Sept souhaits des femmes pour l'avenir de l'Afrique
Plus de 100 femmes dirigeantes se sont réunies à Santiago du Chili en février dans le cadre d'un événement intitulé 'Les femmes au pouvoir et dans la prise de décision: construire un monde différent', organisé par la Présidente Michelle Bachelet. Elles ont abordé de nouvelles stratégies pour traiter la pauvreté et le sous-développement, mais plus important encore, pour mettre leur influence au service de l'autonomisation et de l'avancement des femmes.
Cet événement s'inscrit dans le contexte du 20ème anniversaire de la Déclaration et Programme d'action de Beijing (Beijing+20), plan d'action relatif à la réalisation des droits des femmes, ainsi que discussions sur les Objectifs du développement durable (ODD), qui devraient remplacer les OMD. Beijing+ 20 est certes une excellente initiative. Cependant, ce qui compte vraiment, c'est l'inclusion des femmes dans les ODD, surtout leur rôle dans l'éradication de la pauvreté.
Personnellement, j'aimerais voir un changement rapide en Afrique. Et je ne suis pas la seule. La Directrice exécutive d'ONU Femmes, Phumzile Mlambo-Ngcuka, coorganisatrice de la Conférence, a publié l'année dernière un commentaire intitulé 'Le rôle des femmes dans les 50 prochaines années – l'Afrique que nous voulons.' C'est un article vraiment bien, vraiment féministe, et elle a réitéré ce message à Santiago.
J'aimerais élaborer les six principaux souhaits des femmes africaines pour l'avenir, selon Mme Mlambo-Ngcuka. Je vais donc les reproduire ci-dessous. J'ai ajouté un septième point car j'aime le chiffre sept et, plus important encore, car les autres six ne seront pas réalisés sans ce septième.
1. Les femmes en Afrique veulent vivre dans un continent paisible dans lequel des tueries insensées et la guerre ne font pas des veuves, dans lequel elles ne sont pas victimes d'abus sexuels et de viol et dans lequel la souffrance n'est pas causée par les intérêts personnels de quelques dirigeants corrompus et avides de pouvoir. Elles veulent être la force créatrice de sociétés solidaires et paisibles, qui engendrent des générations prospères.
2. Nous voulons une Afrique avec un marché commun et équitable, où les lois du marché ne sont pas manipulées mais établies pour permettre l'inclusion et bénéficier à tous. Nous voulons un continent où les femmes sont autonomisées pour transformer l'agriculture de subsistance en entreprises fournissant des aliments et un revenu, leur permettant de créer de la richesse et des biens et de diriger des entreprises.
3. Les femmes africaines veulent être reconnues non pas comme des membres vulnérables de la société, nécessitant la charité, mais comme une formidable force qui doit être libérée, autonomisée et dans laquelle on doit investir. Cela libérerait leur potentiel en tant que vecteurs de croissance, de développement et de sécurité alimentaire à des niveaux phénoménaux. Les femmes veulent une part égale de la force décisionnelle dans les affaire sociales, politiques, économiques et culturelles.
4. Les jeunes femmes africaines veulent être considérées non seulement comme les dirigeantes de demain, mais comme des dirigeantes d'aujourd'hui, capables de promouvoir l'innovation en matière de technologie, d'agriculture, d'industrie et de bien commun.
5. Nous voulons une Afrique où l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes soient reconnues comme importantes pour tous, pas seulement pour les femmes. Rappelez-vous: lorsque les femmes sont autonomisées, leurs maris, leurs fils, leurs filles et leurs communautés sont autonomisés.
6. Nous voulons des hommes qui s'engagent à nos côtés pour trouver des solutions qui feront du 21ème siècle la période où la discrimination basée sur le sexe aura été véritablement supprimée.
7. [Le mien] Nous voulons une Afrique qui compte plus de femmes dans des hauts postes politiques. Nous voulons des femmes au Parlement, au Sénat, des femmes ministres, gouverneures et cheffes d'État. Nous voulons que le pouvoir féminin gonfle les muscles politiques de nos pays comme jamais. Nous voulons que nos pays suivent le modèle du Rwanda et mettent en place des systèmes visant à garantir l’accès des femmes aux processus décisionnels.
Nous ne voulons pas cela comme une fin en soi, mais parce qu’avec les femmes au pouvoir, les pays sont plus riches, plus sûrs, plus heureux, plus sages et plus beaux. Et au risque de chanter un vieux refrain, nous voulons des femmes dirigeantes car les hommes ne vont pas réaliser les souhaits sur la liste de Mme Mlambo-Ngcuka, aussi évidents soient-ils. Ils ne l’ont pas fait par le passé, il ne le font pas aujourd’hui et ils ne le feront pas demain.