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Entretiens

Augmenter la part du commerce intra-africain : Afreximbank se porte garant des petites entreprises

8 avril 2025
Entretien avec Kanayo Awani, Vice-Présidente exécutive, Commerce intra-africain et développement des exportations, Afreximbank

Le Forum du commerce s'est entretenu avec Kanayo Awani de la Banque africaine d'import-export (Afreximbank) au sujet du vaste potentiel des petites entreprises de stimuler le commerce intra-africain, et des nombreuses solutions proposées par la banque pour réaliser ce potentiel dans le cadre de la Zone de libre-échange continentale africaine.

D'où vient la détermination d'Afreximbank de former les petites entreprises à l'exportation dans le cadre de la ZLECAf ?

Afreximbank s'est engagée à donner aux petites entreprises africaines les moyens de devenir des acteurs clés du commerce intra-africain. Nous reconnaissons l'immense potentiel des petites et moyennes entreprises (PME) de stimuler le commerce intra-africain, même si ce dernier ne représente actuellement que 15 % à 18 % du commerce africain total, contre 65 % pour l'Europe.

En portant la contribution des PME à 29 %, des opportunités commerciales d'une valeur stupéfiante de 532 milliards de dollars pourraient déjà être débloquées. Cependant, les entreprises ont besoin de connaissances et d'outils adéquats pour prospérer au sein de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).

C'est pourquoi nous nous sommes associés au Centre du commerce international (ITC) pour lancer le programme de formation « Comment exporter au sein de la ZLECAf ». Depuis son lancement en décembre 2020, le programme a été mis en œuvre par 15 pays africains, a enregistré plus de 10 000 apprenants, a certifié 1 500 participants et a formé près de 220 formateurs.

Femme s'exprimant lors d'un événement
Kanayo Awani, Vice-Présidente exécutive, Commerce intra-africain et développement des exportations, Afreximbank

L'ITC et l'UE appuient l'UA pour développer et améliorer les chaînes de valeur conformément à son programme d'industrialisation, en se concentrant sur les automobiles et les produits pharmaceutiques. Comment Afreximbank soutient-elle ces industries ?

Afreximbank s'est en effet engagée à accélérer l'industrialisation de l'Afrique en appuyant ces secteurs stratégiques. En 2020, la banque a lancé sa stratégie automobile dans le cadre de la ZLECAf pour promouvoir les chaînes de valeur régionales, fournir des solutions de financement sur mesure et appuyer le développement des politiques et le renforcement des capacités.

La banque a ainsi fourni un milliard de dollars pour remédier à l'accès limité aux marchés, aux infrastructures sous-développées et à la fragmentation des marchés à travers l'Afrique. En collaboration avec le Secrétariat de la ZLECAf et l'Association africaine des constructeurs automobiles, nous avons élaboré une stratégie automobile continentale et, en outre, appuyé une étude complète sur les chaînes de valeur automobiles africaines, qui a été validée par les ministres du commerce de la ZLECAf en 2024.

Pour améliorer le secteur pharmaceutique, Afreximbank s'est associée à la Société internationale islamique de financement du commerce en 2021 dans le cadre du programme Arab-Africa Trade Bridges (Passerelles commerciales entre les pays arabes et africains) pour appuyer l'Organisation africaine de normalisation (ARSO) dans l'harmonisation de 385 normes pharmaceutiques d'ici 2024. 

En outre, le mécanisme de financement des vaccins d'Afreximbank a fourni deux milliards de dollars de garanties d'approvisionnement, ce qui a permis aux pays africains d'accéder aux vaccins contre la COVID-19 rapidement et à un prix abordable. La banque a également appuyé la Plateforme africaine de fournitures médicales pour l'achat de vaccins essentiels, aidant ainsi les États membres à répondre à la pandémie.

Un jeune homme en blouse de laboratoire supervise le remplissage de bouteilles en verre.
Mise en bouteille du lait de cajou en Côte d'Ivoire

Comment le commerce équitable intra-africain fait-il progresser le programme d'intégration régionale de l'Afrique et accélère-t-il la mise en œuvre de la ZLECAf ?

Afreximbank est déterminée à élargir l'accès au commerce, à l'investissement et à l'information sur les marchés afin d'augmenter la part du commerce intra-africain dans le commerce total de l'Afrique, avec un objectif à court terme de 25 %. En ce sens, la banque a lancé la Foire commerciale intra-africaine (IATF) en partenariat avec la Commission de l'Union africaine et le Secrétariat de la ZLECAf. Considérée comme la place de marché panafricaine de la ZLECAf, la plateforme IATF met en relation les entreprises, les décideurs politiques et les financiers, favorisant ainsi les opportunités de commerce et d'investissement dans divers secteurs, notamment la création, l'automobile, l'agriculture, l'infrastructure et les services financiers.

