Promouvoir le soutien au commerce pour les femmes entrepreneures
Lucia-Loretta Desir est une femme d'affaires qui a réussi dans l'industrie du transport maritime en Guyane, milieu essentiellement masculin. Elle est Directrice générale de D & J Shipping Service, une prospère entreprise internationale. En 2001, l'entreprise avait seulement trois employés. Aujourd'hui, elle compte 17 employés à plein temps, dont sept femmes, et elle emploie du personnel supplémentaire aux périodes de pointe.
Avant d'ouvrir sa propre entreprise, Desir a travaillé comme transitaire pendant neuf ans avant de créer un partenariat avec un membre de sa famille. Elle a débuté en tant qu'employée et a gravi les échelons, tout en étudiant pour consolider ses connaissances en matière de transport maritime.
En 1988, elle a fondé D & J Shipping Services avec une associée. À cette époque, le soutien aux nouvelles entreprises était quasiment inexistant en Guyane. Elle déclare que 'les débuts consistaient en essais et échecs. Notre expérience a été sans doute rendue plus difficile car mon associée et moi étions des femmes.' Même si les femmes peuvent considérablement contribuer à l'économie en dépensant davantage de leur revenu que les hommes dans l'éducation et la santé de leurs familles, la discrimination contre les femmes dans les affaires est encore importante. Desir se rappelle qu'en 2001, lorsque son associée est partie pour ouvrir sa propre entreprise, les temps étaient difficiles: 'Mon plus grand problème, quand j'ai assumé seule l'entreprise, était d'obtenir un financement. Les sociétés de financement demandaient des garanties et posaient souvent des questions impertinentes comme "Votre mari va-t-il vous soutenir?" J'ai fini par obtenir le financement dont j'avais besoin, mais j'ai dû me battre.'
Ce n'est qu'en 2003 qu'elle a connu le programme Empretec de la CNUCED, qui promeut la création de PME durables, innovatrices et compétitives à l'échelle internationale à travers la formation, des ateliers et des forums d'affaires. Selon elle, ce programme a changé sa vie: 'L'union fait la force, et l'investissement que j'ai fait dans la formation Empretec m'est encore utile, quand les affaires deviennent accablantes. À l'époque, la participation à l'atelier Empretec était comme si on avait lancé une bouée à une femme en train de se noyer. J'étais fraîchement divorcée, je dirigeais mon entreprise toute seule et je devais élever trois enfants avec très peu d'argent.'
Desir est aujourd'hui une ardente défenseure de la formation de soutien aux entreprises, à tel point qu'elle a contribué à mettre en place une organisation de soutien aux entreprises pour les femmes en Guyane, qui, elle l'espère, fera de la transition entre l'entrepreneure débutante et la femme d'affaires prospère une meilleur expérience.
Desir affirme: 'C'est très important, et je ne le dirai jamais assez, d'avoir des associations qui soutiennent les femmes dans les affaires. Le réseautage nous permet d'apprendre les unes des autres et de partager des expériences sur comment faire les choses autrement. Les séances peuvent être motivantes et parfois fournir aux propriétaires d'entreprises l'élan dont elles ont besoin pour les empêcher de mettre la clé sous la porte pour de bon. Je crois aussi que c'est utile d'entendre d'autres personnes parler de leurs expériences quotidiennes en affaires.'
Son engagement auprès d'Empretec l'a amenée au Forum sur l'entrepreneuriat des femmes des Caraïbes sponsorisé par le Département d'État des États-Unis, à Washington, D.C., en mars 2012. Elle était l'une des deux Guyanaises choisies pour participer à ce forum d'une durée de trois jours, avec 18 autres femmes d'affaires de la région des Caraïbes, toutes propriétaires de PME.
Elle raconte que le forum traitait du soutien aux femmes des Caraïbes dans les affaires, et était aussi l'occasion de partager des expériences et d'apprendre à gérer une entreprise au plus haut niveau. Avec les autres participantes, elle s'est engagée à créer une branche caribéenne du réseau de femmes entrepreneures pour partager les meilleures pratiques dans le but de créer des entreprises prospères et durables dans la région. Ce projet comprenait la création d'un réseau régional, avec des branches dans chaque pays des Caraïbes.
Pendant que le projet de création de la branche de la Guyane était en cours, Desir a participé à l'Exposition et Forum des femmes commerçantes au Mexique en novembre 2012. L'événement, organisé par l'ITC en collaboration avec le Ministère des Affaires étrangères du Mexique, ProMéxico et WEConnect International, visait à faire accroître le nombre de contrats accordés aux entreprises détenues par des femmes par les sociétés, le gouvernement et les institutions. Selon Desir, il est important que les femmes entrepreneures se positionnent sur les marchés internationaux, mais pour beaucoup de femmes travailleuses il est difficile de participer à ce type d'événement pour des raisons financières: 'Le soutien financier pour couvrir les frais de voyage, d'hôtel et autres frais permettrait à davantage de femmes d'y participer.'
Desir et son homologue Barbara Dublin-Peterkin, Administratrice de B's Beauty & Naturopathic Center and Visions of Excellence Personal Development Center, ont lancé la branche guyanaise du réseau de femmes entrepreneures en mars 2013. Le réseau est encore à ses débuts mais il compte déjà avec un comité de direction composé de cinq femmes et deux hommes; il est dans l'attente de financement avant de devenir pleinement fonctionnel.
Desir affirme: 'Notre but est de renforcer la voix, la viabilité et la visibilité des femmes à travers la formation, le réseautage, le plaidoyer, l'identification et le partage des meilleures pratiques. À mon sens, une fois que tout cela sera en place, les femmes passeront moins de temps à tâtonner dans le noir et pourront obtenir une aide directe. Nous souhaitons que les femmes partagent leurs expériences et leurs connaissances afin d'autonomiser davantage de femmes entrepreneures guyanaises qui s'engagent à développer leurs entreprises de niveau petit ou moyen.'