L’aide pour le commerce et le secteur privé : un partenariat qui fonctionne
Le secteur privé est un partenaire clé pour la croissance économique par l’investissement dans de nouvelles entreprises, la création d’emplois et la fourniture de biens et de services innovants. Toutes ces activités peuvent potentiellement bénéficier aux PMA et aux économies en développement.
Le Rapport conjoint de l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) et de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) Panorama de l’Aide pour le commerce met en évidence l’impact significatif des programmes d’Aide pour le commerce (APC) sur le secteur privé. Depuis le lancement de l’initiative en 2006, $E.-U. 137 milliards ont été engagés, dont 44% consacrés au renforcement de la capacité productive et 53% aux infrastructures économiques, deux axes essentiels pour le secteur privé.
Le rapport montre aussi comment l’APC est devenue une priorité pour un nombre toujours plus grand de pays en développement (PED) et de donateurs, et quel est son lien avec le programme global de développement, les stratégies et les priorités de plus en plus axées sur la compétitivité et la croissance économique tirée par les exportations.
Cinq ans après le lancement de l’Initiative, l’engagement des donateurs est plus solide que jamais; les engagements financiers et les décaissements progressent depuis 2006 au rythme annuel moyen de 15% et 12% respectivement, pour atteindre $E.-U. 29 milliards en 2009. La part allouée aux pays à faible revenu, et donc à l’Afrique subsaharienne, a régulièrement augmenté. Si les dirigeants du G20 se sont engagés à maintenir, à tout le moins, les niveaux atteints entre 2006 et 2008, certains pays donateurs membres du Comité d’aide au développement (CAD) et fortement endettés pourraient éprouver des difficultés à accroître leurs engagements financiers pour répondre à la demande accrue d’APC. Toutefois, le renforcement continu de la coopération Sud-Sud pourrait jouer un rôle important et venir compléter le soutien des donateurs du CAD.
Les cas d’expérience présentés pour le rapport démontrent comment l’APC peut étayer les efforts des gouvernements pour renforcer les capacités humaines, institutionnelles et les infrastructures requises pour pénétrer les marchés régionaux et mondiaux et tirer parti des débouchés commerciaux offerts. Plusieurs programmes sectoriels ont été lancés pour aider le secteur privé à mieux accéder aux marchés étrangers et à trouver leur place dans les chaînes de valeur régionales et mondiales.
À titre d’exemple, les efforts déployés pour fournir des financements ont été essentiels dans le sillage du ralentissement conjoncturel mondial de 2008. L’accès au crédit est crucial pour le secteur privé et des analyses de l’OCDE ont montré qu’une augmentation de 10% du ratio du crédit/PIB doperait la croissance économique de 1,8% du fait de son impact sur les échanges commerciaux. Les banques qui accordent des crédits aux négociants de PED ont bénéficié d’un appui massif au titre des programmes d’APC des banques de développement. Par exemple, au titre du Programme de financement du commerce de la Banque asiatique de développement, un soutien d’une valeur de $E.-U. 2,8 milliards d’échanges commerciaux a été accordé en 2010, $E.-U. 1,5 milliards de financements conjoints ont été alloués, la banque a travaillé avec plus de 200 banques privées dans 14 pays d’Asie de l’Est et du Sud-Est et a soutenu les opérations de près de 500 PME. Un programme similaire de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement a également permis de fournir une assistance technique aux banques participantes, les aidant à améliorer leur efficacité opérationnelle. Deux tiers des bénéficiaires ont fait état d’une diminution significative des délais de traitement et la moitié d’améliorations dans la gestion des risques.
