Fabriqué en Guinée : Internationaliser le beurre de karité
En Guinée, les femmes enseignent à leur communauté la manière de produire du beurre de karité conforme aux normes internationales, afin de leur permettre d'accroître leurs revenus grâce au marché mondial des cosmétiques.
La colossale industrie mondiale des cosmétiques et des soins prise le caractère naturel hydratant du beurre de karité. Mais au cœur de cette industrie qui pèse plusieurs milliards de dollars, les femmes chargées de la récolte des noix de karité en Afrique de l'Ouest n'ont même pas les moyens d'acheter les produits fabriqués à partir de leur travail.
Afin de modifier cette dynamique, 20 femmes issues de diverses coopératives en Guinée se sont rendues dans la ville de Kankan, où elles ont suivi une formation d'un mois pour apprendre les techniques de gestion et de production relatives à l'exploitation des noix de karité. Le but était surtout de les voir transmettre les connaissances acquises aux membres de leur coopérative respective.
En Guinée, la collecte des noix de karité, la torréfaction des amandes et l'extraction physique du beurre est surtout l'affaire des femmes. Le Programme des Nations Unies pour le développement estime que la chaîne de valeur du karité fournit chaque année près de trois millions d'emplois à des femmes.
Pour accroître les revenus de ces femmes, les responsables des coopératives cherchent à obtenir de meilleurs prix pour leurs récoltes, ce qui passe par une meilleure connaissance des attentes des marchés internationaux.
« La formation a offert de mener un exercice pratique, sous la forme d'une démonstration de l'ensemble du processus. Nous avons ainsi suivi toutes les procédures nécessaires à la production de beurre de karité », a expliqué Keita Aminata, Présidente de Kakidi, une union au sein de la coopérative COPRAKAM. « Nous avons par exemple procédé à un double lavage des amandes afin d'éliminer toute possibilité de contamination. Avant, il nous arrivait de ne pas laver suffisamment les grains avant de les utiliser. De même, lors du triage, notre travail n'était pas assez soigné car tous les grains pourris n'étaient pas éliminés. »
Le projet SheTrades en Afrique de l'Ouest du Centre du commerce international a organisé cette formation dans le cadre de son appui à la production de beurre de karité fabriqué en Guinée, avec l'objectif d'améliorer les moyens de subsistance des femmes de cette filière.
Les 20 participantes venaient de trois coopératives de karité : COPRAKAM, FUPROBEK et BABIA. Elles ont ensuite partagé leurs connaissances avec les femmes de leur communauté respectives, soit 311 femmes au total.
Se préparer au marché
Pour produire un beurre de karité de haute qualité répondant aux normes internationales, les femmes se sont formées aux méthodes de conditionnement et de stockage adéquates.
Elles ont également intégré les procédures de santé et de sécurité inhérentes à la gestion des coopératives, et assimilé la manière d'augmenter la production grâce à un usage plus efficient du bois de chauffage et de l'eau.
Puisque ces femmes sont aussi des agripreneures, elles ont également été initiées à la dynamique régionale et internationale de la filière du karité.
Elles ont ainsi étudié les tenants et les aboutissants des marchés et du commerce – des normes de qualité recherchées par les acheteurs à la création de nouveaux liens avec les marchés, en passant par l'établissement de relations durables et la négociation de contrats.
La formation a permis non seulement d'instruire ces femmes, mais aussi de développer leur capacité à transmettre le savoir acquis aux autres membres de leur communauté, l'assurance que les nouvelles compétences et connaissances atteignent les productrices jusque dans les communautés rurales difficiles d'accès.
Mme Aminata l'a confirmé : « Parce que nous comprenons à présent le rôle que joue la qualité irréprochable de nos produits dans la conclusion de contrats de vente, nous nous engageons à partager ces informations avec tous les membres de nos coopératives ».
« Je suis heureuse de pouvoir partager ces connaissances avec les communautés les plus éloignées, et j'encourage toutes celles à qui je donne des cours à transmettre à leur tour ce qu'elles auront appris. »