Augmenter le commerce dans les pays sans littoral à travers le secteur privé
À l'ère de la mondialisation extrême et de l'intensification du commerce, l'accès aux opportunités de commerce est fortement limité pour les entreprises situées dans des pays avec une faible facilitation des échanges. L'importance de la facilitation des échanges est critique pour les PME, dont le chiffre d'affaires est inférieur à celui des grandes entreprises multinationales et qui ont par conséquent une plus faible capacité d'absorption des coûts liés aux transactions commerciales. Les PME ont souvent moins de moyens financiers leur permettant d'assumer des frais administratifs, ce qui les empêche de saisir les opportunités d'intégrer de nouveaux marchés ou d'augmenter leur volume de transactions dans les marchés existants.
Cette situation est exacerbée pour les PME situées dans les PDSL. 'L'absence de littoral empêche une pleine participation dans le commerce international et minimise l'avantage comparatif', selon Heidi Schroderus-Fox, Directrice, Bureau du Haut représentant pour les PMA, les PDSL et les petits États insulaires en développement (UN-OHRLLS), lors d'une réunion sur l'innovation en matière de transport et de logistique qui a eu lieu du 22 au 24 octobre 2013 au siège de la CNUCED à Genève (Suisse). 'Une étude récente par la UN-OHRLLS a montré que le commerce dans les PDSL correspondait à seulement 61% du volume de commerce des pays côtiers, alors que les coûts de transport des PDSL étaient 45% plus élevés que dans un pays côtier représentatif. En raison du manque de littoral, le niveau de développement des PDSL est en moyenne 20 % inférieur à ce qu'il serait si ces pays étaient côtiers. Une amélioration des transports et la facilitation des échanges restent essentiels à la réduction des coûts élevés de transport supportés par les PDSL.' Tel était le message donné par Schroderus-Fox lors de la réunion qui avait pour but la préparation de la conférence de l'examen décennal approfondi de la mise en œuvre du Programme d'action d'Almaty, en 2014.
Afin de traiter les difficultés en matière de facilitation des échanges des pays sans littoral, le Programme d'action d'Almaty appelle à des efforts conjoints par les PDSL et de transit – avec une assistance technique et financière importante de la part des partenaires – afin d'établir un nouveau cadre global pour le développement de systèmes efficaces de transport en transit . Le but est de surmonter les problèmes spécifiques aux PDSL qui découlent du manque d'accès territorial aux côtes et de leur éloignement et leur isolement par rapport aux marchés mondiaux.
Les participants à l'événement de Genève, pour la plupart des diplomates représentant les PDSL et en transit dans les missions à Genève, ainsi que des représentants de haut niveau de l'Azerbaïdjan, de la République démocratique du Congo et du Nepal, ont reconnu le progrès significatif dans le développement du transport et la facilitation des échanges accompli au cours de la dernière décennie, mais il reste encore beaucoup à faire pour optimiser la connectivité.
Libérer le potentiel du secteur privéLe secteur privé peut jouer un rôle essentiel dans la gestion des questions liées à la facilitation des échanges, comme reconnu par les participants à l'événement. Ces derniers ont souvent souligné le besoin de collaboration entre les gouvernements et le secteur privé afin d'identifier les blocages, proposer des solutions, financer l'infrastructure de facilitation des échanges (avec un accent particulier sur les pays aux ressources limitées), traiter les lacunes en matière de politiques et fournir un environnement interne compétitif pour les fournisseurs de services de logistique commerciale.
Une des manières de libérer le potentiel du secteur privé est l'utilisation effective de mécanismes de consultation assurant la coordination avec des parties prenantes des secteurs public et privé s'agissant d'une série de mesures devant être prises. Rukia Shamte, Secrétaire exécutive de l'Agence de Facilitation du Transport de Transit du Corridor Central, a expliqué que depuis le début de l'initiative, en 2006, la collaboration public-privé entre le Burundi, la République démocratique du Congo, le Rwanda et la République-Unie de Tanzanie s'était beaucoup améliorée, parallèlement aux améliorations en matière de facilitation des échanges entre ces derniers. L'initiative a encouragé le feedback du secteur privé concernant les problèmes rencontrés et les solutions trouvées à travers des activités économiques et commerciales.
Dans son discours, Schroderus-Fox a expliqué que les développements récents du Programme d'action d'Almaty ont mené à l'intégration d'un suivi du secteur privé en parallèle aux suivis intergouvernementaux et inter-agences déjà mis en place.
'Le suivi du secteur privé a pour but d'assurer l'engagement actif des représentants du secteur privé durant toutes les étapes du processus préparatoire et de la Conférence elle-même, en particulier afin d'aider à l'identification de propositions concrètes, axées sur les actions, concernant les problèmes et difficultés spécifiques aux PDSL dans les domaines du commerce et de la facilitation des échanges, du transport, de l'investissement et du développement des entreprises', a affirmé Schroderus-Fox. Enfin, a-t-elle ajouté, le secteur privé peut contribuer à formuler des stratégies innovatrices et des recommandations en matière de politiques qui composeront le cadre du développement devant être adopté lors de la conférence.