La collaboration technologique locale transforme le secteur agroalimentaire du Sénégal

Malgré les vastes possibilités d'applications numériques dans les chaînes de valeur agricoles, l'adoption de l'AgriTech demeure marginale, en particulier parmi les petits exploitants agricoles et les petites entreprises.

Des obstacles tels qu'une expertise informatique limitée, des contraintes financières et une infrastructure rurale inadéquate entravent l'utilisation efficiente des outils numériques, limitant l'accès au marché, le financement et la croissance des entreprises.

Au Sénégal, l'agriculture est toujours la pierre angulaire de l'économie. Alors que les agro-industries cherchent à ajouter de la valeur, à accéder aux marchés et à améliorer leurs performances, les solutions numériques apparaissent comme des outils essentiels, en particulier pour les petites entreprises.

Pourtant, nombre d'entre elles sont confrontées à des difficultés pour adopter les outils qui correspondent à leurs réalités commerciales et à leurs objectifs à long terme.

C'est là qu'intervient l'initiative Alliances pour l'action de l'ITC, déployée par le biais du programme Netherlands Trust Fund V (NTF V) financé par le Ministère des affaires étrangères des Pays-Bas.

Tirer parti des solutions technologiques locales

Pour étudier comment les outils numériques peuvent renforcer les chaînes de valeur et améliorer la compétitivité, l'ITC a lancé une série de projets pilotes avec des entreprises agroalimentaires locales.

Le premier a été réalisé avec Zena Exotic Fruits, une entreprise dirigée par une femme et connue pour ses produits fruitiers de haute qualité. En partenariat avec l'entreprise technologique sénégalaise Baamtu SARL, le projet pilote a permis de mettre en place un système personnalisé de planification des ressources de l'entreprise (ERP) qui doit moderniser les opérations de Zena.

« L'ERP a centralisé nos processus et a permis à chaque membre de l'équipe de repenser son rôle », témoigne Nicolas Filfili, Directeur général adjoint de Zena.

« Les tâches sont devenues plus simples, les données plus fiables et le système a mis en évidence des lacunes que nous ignorions. L'impact s'est fait sentir au-delà du numérique. »

Baamtu a joué un rôle pratique dès le début, en cartographiant les flux de travail de Zena, en adaptant la plateforme en open-source Odoo et en assurant la formation et l'assistance des utilisateurs.

« Nous avons impliqué Zena à chaque étape », explique Abdoulaye Mbodj, Responsable marketing chez Baamtu. « Cette co-création a permis de nous assurer que la solution correspondait réellement à leurs besoins et de garantir une adoption à long terme. »

Malgré les défis initiaux – du manque de connaissances internes à l'hésitation du personnel – la collaboration a conduit à des améliorations visibles. Les processus manuels tels que les vérifications des fournisseurs et le rapprochement des stocks ont été rationalisés, et des données en temps réel ont été mises à la disposition de tous les services.

Zena a même co-investi 4 500 dollars pour étendre la portée du système, en reliant l'inventaire et la facturation pour un meilleur alignement opérationnel.

Pour garantir un succès continu, l'ITC et ses partenaires ont élaboré une feuille de route de durabilité post-pilote, guidant le parcours numérique de Zena au-delà de la phase pilote. Des formations spécifiques et des équipements modernisés sont déjà en cours de déploiement.

« Les outils numériques tels que les systèmes ERP aident [les petites entreprises] à se développer de manière durable », souligne M. Mbodj. « Ils renforcent les performances, la transparence et, en fin de compte, la compétitivité sur les marchés locaux et mondiaux. »

Pour M. Filfili, le projet a renforcé la stratégie d'expansion de Zena. « Depuis 1986, nous nous sommes développés en adoptant l'innovation. Cet ERP est un nouveau pas en avant. Il améliore déjà notre processus décisionnel et nous permet de passer à l'échelle supérieure. »