Depuis 2018, cet événement biennal a généré cumulativement plus de 100 milliards de dollars d'accords commerciaux et d'investissements, attirant plus de 70 000 visiteurs et 4 500 exposants. La quatrième édition à venir à Alger en septembre 2025, sur le thème « Un Portail vers de nouvelles opportunités », devrait attirer plus de 2 000 exposants et 35 000 visiteurs, et générer plus de 44 milliards de dollars d'investissements.

Comment Afreximbank soutient-elle les chaînes de valeur de la diaspora et de l'Afrique des Caraïbes ?

La diaspora africaine, désignée par l'Union africaine comme la 6e région d'Afrique, est cruciale pour la transformation économique de l'Afrique. La stratégie de commerce intra-africain d'Afreximbank intègre donc une stratégie de la diaspora qui a redéfini le commerce intra-africain pour inclure le commerce entre tous les Africains, quel que soit leur lieu de résidence.

La banque joue ainsi un rôle primordial dans le renforcement des liens économiques entre l'Afrique, les Caraïbes et la diaspora africaine à travers le monde. Cet engagement a conduit à la signature d'accords de partenariat entre douze États membres de la CARICOM et Afreximbank.

En 2023, Afreximbank a établi son bureau CARICOM à Bridgetown, à la Barbade, afin d'aider à renforcer les flux commerciaux et d'investissement entre l'Afrique et les Caraïbes, ce qui constitue une étape importante dans cette relation.

Depuis lors, plus de 120 millions de dollars ont été déboursés pour appuyer des projets transformateurs dans toute la région. En outre, Afreximbank a identifié plus de 3 milliards de dollars d'opportunités de commerce et d'investissement au sein de la région CARICOM et a approuvé une limite de financement de 1,5 milliard de dollars aux économies caribéennes pour des projets à fort impact dans des secteurs critiques.

Parallèlement, le Forum Afrique-Caraïbes sur le commerce et l'investissement (AfriCaribe), un événement phare organisé en partenariat avec le Conseil commercial Afrique-Caraïbes, demeure une force motrice dans la promotion des liens commerciaux et d'investissement. La prochaine édition aura lieu à St. George's, à la Grenade, en juillet 2025. Enfin, le lancement du Global Africa Gateway (Portail africain mondial) à New York l'année dernière a marqué une nouvelle étape majeure dans le renforcement des liens commerciaux entre l'Afrique et la diaspora.

Au Forum Afrique-Caraïbes sur le commerce et l'investissement en 2024

En quoi le Système de paiement et de règlement panafricain d'Afreximbank favorise-t-il le commerce régional ?

Un des principaux obstacles à l'efficience du commerce intra-africain est le recours à des monnaies tierces pour les transactions transfrontières, ce qui entraîne des coûts élevés, des retards et des risques de change. Plus de 5 milliards de dollars de règlements commerciaux intra-africains sont traités par l'intermédiaire de banques correspondantes hors d'Afrique chaque année. C'est pourquoi Afreximbank, en collaboration avec l'Union africaine, a développé le Système de paiement et de règlement panafricain (PAPSS) pour rationaliser les paiements à travers le continent.

Il s'agit d'un système de paiement centralisé, sécurisé et instantané. Le PAPSS permet aux entreprises, aux PME et aux particuliers d'effectuer des transactions en monnaie locale, ce qui élimine le besoin d'intermédiaires étrangers, réduit de manière significative les coûts de transaction – jusqu'à 50 % – ainsi que les délais de traitement qui sont passés d'une moyenne de 3 à 5 jours à quelques secondes seulement.

Afreximbank agit comme l'agent de règlement principal : en assurant ainsi la gestion des liquidités, la banque peut atténuer les risques.

Depuis son lancement, 15 banques centrales, 150 banques commerciales et 14 commutateurs de paiement nationaux et régionaux se sont connectés au système, qui a acquis la capacité de gérer plus de 300 milliards de dollars de paiements commerciaux intra-africains par an.

En s'attaquant à l'un des défis les plus pressants du commerce intra-africain, le PAPSS renforce l'indépendance financière de l'Afrique et accélère la mise en œuvre de la ZLECAf.