays cherchent à présent des partenaires de
développement intéressés à financer ces activités.
En 2003, le CCI aidera Cuba, El Salvador, le Kenya, Madagascar et
le Mozambique à élaborer leurs plans d'action nationaux
respectifs.
Le facteur chinois
En décembre 2001, la Chine est devenue membre de l'OMC, ce qui lui
apporte différents avantages, parmi lesquels la suppression des
contingents en 2005, les augmentations automatiques des contingents
comme stipulé dans l'ATV et les dispositions relatives à la
majoration du coefficient de croissance par lesquelles, selon l'ATV
et en tant que nouveau membre de l'OMC, le pays jouit des mêmes
avantages que les autres membres au cours des sept années
précédentes.
Ces changements ont eu d'énormes incidences sur les résultats de la
Chine dans les grands marchés d'importation. Ainsi, les
importations américaines de textiles et vêtements chinois ont
augmenté de 125% en 2002, tendance qui s'est confirmée au cours du
premier trimestre de 2003. Durant la même période, les exportations
d'habits ont augmenté de 60%. Les exportateurs chinois ont baissé
leurs prix afin de conquérir une plus grande part du marché. Ils
ont pu le faire notamment parce que les rentes de contingentement
ont été diminuées et que les entreprises chinoises ont augmenté
leur productivité grâce à des investissements élevés dans le
renouvellement des machines et les nouvelles technologies.
Les effets d'une forte croissance des exportations chinoises se
font déjà sentir sur le marché japonais exempt de contingents. En
2001, le Japon a importé plus de deux tiers de ses besoins en
vêtements de la Chine, une hausse de 66% en dix ans. Si le cas du
Japon se répète sur d'autres marchés, cela occasionnerait de gros
soucis pour de nombreux pays exportateurs, surtout s'ils sont
petits.
Beaucoup de fabricants de vêtements des pays en développement se
demandent si les États-Unis et l'Union européenne (UE) peuvent
réintroduire des contingents pour les exportations chinoises de
textiles et vêtements, ce qui est possible selon le protocole
d'accession de la Chine à l'OMC. Les membres de l'OMC peuvent
introduire des mesures transitoires de sauvegarde, spécifiquement
en ce qui concerne les importations chinoises de textiles et
vêtements, jusqu'au 31 décembre 2008 si ces importations «menacent
d'empêcher le développement régulier du commerce de ces produits».
Aucune notification de l'OMC n'est nécessaire dans ce cas. De plus,
les membres peuvent introduire des mesures de sauvegarde par
produit (y compris les textiles et vêtements) jusqu'en décembre
2013, en cas de perturbations sur les marchés. Toutefois, si tel
est le cas, ils doivent le notifier au Comité des sauvegardes de
l'OMC et parvenir à un accord avec la Chine. Une telle hypothèse
est néanmoins dangereuse, cela pour deux raisons. D'une part, les
principaux pays importateurs vont utiliser les mesures de
sauvegarde plutôt pour protéger leur industrie nationale que pour
défendre les producteurs des pays en développement. D'autre part,
la Chine pourrait envisager des représailles si l'UE et les
États-Unis réintroduisent des contingents. Les pays vont réfléchir
à deux fois avant de mettre en péril leurs débouchés à
l'exportation dans le vaste marché que représente la Chine.
Pour plus d'information sur l'action du CCI dans le domaine des
textiles et vêtements, veuillez contacter Matthias Knappe,
Administrateur principal en développement des marchés du CCI (knappe@intracen.org).