Intelligence climatique au Pakistan
Grâce à la formation, des fermières pakistanaises surmontent les impacts des changements climatiques et étendent leur exploitation familiale de manière durable
Les moments que Buwa Lashari passe avec sa vache favorite, Mathar, sont les meilleurs de sa journée. De l’aube au crépuscule, en plus des tâches ménagères et de ses cinq enfants, elle bichonne Mathar et ses autres animaux de ferme. Comme les autres femmes d’Izzat Lashari, son village, elle se consacre corps et âme à ses enfants et ses animaux.
Buwa n’est pas un cas unique. De nombreuses femmes des confins de la province de Sindh au Pakistan se présentent comme des fermières et se chargent du soin des troupeaux.
Hélas, les changements climatiques se dressent devant Buwa.
Fières de leurs troupeaux et de leurs terres, les fermières comme Buwa sont vulnérables aux impacts des changements climatiques. Leur progrès économique et social est entravé par des barrières sociales strictes, la propagation de fausses informations et le manque d’accès aux principales technologies.
Les méthodes traditionnelles sont impuissantes face à la rareté de l’eau induite par des changements climatiques rapides. La crise sanitaire récente liée à la COVID-19 est venue obscurcir la situation déjà difficile des communautés rurales dépendant de l’élevage et de l’horticulture.
"Il pleut quand il n’est pas censé pleuvoir puis il fait extrêmement chaud ; les saisons sont devenues bizarres."
La suspension des transports s’est traduite par des pénuries de nourriture pour les troupeaux. Elle a également empêché de vendre la production laitière aux acheteurs des villes voisines. Les six vaches de Buwa se sont affaiblies et les finances se sont tendues.
"Avec le manque de nourriture, mon troupeau n’a pas produit beaucoup de lait. Ma production a considérablement chuté."
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La situation s’est toutefois largement améliorée lorsque Buwa a pu intégrer une formation sur la gestion du bétail et les produits à valeur ajoutée. Elle a également reçu du fourrage de haute qualité ainsi que des graines de piment résilientes aux perturbations climatiques.
De plus, les participantes à la formation ont pu apprendre comment préparer et commercialiser certains produits laitiers, comme le khoya, un ingrédient populaire pour la fabrication de friandises.
Avec 20 autres femmes, Buwa est rapidement devenue une experte en négociation en ligne. Grâce au téléphone portable reçu dans le cadre de la formation, la distance avec ses acheteurs a été abolie.
Grâce à un meilleur fourrage et de meilleurs soins, le troupeau a repris du poil de la bête, ce qui s’est traduit par des revenus plus élevés pour Buwa et sa famille. Sa vache Mather se porte aussi à merveille.
En outre, la plantation de piment et les pâtes et poudres que Buwa et ses consœurs en tirent représentent une source additionnelle de revenus.
"Mes vaches produisent à présent huit kilos de lait par jour, contre trois et demi auparavant. Les animaux que je vendais à 120 dollars avant atteignent maintenant 200 dollars."
Tournée vers un futur radieux
Le vœu le plus cher de Buwa concerne à présent sa fille aînée. Celle-ci est aussi enthousiaste à l’égard de ses études qu’à propos de la ferme et du troupeau. Elle veut aider sa mère à étendre en ligne l’entreprise familiale à présent durable.
Avec Buwa, 150 fermières des districts de Thatta et de Khairpur, au sein de la province pakistanaise de Sindh, ont reçu une formation pour améliorer leurs pratiques agricoles de manière climato-intelligente. Ces formations font partie du plan d’urgence COVID-19 du Centre du commerce international, déployé au travers du projet Growth for Rural Advancement and Sustainable Progress (GRASP) (la croissance au service de l’essor rural et de progrès durables), financé par l’Union européenne.