Les start-up AgriTech du Sénégal s'impliquent dans la filière anacarde

Vers une agriculture de précision

Ces dernières années, les données et les technologies numériques ont transformé l'agriculture sénégalaise. Pour répondre aux besoins alimentaires croissants, l'agritech aide les agriculteurs à optimiser leur production, tout en veillant à ce que leurs exploitations soient rentables. La filière anacarde, vitale pour les ménages agricoles les plus vulnérables, pourrait bénéficier des dernières avancées numériques. À l'initiative des projets NTF V menés au Sénégal, une délégation de start-up AgriTech a quitté Dakar pour explorer les régions de Ziguinchor, Goudomp et Kolda, berceaux de la production de noix de cajou au Sénégal.

Sécuriser la production

Les visites ont permis de mettre en lumière les problèmes auxquels sont confrontées les exploitations : appauvrissement des sols, faible qualité de la production, rendements insuffisants, manque de traçabilité et difficulté d'accès au marché.

« Les agriculteurs que nous avons rencontrés nous ont confié que 30 % de leur récolte était perdue chaque année, en raison de la non conformité du calibrage des noix aux normes internationales requises pour l'exportation », explique Yoro Diaw, Directeur de Suqali Mbay Mi et spécialiste des données prédictives. « L'agriculture de précision peut pourtant jouer un rôle crucial : Suqali Mbay Mi propose des services d'échantillonnage et d'analyse des sols afin de mieux en connaître l'état, et fourni des recommandations pour des pratiques agricoles plus vertueuses. Les données recueillies sont utilisées pour optimiser les apports en eau et en nutriments, afin de garantir le calibrage et le volume de la production. La récolte est tracée puis vendue sans intermédiaire sur notre plateforme en ligne. »

En définitive, l'innovation vise à satisfaire tous les maillons de la chaîne : les consommateurs gagnent en transparence ; les transformateurs peuvent espérer obtenir le volume de production escompté ; et les agriculteurs peuvent mieux vivre de leur travail.

Ouvrir de nouvelles voies commerciales

Sur le plan logistique, cependant, d'autres difficultés ont été soulevées au cours de la mission. Dans les campagnes reculées du Sénégal, les infrastructures de transport et de stockage sont souvent inadéquates, ce qui complique l'accès aux marchés. C'est un défi que Tamsir Traore souhaite relever. Son entreprise, Logidoo, propose des solutions logistiques transfrontières dans neuf pays africains.

« J’ai été très touché par la situation des agriculteurs que nous avons rencontrés. Je suis convaincu que nos solutions de transport peuvent apporter une importante valeur ajoutée à nos régions, en ouvrant de nouveaux corridors commerciaux. Notre plateforme numérique compare les différents frets disponibles, calcule l’offre la plus compétitive et gère automatiquement les procédures de douane. Les transactions s’en trouvent largement simplifiées ! ». L’outil est conçu pour être intuitif, mais pour satisfaire les besoins particuliers des agriculteurs encore peu familiarisés avec les technologies numériques, la start-up travaille actuellement au développement d’une version compatible avec WhatsApp. Les producteurs agricoles pourront ainsi bientôt adresser des photos de leurs marchandises et bénéficier d’un assistant virtuel capable de les renseigner en langue locale.

Une alliance pour relever les défis de la filière anacarde

Ce ne sont là que quelques-unes des solutions qui ont retenu l'attention des entreprises agricoles visitées lors de la mission. Plusieurs d'entre elles, à l’instar de Casadeliz, SCPL, Ethicajou et Ideal Business Center, ont reconnu que la technologie numérique pouvait renforcer leur compétitivité au Sénégal et à l'international. Du côté des start-up, l'heure est à la mutualisation des talents et aux partenariats stratégiques. Une offre technique commune a été formalisée, combinant l'analyse prédictive de Suqali Mbay Mi, le e-commerce de Proxalys et la logistique de Logidoo.

« Nous avons pris toute la mesure des besoins de la filière anacarde et savons que le numérique peut aider à faire bouger les lignes. En réunissant nos différents domaines d'expertise, nous sommes en mesure de fournir une solution complète. À travers ce consortium, c’est un signal fort que nous adressons aux pouvoirs publics : nous sommes prêts ! », conclut Yoro DIAW.