Blog : Assistance adaptée pour les jeunes entrepreneurs agiles en temps de crise
Une personne sur quatre dans le monde est un entrepreneur ou s’auto-emploie¹. D’âge compris entre 18 et 34 ans, ces personnes sont des agents du changement dans leurs sociétés respectives en créant des emplois et en résolvant des problèmes sociaux à travers les entreprises qu’elles créent.
La crise de la COVID-19 a durement frappé les jeunes entrepreneurs, d’après l’enquête de l’ITC sur les répercussions de la COVID-19 sur les entreprises². En avril et mai 2020, le Centre du commerce international a mené une enquête auprès de plus de 2000 promoteurs et directeurs d’entreprises dans 130 pays, notamment des bénéficiaires du programme Jeunesse et commerce de l’ITC. Un répondant sur six était âgé de moins de 35 ans. La comparaison de leurs réponses à celles de leurs pairs plus âgés nous fournit des informations intéressantes sur la façon dont les jeunes entrepreneurs font face à la tempête de la pandémie.
Les jeunes entrepreneurs plus exposés au risque de faillite en raison de la COVID-19
Les entreprises dirigées par des jeunes sont exposées aux conséquences de la pandémie pratiquement au même degré que celles dirigées par leurs pairs plus âgés. En effet une proportion similaire de jeunes entrepreneurs a affirmé que la COVID-19 les a aussi fortement affectés que le reste de la population.
Cependant, les jeunes entrepreneurs sont davantage exposés à un risque de faillite en perspective. Quarante-deux pour cent des entreprises dirigées ou détenues par des personnes âgées de moins de 35 ans ont affirmé redouter un risque de fermeture permanente pour leurs entreprises en raison de la crise, contre seulement 35 % d’entreprises dirigées par des pairs plus âgés.
Cet écart significatif de sept points montre que les entreprises dirigées par des jeunes sont plus menacées par une faillite induite par la COVID que les autres entreprises. Il suggère que, même si les entreprises dirigées par des jeunes ne sont pas nécessairement plus exposées aux conséquences économiques de la pandémie, elles sont plus sensibles à celles-ci, mais moins susceptibles d’y faire face. Même après avoir pris en compte le fait qu’elles sont petites et ont un nombre réduit d’employés, les entreprises dirigées par les jeunes éprouvent des difficultés à s’adapter à cette tourmente. Les raisons possibles comprennent l’absence de diversification, de réseaux sociaux et d’expérience professionnelle.
D’autre part, l’enquête révèle que les entreprises dirigées par des jeunes ont été plus fortement susceptibles d’adopter une réponse agile à la situation que celles des pairs plus âgés, puisqu’elles sont plus capables de se reconvertir dans les ventes en ligne, de créer des produits nouveaux ou adaptés, ou de prêter leurs employés à d’autres entreprises en réponse à la crise.
Note: les questions posées aux entreprises répondantes étaient « Avez-vous adopté l’une des stratégies suivantes pour faire face à la crise ? » et « Quel est l’âge du principal responsable de l’entreprise ? ».Un répondant était considéré comme « entreprise dirigée par un jeune » lorsque sa réponse à la dernière question était « 34 ans et moins », et comme « entreprise dirigée par un non-jeune » lorsque sa réponse à cette question était « 35 ans et plus ». Données de 2 123 entreprises dans 128 pays. Les taux de réponses varient en fonction des pays et des régions.
Source: Calculs de l’ITC effectués sur la base de l’enquête de l’ITC sur les répercussions de la COVID-19 sur les entreprises. Données recueillies du 21 avril au 10 mai 2020.
