La jeunesse malienne relève le défi de la numérisation
Chaque année au Mali, 400 000 nouveaux diplômés affluent sur le marché de l'emploi, mais seuls 10 % d'entre eux trouvent un travail. C'est pourquoi les jeunes talents doivent s'orienter vers les filières les plus prometteuses. En la matière, l’économie numérique suscite de grands espoirs. Compte tenu de l'évolution du marché de l'emploi au Mali, le projet NTF V FastTrackTech a organisé des formations pour 120 jeunes, afin de les aider à renforcer leurs compétences en matière d'outils numériques.
Faire du numérique un tremplin pour la jeunesse
En Afrique, comme ailleurs, la technologie numérique fait désormais partie intégrante de la vie quotidienne, mise au service de tous les secteurs d'activités, tels que la finance, l'agriculture, les télécommunications, le commerce, l'éducation et la santé. Cette transformation ouvre de nouvelles perspectives de croissance économique, d'innovation et de développement social.
Elle est également à l'origine d'une révolution entrepreneuriale à travers le continent africain. La technologie numérique démocratise l'accès au savoir, facilite la création d'entreprises et stimule l'innovation. Cependant, elle requiert aussi des jeunes éduqués et formés. En leur donnant les moyens de créer leur propre entreprise ou de trouver un emploi qualifié, la technologie numérique permet aux jeunes de prendre leur destin en main.
Dans cette perspective, le projet NTF V FastTrackTech du Centre du commerce international (ITC) a mis en place des sessions de formation en 2023 et 2024, au bénéfice de deux cohortes de 60 jeunes Maliens. L'ITC a collaboré à l'élaboration de la formation avec l'agence technologique du gouvernement, l'AGETIC, ainsi que le Complexe numérique de Bamako, un pôle d'innovation numérique.
L'initiative permet aux jeunes d'acquérir de solides compétences numériques, ce qui leur permet de s'intégrer plus facilement dans un marché en pleine mutation. Maimouna Sow en est un exemple concret. À 24 ans, comptable dans une entreprise industrielle, elle voit dans les métiers du numérique une promesse nouvelle : « Le développement rapide des technologies numériques en Afrique génère une demande croissante de compétences numériques. Nos entreprises ont besoin de talents numériques pour rester compétitives. En créant leur propre entreprise, les jeunes contribuent à la création d'emplois et au développement économique de leur pays. »
Former les futurs professionnels du numérique
Maimouna souhaite créer une application d'échange de vêtements de seconde main, à l'image de Vinted. La formation proposée par le programme NTF V lui a donné l'occasion d'une reconversion professionnelle et de poursuivre son rêve. Elle qui auparavant peinait à faire décoller ses ventes a réussi son pari.
« La formation m'a permis de développer une véritable stratégie éditoriale. Mes contenus suivent désormais un calendrier de publication bien structuré et s'adressent à des cibles clairement identifiées. Je suis beaucoup plus à l'aise sur les réseaux sociaux et les résultats sont là. Mon taux de conversion a grimpé en flèche. J'ai donné ma démission et dans quelques semaines, je serai officiellement à mon compte ! ».
Assitan Mangane est un autre exemple de transformation réussie. Titulaire d'une licence en marketing et communication de l'ESGIC de Bamako, la jeune femme est passionnée par les technologies numériques et s'est formée toute seule pendant des années. Lorsqu'elle a entendu parler de la formation offerte par le programme NTF V, elle a sauté sur l'occasion.
« Au Mali, l'accès à ce type de formation est très coûteux. C'est donc une formidable opportunité de pouvoir bénéficier gratuitement d'un tel accompagnement », témoigne cette jeune femme de 24 ans. A raison de deux journées par semaine pendant près de deux mois, Assitan a acquis des compétences essentielles : créer un site internet avec Wordpress, mettre à profit l'intelligence artificielle pour faciliter la production de contenu, créer un logo avec Canva ou encore utiliser efficacement les réseaux sociaux. Animées par le partenaire EricAcademy, les sessions en présentiel ont rassemblé une grande diversité de personnes, dont de nombreux entrepreneurs. Depuis la fin de la formation, Assitan a décroché un poste de responsable du marketing numérique dans une entreprise de vente en ligne. « Je suis ravie, d'autant plus que l'accès à l'emploi reste difficile pour les jeunes Maliens ».
Dans un proche avenir, Assitan caresse l’ambition de créer son propre emploi : « Je m'intéresse de près au maraîchage. À terme, j'aimerais créer mon propre site de commerce électronique de fruits et légumes. » Une idée qui ne manque pas de potentiel puisque les technologies numériques sont déjà en train de transformer l'agriculture en Afrique.
La phase V du programme Netherlands Trust Fund (NTF V) (juillet 2021 à juin 2025) repose sur un partenariat entre le Ministère des affaires étrangères des Pays-Bas et le Centre du commerce international (ITC). Le programme appuie les micro, petites et moyennes entreprises (MPME) dans les secteurs des technologies numériques et de l'agroalimentaire au Bénin, en Côte d’Ivoire, en Éthiopie, au Ghana, au Mali, au Sénégal et en Ouganda. Son ambition est multiple : contribuer à une transformation inclusive et durable des systèmes alimentaires, en partie grâce à des solutions numériques, stimuler la compétitivité commerciale des start-up technologiques locales à l'international, et appuyer la mise en œuvre de la stratégie d'exportation des entreprises d'externalisation des processus informatiques et commerciaux.