

Robusta fin : La nouvelle perle du café africain en plein essor
Avec la flambée des prix de l'Arabica, la diversification dans le Robusta fin constitue pour les producteurs africains l'opportunité de sécuriser l'accès au marché et d'augmenter les revenus des agriculteurs.
L'Agence des cafés Robusta d'Afrique et de Madagascar (ACRAM) mène la charge pour positionner le Robusta africain comme un café de qualité supérieure sur la scène mondiale. En collaboration avec le Centre du commerce international (ITC) et les partenaires régionaux, l'ACRAM mène des initiatives pour améliorer la qualité du café, créer de la valeur grâce à la torréfaction et aux marques locales, et stimuler la consommation nationale de café.
Ismaël Ndjewe Ndomba, Secrétaire exécutif de l'ACRAM, partage ses idées sur la vision de l'agence sur le Robusta africain, son rôle dans le mouvement Fine Robusta et les exportations, et la manière dont le café peut stimuler la transformation économique à travers le continent.
L'entretien a été édité et condensé pour gagner en clarté.
Les marchés mondiaux du café sont en pleine mutation. Face aux niveaux records des prix de l'Arabica, les acheteurs sont à la recherche d'alternatives capables d'offrir une qualité comparable tout en garantissant des prix stables.
C'est là que le Robusta fin entre en jeu. Les pays africains producteurs de Robusta ont la possibilité de différencier leur café, d'améliorer les techniques de traitement et d'accéder à de nouveaux marchés au-delà de la vente de produits de base en vrac.
En collaboration avec le Centre du commerce international (ITC)*, nous nous efforçons d'améliorer la qualité du Robusta et de créer des liens commerciaux directs pour les producteurs africains. Cela se traduit par de meilleurs revenus pour les agriculteurs, des investissements dans la valeur ajoutée locale et une reconnaissance accrue du café africain au-delà de son rôle traditionnel d'exportation de produits de base.
La qualité est à la base de tout. Pour modifier les perceptions, nous devons améliorer chaque aspect de la chaîne de valeur, de la culture à la transformation, en passant par la torréfaction et la commercialisation.
C'est pourquoi l'ACRAM se concentre sur quatre dimensions essentielles :
- Les bonnes pratiques agricoles (BPA) : il s'agit de former les agriculteurs aux techniques optimales de récolte et de post-récolte afin de réduire les défauts et d'améliorer les profils de torréfaction ;
- La certification et la traçabilité : il s'agit ici d'encourager les certifications de durabilité et les systèmes de traçabilité numérique pour améliorer la transparence ;
- Les innovations en matière de transformation : il faut appuyer les investissements dans les méthodes de transformation lavées, au miel et naturelles, afin de diversifier les profils d'arômes ; et
- Le positionnement sur le marché : le Robusta fin d'Afrique doit faire l'objet d'une campagne de promotion dans les salons professionnels internationaux et par le biais de partenariats directs avec les acheteurs de café de spécialité.

C'est une priorité absolue pour l'ACRAM. Malgré le fait que l'Afrique produise des millions de sacs de café par an, la consommation au sein du continent reste faible. Le renforcement de la culture locale du café est essentiel pour la durabilité économique. À cette fin, nous travaillons sur trois stratégies principales :
La première consiste à encourager la torréfaction et l'image de marque locales. Le café torréfié en Afrique conserve plus de valeur et fournit plus d'emplois que l'exportation de grains verts. Nous aidons les micro, petites et moyennes entreprises (MPME) à développer des marques de consommation adaptées aux goûts africains.
Ensuite, nous devons travailler au développement d'une culture moderne du café. À cet effet, nous encourageons les kiosques à café de spécialité, la formation des baristas et l'organisation de festivals du café comme le FestiCafé au Cameroun, afin de créer une demande et une appréciation pour le café produit localement.
Enfin, le commerce intra-africain est un autre domaine essentiel sur lequel nous nous concentrons avec nos partenaires. Grâce à des initiatives telles que le récent accord commercial sur le café conclu entre le Gabon, le Ghana et la République démocratique du Congo, nous créons un commerce direct entre les nations africaines, réduisant ainsi la dépendance à l'égard des marchés mondiaux volatils.
Nous pensons que le café africain doit d'abord être apprécié par les Africains. En stimulant la demande locale, nous pouvons créer un marché stable qui protège les agriculteurs des fluctuations des prix internationaux et renforce les chaînes de valeur régionales.

Les principaux défis sont le financement, l'infrastructure et l'accès au marché. De nombreux petits exploitants agricoles et de petites entreprises ont du mal à accéder aux capitaux nécessaires à l'achat d'équipements de transformation, à la certification et à l'image de marque. En outre, des infrastructures inadéquates – comme le stockage et le transport – limitent la compétitivité.
Pour y remédier, l'ACRAM facilite le financement des entreprises de café par le biais de partenariats bancaires régionaux et de forums d'investissement. Nous appuyons également l'adoption de technologies, notamment les systèmes de paiement numérique pour les caféiculteurs et les outils d'évaluation de la qualité basés sur l'IA.
Enfin, nous travaillons à renforcer le plaidoyer en faveur de politiques qui incitent à la transformation du café et réduisent les barrières commerciales entre les pays africains.

Nous les invitons à dépasser les stéréotypes et à découvrir la richesse du Robusta africain.
Le travail que nous effectuons avec l'ITC, les partenaires européens et les producteurs africains ouvre de nouvelles opportunités pour les acheteurs de s'approvisionner en Robusta fin de haute qualité, durable et cultivé de manière éthique.
Le moment est venu d'embrasser l'avenir du café – et l'Afrique est en train de montrer la voie.
* L'ACRAM est soutenu par le programme ACP Business-Friendly, mis en œuvre par le Centre du commerce international (ITC) et financé par l'Union européenne et l'Organisation des États d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique.