Le commerce peut établir un lien profond et durable entre climat et alimentation
Le nexus climat-alimentation – la relation complexe entre la sécurité alimentaire et le changement climatique – devient chaque jour plus critique pour les petites entreprises et les entrepreneurs que nous servons.
Le mois dernier, le Programme des Nations Unies pour l'environnement a averti, dans son Rapport 2024 sur l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions, que l'augmentation de la température mondiale pourrait atteindre 3,1 degrés Celsius au cours de ce siècle si nous ne revoyons pas à la hausse nos ambitions en matière d'atténuation des effets du changement climatique. Cette augmentation de la température serait, en bref, catastrophique, notamment pour les producteurs agricoles dont la capacité à s'adapter aux changements climatiques et à se préparer aux catastrophes naturelles est limitée.
Elle aurait également des conséquences dévastatrices sur la sécurité alimentaire et les niveaux de famine, qui s'aggravent déjà de jour en jour. Selon l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), 733 millions de personnes ont souffert de la faim l'année dernière. Selon un autre rapport conjoint de la FAO et du Programme alimentaire mondial, des milliers de personnes dans le monde sont aujourd'hui menacées de famine en raison du changement climatique, des conflits et d'autres crises.
Il nous faut agir maintenant. Une étape cruciale consiste à faire en sorte que les petites entreprises et les petits exploitants puissent utiliser les ressources de manière plus efficace tout en renforçant leur capacité à commercer. Cela signifie ouvrir la voie à une économie propre et circulaire, qui contribue à atteindre la neutralité climatique, à inverser la perte de biodiversité, à réduire la pollution et à fournir un système alimentaire équitable, sain et respectueux de l'environnement.
Dans le sillage de la COP16 sur la biodiversité et à l'approche de la COP29 sur le climat, cette édition du Forum du commerce se penche sur la forme que peuvent prendre ces actions. Nos contributions couvrent divers aspects du nexus climat-alimentation en relation avec le commerce et les petites entreprises, illustrant les meilleures pratiques et les recommandations des experts ainsi que des entrepreneurs que nous aidons.
Nos avis d'experts incluent celui de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture qui plaide pour un système commercial international solide afin de répondre aux besoins en matière de sécurité alimentaire et de climat ; celui du World Business Council for Sustainable Development qui analyse les lacunes financières qui freinent la transition vers une agriculture durable ; celui de l'un des lauréats des Prix des jeunes écopreneurs de cette année, Agritech Analytics, qui utilise la technologie et l'intelligence artificielle pour renforcer la sécurité alimentaire au Kenya ; et celui du Centre Shamba pour l'alimentation et le climat qui explique pourquoi le renforcement des petits exploitants agricoles par des moyens financiers est essentiel à la sécurité alimentaire.
D'autres exemples d'innovations fortes pour l'adaptation aux extrêmes climatiques et la lutte contre l'insécurité alimentaire sont illustrés dans nos reportages multimédias sur des petites entreprises en République dominicaine et en Ouganda, ainsi que dans nos entretiens avec le Conseil ghanéen du cacao, Viva Organica au Botswana, la Plateforme mondiale pour un caoutchouc naturel et durable en Malaisie, et CLAC-Fairtrade en Amérique latine.
Nous vous présentons également le travail de l'équipe de pays des Nations Unies en Irak, les derniers développements du règlement de l'UE sur les produits associés à la déforestation et à la dégradation des forêts, la manière dont nous appuyons les petits exploitants agricoles au Pakistan, et la manière dont une approche adéquate de l'accès au marché dans les situations de conflit peut améliorer la sécurité alimentaire.
Chers lecteurs,
Dans le monde de plus en plus incertain d'aujourd'hui, la communauté mondiale se doit de faire plus et mieux. Nous avons prouvé que le commerce pouvait faciliter l'accès à des aliments plus disponibles et plus abordables, et que l'investissement dans le renforcement des capacités des petites entreprises était crucial pour un développement axé sur le commerce qui soit durable sur le plan environnemental et social.
Il est de notre devoir de veiller à ce que la promesse de l'ODD 2 soit tenue et à ce que l'Accord de Paris aboutisse. Aucun d'entre nous ne peut se permettre de faire autrement. Étant donné le nombre de petites entreprises employées dans l'agriculture et la pêche, il nous faut également veiller à ce que les mesures de politique commerciale figurent dans le prochain cycle de contributions déterminées au niveau national (CDN) dans le cadre de l'Accord de Paris. C'est pourquoi l'ITC lancera en douceur lors de la COP29 de nouvelles directives sur la façon dont les gouvernements peuvent y parvenir.
Je me réjouis de travailler avec vous pour rendre ces objectifs atteignables et j'espère que vous trouverez les contributions de ce numéro inspirantes et pertinentes.