Afrique de l'Ouest : la réapparition d'une puissance économique
Pendant des siècles, la Côte d’Ivoire a
été connue pour ses richesses naturelles
abondantes. Aujourd'hui cela se
reflète dans sont statut de plus grand exportateur
de cacao du monde.
Cette position ne devrait pas être sousestimée.
Un coup d’État en 1999, suivi par
une sanglante élection présidentielle et une
rébellion, ont démis la Côte d’Ivoire du rang
de puissance économique de l’Afrique de
l’Ouest. Investisseurs, entreprises étrangères
et organisations internationales ont quitté le
pays, ce qui a contribué à faire reculer des
décennies de développement.
Cependant, après une décennie de stabilité
politique, la Côte d’Ivoire a pu regagner
de sa puissance, même si l’économie du pays
reste encore fragile. Or, des évènements
tels que l’épidémie d’Ebola pourraient rapidement
replonger le pays dans une misère
économique, annulant les progrès accomplis.
Le retour de la Banque africaine de développement
à Abidjan, la capitale ivoirienne,
après 10 ans d’exil, est un signe positif.
Le fait que les entreprises internationales
reprennent leurs opérations dans le pays, et
que d’autres y investissent pour la première
fois, attirées par des opportunités offertes
dans une série de secteurs tels que l’agriculture
et l’exploitation minière, l'est aussi.
Afin de renforcer l’économie de la Côte
d’Ivoire, en plein essor, la Stratégie nationale
à l’exportation (SNE) a été lancé en novembre
2014. Élaborée par le Ministre du Commerce,
de l’Artisanat et des PME, avec le soutien de
l’ITC, la SNE vise à conduire le pays vers un
avenir plus diversifié, durable et inclusif.
La stratégie identifie des secteurs autres
que le cacao et le café ayant un grand
potentiel d’exportation, notamment les secteurs
textiles et vêtements, caoutchouc et
plastique, fruits tropicaux et services des
technologies de l’information. Elle identifie
ensuite de manière systématique les interventions
visant à faciliter le commerce et le
succès des exportations.
'La stratégie devrait aider à repositionner les exportations ivoiriennes sur les marchés internationaux et renforcer leur compétitivité. De plus, elle devrait doper la compétitivité du secteur privé et contribuer à attirer l’Aide pour le commerce et les investissements vers les secteurs d’exportation', affirme le Premier Ministre Daniel Kablan Duncan.
La SNE s’efforce de mettre l’accent sur les
PME. Cependant, pour que les PME puissent
jouer un rôle plus important dans l’économie
ivoirienne, il faudrait mettre en place un
meilleur environnement commercial dont
les objectifs seraient atteints.
'Seule une mise en oeuvre réussie du plan
d’action stratégique [SNE] pourra réaliser
la promesse de nouveaux marchés, de nouveaux
produits avec une plus grande valeur
ajoutée et de nouveaux emplois dans les
secteurs de l’exportation', a affirmé Arancha
González, Directrice exécutive de l'ITC.
Comme dans la plupart des pays, les PME
détiennent la solution au défi posé par le chômage
en Côte d’Ivoire. Elles peuvent fournir
de meilleures conditions pour le commerce
et aider à offrir un travail décent aux plus
défavorisés, en particulier les femmes et les
jeunes. Hamed Coulibaly, Directeur commercial
chez Rama Céréal, entreprise productrice
de céréales, figure parmi ceux qui voient d'un
bon oeil le fait de mettre davantage l'accent
sur les exportations ivoiriennes.
Au moment de sa création en 2005, Rama Céréal employait cinq personnes; aujourd’hui, elle compte 25 employés, des femmes pour la plupart. Après avoir réussi à pénétrer le marché ivoirien, la société a commencé à exporter d’abord vers les pays voisins, en particulier le Bénin, grâce à une relative stabilité politique.
Afin d’étendre ses activités, Rama Céréal
doit investir dans de nouveaux équipements;
cependant, l’accès au financement l’en
empêche, selon M. Coulibaly. Il espère que
les produits de Rama Céréal seront bientôt
distribués à l’étranger ainsi qu’en Afrique.
'Nous cherchons des partenaires en Europe’,
a-t-il dit. 'Si nous y parvenons, la société
pourrait doubler sa production.'
L’augmentation des exportations est aussi le but de Michèle Yakice, Directrice et Fondatrice d’une fondation et d’une école qui portent son nom. Ces dernières offrent à des jeunes, une majorité de femmes, une formation dans des domaines liés à la mode tels que le design de vêtements et la coiffure. Ses étudiants viennent non seulement de la Côte d’Ivoire, mais aussi d’autres pays de l’Afrique de l’Ouest. Son organisation compte parmi les bénéficiaires du Programme d’appui au commerce et à l’intégration régionale de Côte d'Ivoire (PACIR), financé par l’Union européenne, dont l’ITC est un partenaire de mise en oeuvre.
La participation à ce programme pendant deux ans a permis à Mme Yakice, qui emploie 50 personnes qui cumulent les fonctions d’enseignants et de travailleurs qualifiés, de réorganiser ses activités et ses modèles de production. 'C’était un long processus', dit-elle. 'Nous sommes encore dans le processus de restructuration, mais grâce au PACIR nous avons pu ouvrir notre magasin il y a deux mois.'
Mme Yakice partage l’inquiétude de
M. Coulibaly quant à l’accès immédiat au
financement. 'Ce n’est pas vraiment le fait
d’être une femme, mais plutôt le manque
de liquidités nécessaires pour demander
un financement nous permettant de commander
les quantités dont nous avons
besoin', dit-elle. 'C’est plutôt une question
de confiance entre les banques et
les PME.'
Comme la plupart des entreprises, celle
de Mme Yakice souffre de l’instabilité politique
de la région et de la crise financière
mondiale. 'Nous exportons, mais en petites
quantités', ajoute-t-elle. 'Notre plus grand
marché est l’Angola, mais il se rétrécit dû à
la crise. Maintenant les affaires reprennent
à nouveau et nous cherchons d’autres
marchés.'
La Côte d’Ivoire reprend pas à pas
son chemin vers son précédant niveau
de puissance économique, voire au-delà.
Bien que la SNE soit un pas dans la bonne
direction, atteindre les buts établis demandera
un effort majeur. Des propriétaires
d’entreprises tels que M. Coulibaly et
Mme Yakice sont parmi ceux qui mènent
la charge.