Nettoyons ces déchets électroniques !
Evelyn Seltier, du Centre du commerce international, s’est entretenue avec Julie Repetti, cofondatrice de SetTIC, sur les défis et les opportunités du passage au vert des entreprises – et sur la manière d’en finir durablement avec les déchets électroniques.
Que signifie SetTIC ?
« Set » signifie « propre » en wolof, et « TIC » est l’acronyme de technologies de l’information et de la communication.
En 2008, plusieurs cas d’empoisonnement au plomb ont été relevés au Sénégal, dus à la gestion informelle des batteries usagées. Plusieurs personnes en sont mortes, dont une douzaine d’enfants. En y regardant de plus près, nous nous sommes rendu compte qu’il n’existait pas de solution locale et que bien peu de personnes étaient informées des dangers des déchets électroniques, dont 99 % sont pris en charge par le secteur informel.
C’est pourquoi nous avons décidé de créer la première structure privée de traitement des déchets électroniques, avec l’autorisation du ministère de l’Environnement.
Notre mission consiste à aider les compagnies à réduire l’impact négatif de leurs déchets sur l’environnement et sur la santé publique en Afrique, tout en s’attaquant au problème du chômage des jeunes par la création d’emplois verts et décents.
Qu’est-ce qu’un déchet électronique et quels sont les défis lorsqu’on cherche à s’en débarrasser ?
Les déchets électroniques, qui vont des appareils ménagers aux lampes et panneaux solaires, contiennent des substances toxiques dont le traitement est onéreux. SetTIC se concentre principalement sur les déchets électroniques professionnels tels que les ordinateurs, les imprimantes, les interrupteurs, les équipements de télécommunication, mais aussi les batteries, les lampes et les cartouches d’encre. Nous sommes les seuls au Sénégal à recycler les lampes.
La plus grande difficulté pour gérer ce type de déchets en Afrique réside dans le coût élevé des processus. Il n’y a pas de subvention ou d’organisation écologique pour appuyer les structures comme la nôtre, ce qui complique l’équilibre financier et explique pourquoi la plupart des structures finissent par fermer.
D’après vous, comment les entreprises devraient-elles gérer ces déchets électroniques ?
Il en va de la responsabilité de l’entreprise de gérer ses déchets toxiques. Cela leur permet en même temps de sensibiliser leurs employés et à travers eux une partie de la population.
Nos principaux clients sont pour la plupart des compagnies certifiées et auditées qui disposent d’une politique de santé et de sûreté. Ils se montrent préoccupés par leur impact environnemental et cherchent à tracer entièrement leurs déchets (ce qui constitue notre valeur ajoutée). Nous les aidons également à réduire leur impact écologique.
Les autres compagnies font-elles également preuve d’une volonté de passer au vert ?
Il n’y a pas, au Sénégal, de législation contraignante pour que les firmes passent au vert. Souvent, le recyclage représente un coût qu’elles ne sont pas disposées à payer, surtout lorsque le secteur informel vient leur racheter les déchets dangereux.
La principale motivation des entreprises désireuses de travailler avec nous est l’impact positif qu’elles en tirent pour leur image et leur communication, surtout avec les principaux donateurs internationaux qui considèrent l’environnement comme un sujet majeur.
Quelles sont vos recommandations pour un futur plus vert ?
Face à la consommation croissante d’équipements électroniques, les déchets engendrés représentent un défi considérable pour nous tous, dans le monde entier.
Il est essentiel que les pays en développement renforcent leur législation dans ce domaine et mettent en place les conditions propres à encourager les compagnies à recycler. Sans cela, le secteur informel va continuer à se débarrasser des déchets toxiques dans la nature, augmentant sans cesse le nombre de décès, sans parler des dommages écologiques irréversibles. Nous avons besoin de décisions internationales fortes qui soient aussi mises en œuvre.
SetTIC faisait partie du projet NTF IV (Netherlands Trust Fund IV) du Centre du commerce international, dont l’objectif est d’appuyer le développement local du secteur de l’informatique et des services informatiques au Sénégal, projet financé par les Pays-Bas.