La définition générale des neps est la suivante «masse de fibres irrémédiablement emmêlée» (voir figure 2.15). L’aspect des neps courants sur les fils et les tissus est représenté à la figure 2.16. Les neps peuvent être classés en «neps de fragments de coque» – un fragment de coque est attaché aux fibres (voir figure 2.17) – et en «neps brillants» – qui consistent en des fibres mortes dont la teneur en cellulose est insuffisante pour absorber la teinture (voir figure 2.18). Si des neps se trouvent dans le fil, il est fort probable qu’ils se retrouvent dans le tissu. En règle générale, au-delà d’un seuil relativement bas, la présence de neps fait que le tissu ne pourra pas être utilisé pour la fabrication de produits textiles de grande valeur.
Le coton non transformé peut contenir une portion infime de neps, mais l’essentiel des neps est causé par la manutention et la transformation. La quasi-totalité des procédés mécaniques utilisés peut entraîner la formation de neps, mais c’est à la récolte, à l’égrenage et à l’ouverture/nettoyage en filature qu’ils apparaissent le plus fréquemment. Dans la filature, il n’y a que deux endroits où les neps peuvent être retirés des fibres de coton : dans la carde et dans la peigneuse. Si le coton n’est pas peigné, seule la carde pourra être utilisée pour retirer les neps. Si le coton n’est pas peigné, seule la carde pourra être utilisée pour retirer les neps. Une carde dernier cri correctement ajustée peut retirer jusqu’à 90% des neps qui passent dans la machine. Ainsi, si le coton amené dans la carde présente 200 neps/gramme, alors le coton qui en sort peut, dans le meilleur des cas, contenir environ 20 neps/gramme. Ces 20 neps/gramme sont un seuil au-delà duquel l’utilité des fibres pour la fabrication de produits textiles de grande qualité diminue.
Si les procédés mécaniques sont la principale cause de formation de neps, certaines fibres de coton sont davantage prédisposées à former des neps que d’autres. En d’autres termes, il existe une interaction non négligeable entre certaines propriétés de la fibre et les procédés mécaniques pour ce qui est de la formation des neps. La propension à former des neps a tendance à augmenter à mesure que diminue le périmètre et la maturité des fibres, à mesure qu’augmente la longueur des fibres, que la teneur en eau soit très élevée ou très basse. Qui plus est, plus la charge est importante, plus les fibres doivent être nettoyées, ce qui entraîne la formation de davantage de neps.
Fibres courtes
Traditionnellement, les «fibres courtes» s’entendent des fibres de moins de ½". Il est cependant apparu depuis longtemps que cette définition était erronée. La plupart des systèmes de filature peuvent être ajustés pour tenir compte de la «teneur en fibres courtes dominantes» – pour ainsi dire synonyme de «longueur des fibres» – du coton. Si les fibres sont relativement longues, alors le seuil critique pour définir les fibres courtes peut être supérieur à ½". Si les fibres sont courtes, alors le seuil critique pour définir les fibres courtes peut être inférieur à ½".
La fréquence de répartition des longueurs pour deux cotons différents, obtenue par AFIS®, est donnée à la figure 2.19. Si la longueur moyenne des deux cotons est, à peu de choses près, la même, l’échantillon A présente une quantité plus importante de fibres courtes que l’échantillon B (comme le montre la portion grisée à la figure 2.19). Ces fibres plus courtes ont une incidence néfaste sur les propriétés désirables du fil (résistance et allongement, par exemple) et une incidence positive sur les propriétés indésirables du fil (% du CV, bourrelets ou portions minces et ébouriffage, par exemple).
Après tout, l’essentiel est de disposer d’informations sur la répartition totale des longueurs du coton filé. Il ne fait aucun doute que, indépendamment de la longueur des fibres de coton, plus la longueur est uniforme, meilleur sera le comportement du coton en filature. Qui plus est, même une légère augmentation du nombre de fibres très courtes (moins de ¼") risque selon toute vraisemblance de nuire aux performances en filature et à la qualité du fil. Tout cela est valable que la mauvaise répartition des longueurs soit due à des facteurs génétiques ou à la casse des fibres à la récolte, à l’égrenage, ou à la transformation en textiles.
Le lecteur aura peut-être déjà constaté qu’il existe très probablement un lien direct élevé entre la présence de fibres courtes et la formation de neps, les fibres courtes entraînant (comme cela a été dit dans la section précédente) une plus grande propension à la formation de neps. Et cela est vrai, la plupart des propriétés des fibres qui ont tendance à entraîner une augmentation de la quantité de neps ont aussi tendance à entraîner une augmentation du nombre de fibres courtes.
- Non seulement les fibres immatures s’emmêlent facilement pour former des neps, mais elles cassent tout aussi facilement lorsqu’elles sont soumises à une forme quelconque de contrainte mécanique. Et cela aussi favorise la création de neps.
- Les fibres longues et fines risquent davantage de casser que les fibres courtes et grossières lorsqu’elles sont transformées à grande vitesse. (Il est courant de ralentir le rythme des machines lorsqu’elles traitent des fibres courtes et grossières.) L’augmentation de la fréquence des casses peut être la cause première de l’apparition de neps dans les fibres longues et fines.
- Les fibres qui présentent une très faible teneur en eau risquent beaucoup plus de casser, puis de former des neps.
- Les fibres qui présentent une charge élevée doivent être nettoyées avec plus de vigueur, ce qui signifie davantage de casses et, par voie de conséquence, davantage de neps.