Vendre une histoire et offrir un rêve
Comment les petites entreprises des petits États insulaires en développement peuvent réaliser leur plein potentiel
Pour reprendre les mots du poète dominicain Pedro Mir, je suis fier d'être né dans un « (...) pays du monde situé en plein dans la trajectoire du soleil. Natif de la nuit. Situé dans un archipel improbable (...) ».
Originaire des Antilles, je suis souvent surpris lorsque je tombe sur des affirmations selon lesquelles les entreprises des pays en développement sont relativement peu innovantes.
Tout au long de ma vie, j'ai eu le privilège de travailler avec et au nom de micro et petites entreprises dans les petits États insulaires en développement (PEID). Cela m'a amené à travailler pour un large éventail d'institutions. Mais si les contextes étaient différents, les constatations étaient les mêmes : les petites entreprises des PEID doivent constamment s'adapter, penser de manière créative et trouver des solutions sur mesure pour survivre.
Les entrepreneurs des PEID sont confrontés à des défis spécifiques, notamment une forte exposition à l'impact du changement climatique et aux phénomènes météorologiques extrêmes, ainsi qu'à des contraintes liées à l'offre et aux économies d'échelle. C'est précisément ce besoin d'innovation et de résilience qui explique pourquoi ces petites entreprises continuent d'être une « force du bien » pour leurs communautés.
Toutefois, le poids de la résilience ne peut reposer sur les seules petites entreprises, et même les plus innovantes d'entre elles se heurtent à des règles qui ne relèvent pas de leur domaine d'influence.
Nous vivons une époque sans précédent. La mondialisation met les petites entreprises à rude épreuve : non seulement elles sont confrontées à une concurrence accrue sur leur territoire, mais leur accès préférentiel aux marchés traditionnels est en train de s'éroder. Les politiques de compétitivité élaborées par les décideurs politiques affectent les petites entreprises de nos îles, et c’est pourquoi ces décideurs doivent changer de paradigme.
En outre, les innovations technologiques ont rétréci les dimensions du temps et de l'espace, ce qui pose des défis supplémentaires aux petites entreprises, notamment des adaptations nécessaires mais coûteuses. Les consommateurs modernes se sont habitués à des réponses immédiates, ce qui oblige les entreprises déjà surchargées à répondre à des exigences strictes.
Bien sûr, la technologie offre de vastes possibilités en permettant la fourniture de produits et de services à de nouveaux marchés et clients. Elle permet aussi aux petites entreprises des PEID de mettre à profit leurs propres forces, et de prendre des mesures essentielles pour stimuler leur compétitivité.
Dans cet environnement commercial difficile et en constante évolution, les petites entreprises doivent s'éloigner de la production de grandes quantités à faible valeur ajoutée et rétablir leur compétitivité selon ce « je ne sais quoi » qui les définit. Elles doivent forger des alliances stratégiques et traduire le « où », le « quoi » et le « comment » en narratifs authentiques qui s'adressent aux consommateurs cibles, en fournissant des produits et des services uniques à l'échelle mondiale. En substance, elles doivent « vendre une histoire et offrir un rêve ».
Le « où » fait référence aux segments de marché dans lesquels elles ont un avantage concurrentiel, tels que les niches, le luxe, le commerce équitable, les produits biologiques, la diaspora et la santé ou le style de vie, ainsi que le service à l'industrie touristique nationale et régionale avec des expériences uniques en leur genre. Pour cibler efficacement ces marchés de niche, les petites entreprises doivent connaître et comprendre les tendances et les attentes des consommateurs.
Le « quoi », ce sont les produits et les services qu'elles proposent. Plutôt que de se concentrer sur des prix ou des volumes compétitifs, ces petites entreprises devraient mettre en avant la qualité et la spécificité qu'elles sont les seules à pouvoir apporter, sur la base de leur patrimoine, de leurs traditions et de leur culture. L'enregistrement et la protection des droits de propriété intellectuelle et des connaissances ancestrales sont des éléments clés de ce processus.
Le « comment » correspond à la proposition de valeur, à la fourniture de biens et de services distinctifs qui soient aussi rentables, accessibles et attrayants. Il concerne aussi, si possible, l'obtention d'indicateurs géographiques et/ou d'appellations d'origine. Cela implique d'adapter l'étiquetage, l'emballage et le goût aux consommateurs cibles, tout en respectant les normes de qualité et les spécifications techniques.
.
Le Centre du commerce international et ses partenaires sont prêts à accompagner les petites entreprises et les organisations d'appui aux entreprises des PEID dans leur quête d'une plus grande compétitivité et d'un développement durable à l'échelle mondiale. Nous les appuyons en leur fournissant des informations sur les marchés et des opportunités de mise en relation, une expertise technique, un renforcement des capacités, un échange de bonnes pratiques et des solutions de financement.
Nos efforts conjoints, y compris avec des partenaires de développement tels que l'Union européenne et le Royaume-Uni, entre autres, visent à favoriser l'inclusion sociale, économique et culturelle. Ils visent non seulement à assurer le développement personnel et le bien-être des entrepreneurs et des personnes qu'ils appuient, mais aussi à contribuer à des communautés plus prospères, pacifiques et équitables.
La quatrième Conférence internationale des Nations Unies sur les petits États insulaires en développement offre une occasion unique aux acteurs publics et privés, ainsi qu'à la communauté internationale, de se réunir, d'unir les esprits et les mains autour d'une vision commune : Tracer la voie vers une prospérité résiliente.