Le secteur privé a aussi bénéficié de programmes de promotion des exportations conçus pour consolider les services d’appui offerts par les agences de développement des exportations pour promouvoir les exportations et l’expansion des échanges commerciaux. Ils ont notamment permis d’aider les entreprises à améliorer la qualité de leurs produits ou services, à accroître leur productivité et à réduire les coûts de transport. Les évaluations d’impact réalisées au titre du programme de promotion des exportations de la Tunisie montrent dans quelle mesure ces programmes pourraient améliorer les résultats à l’exportation dans les secteurs bénéficiaires. Ces programmes existent aussi au niveau sous-régional, comme par exemple ceux de l’Agence de développement des exportations des Caraïbes visant à offrir des services de commerce et d’investissement aux entreprises de la région, y compris aux PME, grâce au soutien financier et technique de multiples donateurs. Le programme de la Société interaméricaine d’investissement destiné à aider les PME à accéder aux marchés d’exportation en fournissant un soutien à la recherche et une assistance technique sur les marchés potentiels a été élargi à l’ensemble de l’Amérique centrale et des Caraïbes.
Les programmes destinés aux PME portent sur la formation d’entrepreneurs, comme le programme parrainé par l’UE en Azerbaïdjan pour aider les entreprises à mieux exploiter son Système généralisé de préférences, ou les programmes du Gouvernement belge pour améliorer le professionnalisme des petits producteurs et de leurs associations dans 18 PED, en mettant plus particulièrement l’accent sur la pérennité du commerce et l’accès au marché. Les systèmes d’apprentissage de l’ITC en matière de gestion de la chaîne d’approvisionnement pour les exportateurs ont bénéficié à plus de 25.000 personnes dans 61 pays. Les facteurs de valeur ajoutée, tels le déploiement de technologies écologiquement durables, la production biologique et les pratiques de travail équitables, progressent indubitablement dans les programmes conçus pour aider les PME à accéder aux marchés internationaux.
Un certain nombre de programmes visent tout particulièrement à accroître le revenu que les femmes tirent du commerce, souvent par le biais de volets axés sur les femmes entrepreneurs et offrant notamment des services liés au commerce tels de formation à l’exportation, de gestion commerciale et de technologies de l’information, ainsi que des conseils d’experts sur l’état de préparation du marché. D’autres programmes combinent efforts pour améliorer le revenu des femmes et la protection des savoirs autochtones en soutenant les coopératives de femmes associées à la production et au commerce de cultures traditionnelles pour les industries pharmaceutique et des cosmétiques. Une coopérative de femmes de Namibie a réussi à travailler avec des détaillants de cosmétiques issus du commerce équitable et à accroître leur revenu de manière significative grâce au brevetage de leurs procédés de fabrication exclusifs. Des progrès semblables ont été enregistrés dans les secteurs des fruits et légumes frais et des textiles dans plusieurs pays d’Afrique.
Le Secrétaire général de l’OCDE Angel Gurría a souligné que l’appropriation et la participation active de tous les acteurs intérieurs, y compris du secteur privé, de même que le soutien des investisseurs privés, l’assistance technique et des politiques macroéconomiques et structurelles adaptées, sont essentiels au succès des programmes d’APC. Des efforts supplémentaires sont toutefois nécessaires pour mieux faire comprendre les résultats et l’applicabilité globale des programmes. L’APC doit faire l’objet d’un suivi afin de mieux démontrer sa valeur et son utilité dans différents contextes, conformément aux principes de la Déclaration de Paris et aux objectifs d’efficacité pour le développement.
À ce jour le suivi a montré que l’initiative de l’APC a d’ores et déjà permis de mieux faire comprendre l’impact du commerce sur la croissance économique et que les ressources disponibles au titre de l’APC ont augmenté. Démontrer les retombées et l’impact des interventions menées au titre de l’APC en termes de capacités commerciales au niveau des programmes, des pays, des régions et du monde s’avère plus complexe. Des progrès sur ce front peuvent être réalisés en continuant de renforcer la gestion axée sur les résultats dans les programmes d’APC de même que l’évaluation d’impact par l’élaboration d’indicateurs universels liés au commerce applicables à toutes les interventions d’APC pour évaluer et comparer les progrès en matière de renforcement des capacités. La difficulté consiste à sélectionner des indicateurs suffisamment généraux pour couvrir le large éventail de programmes et de projets d’APC, mais suffisamment précis pour fournir des informations utiles sur la contribution de l’APC à l’amélioration des capacités commerciales et des résultats au niveau des pays. Montrer ce qui fonctionne en matière d’APC et diffuser l’information au sein de la communauté élargie de l’APC reste la priorité de l’OCDE.