Certaines stratégies de réponse appréciées parmi les chefs d’entreprise chevronnés semblaient moins attrayantes pour les jeunes. Les jeunes entrepreneurs étaient moins susceptibles de télétravailler ou de rééchelonner des crédits bancaires. Dans une certaine mesure, cela est dû au fait que les jeunes entrepreneurs tendent à avoir de petites entreprises, qui ont un moindre potentiel pour le télétravail, et avaient moins de chance de bénéficier facilement d’un crédit bancaire avant la crise³. Cependant, la tendance des jeunes entrepreneurs à essayer de nouvelles démarches proactives, plutôt que de s’adapter aux pratiques actuelles, témoigne d’une approche différente et plus créative pour surmonter les difficultés.
Les jeunes entrepreneurs ont facilement accès à l’information…
Les données suggèrent que les jeunes entrepreneurs ont eu une relation subtilement différente avec les mesures de soutien des gouvernements durant la crise de la COVID-19. Les jeunes entrepreneurs pensent qu’il leur est en moyenne plus facile d’accéder à l’information et de bénéficier des programmes d’assistance des gouvernements en rapport avec la COVID qu’à leurs pairs plus âgés. Cette perception reflète le taux élevé d’alphabétisation numérique parmi les jeunes entrepreneurs. Leur familiarité et leur capacité d’adaptation à l’information et aux procédures de soutien aux entreprises en ligne se sont avérées pratiques pendant les jours et les semaines suivant le début de la propagation du virus.
… et sollicitent des formes d’assistance plus variées que leurs pairs plus âgés
Cependant, seule une minorité d’entreprises dirigées par des jeunes ont déclaré avoir reçu de l’aide d’organisation de soutien aux entreprises. Lorsqu’il leur était demandé comment le gouvernement pouvait leur venir en aide, les jeunes entrepreneurs semblaient avoir davantage besoin d’un soutien concret à court terme pour réduire les coûts. Ils étaient significativement plus susceptibles d’affirmer que les subventions de loyer leurs seraient plus utiles, par exemple. Les programmes d’emploi et de soutien aux personnes sous-employées étaient également assez appréciés. À l’inverse, les jeunes entrepreneurs se montraient moins intéressés par les exonérations fiscales et les programmes financiers par rapport aux entrepreneurs plus âgés.
Besoin d’une assistance rapide et ciblée
Les programmes d’urgence des gouvernements du monde entier visent à empêcher la faillite des entreprises à risque, et les preuves recueillies de l’enquête suggèrent qu’ils seraient particulièrement efficaces pour les entreprises dirigées par des jeunes. Elles sont plus exposées au risque de faillite et ont davantage besoin d’une aide à court terme pour réduire les coûts.
Étant donné que les jeunes entrepreneurs reconfigurent rapidement leurs entreprises pour rester rentables durant la perturbation de la pandémie, des mesures ciblées ont de grandes chances de porter des fruits. Le programme Jeunesse et commerce de l’ITC contribue aux efforts dans ce sens à travers la série de webinaires Coping with COVID-19 hébergée par la Ye! Community, et une campagne par messages vidéolancée en partenariat avec l’Alliance des jeunes pour le leadership et le développement en Afrique (YALDA).
¹ Global Entrepreneurship Monitor (GEM) 2015 APS Global Individual Level Survey Data.
² L’ITC produira d’autres résultats et mises à jour comprenant les données des institutions locales et internationales de soutien aux entreprises. Les partenaires sont les suivants : La Conférence permanente des chambres consulaires africaines et francophones (CPCCAF), la Chambre du Commerce et de l’Industrie du Benin, le Ministère de l’Industrie et de l’Artisanat, la Chambre du Commerce et de l’Industrie du Togo, le Département du Commerce et de l’Industrie des Philippines, la Chambre nationale du Commerce et de l’Industrie du Kenya (KNCCI).
³ Sarah Mohan and Valentina Rollo. 2019. « Autonomiser les jeunes pour le commerce durable ». Chapitre 8 du Panorama de l’aide pour le Commerce 2019 de l’OCDE-OMC. http://www.intracen.org/publication/Aid-for-Trade-at-a-Glance-2019-Empowering-youth-for-sustainable-trade-en/