Les agriculteurs sénégalais augmentent leurs bénéfices grâce à l'essor des coopératives agricoles
Lompoul-sur-Mer, petite ville de la Grande Côte sénégalaise située au nord de Dakar, est particulièrement animée ce matin. Le marché aux légumes est animé par les maraîchers, et fourmille de commerçants et de consommateurs venus de tout le pays.
Après une courte marche, nous arrivons à la ferme de Malick Bâ, qui cultive des oignons depuis 35 ans.
« Dans quelques jours, nous serons prêts à récolter les oignons. Ils sont de qualité supérieure, avec des peaux impeccables et intactes », nous confie-t-il avec fierté.
De fait, les champs d'oignons de grande qualité sont un phénomène relativement nouveau dans la région.
« Avant l'intervention du programme PACAO-Sénégal, nous avions l'habitude de récolter les oignons avant qu'ils ne soient complètement mûrs, dans l'espoir de vendre plus tôt et de respecter les délais de remboursement des fournisseurs d'intrants. Grâce aux achats groupés de la coopérative, nous avons maintenant accès aux intrants à des prix plus abordables », explique Sala Sow, qui produit des oignons depuis 36 ans.
Malick et Sala sont membres de la société coopérative Bamtaré Thiepp Lompoul, dont Malick est président du conseil d'administration et Sala vice-présidente. La coopérative a été créée en 2021 avec l'appui du Programme d'appui à la compétitivité en Afrique de l'Ouest (PACAO-Sénégal), un programme du Centre du commerce international (ITC).
Aujourd'hui, cette coopérative regroupe 26 organisations et représente plus de 1 700 producteurs. Bamtaré Thiepp Lompoul est l'une des 29 coopératives agricoles de marché créées avec l'appui de l'ITC dans les régions de Dakar, Thiès, Louga, Saint-Louis, Matam, Fatick, Kolda, Ziguinchor et Sédhiou. Le travail réalisé par le programme PACAO-Sénégal est financé par l'Union européenne.
« Cette société coopérative est une première pour nous. Auparavant, nous étions organisés en petits groupes, comme des groupements d'intérêt économique. Il nous était pratiquement impossible de travailler de manière cohérente et de défendre les intérêts de notre secteur », témoigne Malick. Les mauvais rendements étaient monnaie courante.
Aliou Bayal Sow est juriste de formation, titulaire d'un diplôme en droit international public de l'université du Sahel à Dakar. En mai 2015, à la suite du décès de son père, il a mis ses études de côté pour se tourner vers l'agriculture. Ses premières expériences n'ont pas été fructueuses, mais aujourd'hui, grâce à l'appui technique apporté par PACAO-Sénégal, ces moments difficiles sont loin derrière lui.
« Avant, nous pratiquions l'agriculture sans réelle connaissance de notre activité. Les pertes étaient importantes et nous étions sur le point d'abandonner cette activité. Aujourd'hui, avec l'appui de PACAO-Sénégal, les semences sont disponibles à temps, et nous avons également bénéficié d'un renforcement de capacités techniques et managériales qui a permis d'améliorer significativement nos rendements. Nous maîtrisons les pratiques agricoles, le marketing, la vente, la comptabilité et même la préparation des états financiers ».
Les coopératives agricoles comme Bamtaré Thieppe Lompoul jouent un rôle clé dans l'autonomisation des agriculteurs. Leur formalisation a été facilitée par e-RSCOOP, une plateforme d'enregistrement numérique pour les coopératives lancée par PACAO-Sénégal en 2021. À ce jour, 1 661 coopératives sont enregistrées.
« Sur e-RSCOOP, l'enregistrement est transparent. Cela transforme la façon dont les coopératives agricoles fonctionnent et se développent », déclare Oumar Mbengue, Directeur régional du développement rural à Dakar.
Au-delà de l'agriculture, e-RSCOOP aide également d'autres secteurs à se professionnaliser.
« Avant, nous travaillions de manière informelle, ce qui rendait l'alimentation et les poussins coûteux », explique Maodo Yauck, Président de la Coopérative des entrepreneurs avicoles du Sénégal. « Grâce à la coopérative, nous pouvons maintenant acheter en gros, ce qui est plus rentable. »
En se formalisant, ces entrepreneurs avicoles ont économisé suffisamment pour créer une réserve financière. À Lompoul-sur-Mer, Sala Sow attend avec impatience sa prochaine récolte, tandis que Bayal est fier de faire partie des jeunes qui ont choisi de rester et d'assurer le futur de leur communauté.
