
Risque et finance
À propos du risque
Les opérateurs des chaînes de valeur mondiales du café sont confrontés à tout un éventail de risques qui influencent la production, les ventes, la distribution, l'entrée sur le marché, la rentabilité à long terme, l'accès au financement et aux investissements, ainsi que la stabilité générale des relations commerciales. Par conséquent, il est essentiel de connaître les risques encourus pour aider les acteurs à saisir les opportunités du marché, à s'engager sur la voie de la croissance et à renforcer la résilience du secteur. En effet, quelle que soit leur place dans la chaîne de valeur mondiale, les organisations et les entrepreneurs sont tous confrontés à des risques inhérents.
Les risques généraux affectent les opérateurs du secteur du café, bien que l'impact varie d'un acteur à l'autre. En outre, des risques spécifiques sont associés à chaque étape de la chaîne de valeur mondiale. La nature de ces risques est liée aux particularités des opérations de production, de transformation, de commerce, de torréfaction et de commercialisation.
Risques généraux :
-
Risques environnementaux : le changement climatique et la perte de biodiversité menacent la culture du café en affectant l'adéquation des terres, en favorisant la déforestation et en dégradant les forêts. Les opérateurs doivent s'attaquer à ces problèmes pour garantir la production future de café.
-
Risques physiques et de sécurité : les stocks de café peuvent être perdus ou mal manipulés, en particulier lors des transactions. Les banques les protègent souvent par des privilèges ou des récépissés d'entrepôt, mais elles peuvent exiger des garanties supplémentaires de la part des petits opérateurs.
-
Risques de marché : les fluctuations des prix du café peuvent entraîner des pertes pour les petits agriculteurs, les négociants ou les exportateurs, en particulier si les prix sont inférieurs aux coûts des intrants ou s'ils augmentent de façon inattendue, ce qui crée des risques de défaillance.
-
Risques relatifs aux pays : l'instabilité politique, sociale et économique dans certains pays producteurs de café affecte les coûts d'emprunt et peut obliger les banques à exiger des garanties ou des assurances supplémentaires.
-
Risques de change : le café, une matière première négociée en dollars, est confronté à des risques lorsque les devises locales fluctuent par rapport au dollar, ce qui a un impact sur les recettes d'exportation. Certains exportateurs atténuent ce risque en empruntant en dollars, mais cette solution est difficile à mettre en œuvre dans les pays dont les systèmes financiers sont faibles.
- Risques de production : les producteurs de café sont vulnérables aux maladies des plantes, aux événements météorologiques et au manque de recherche et d'innovation dans le domaine de l'agriculture. Des investissements accrus dans la recherche et la technologie sont nécessaires pour l'adaptation au changement climatique.
-
Risques de performance : les défaillances contractuelles, telles que la non-livraison ou le non-paiement, peuvent entraîner des pertes. Des mesures de protection telles que la gestion des garanties et la négociation avec des acheteurs autorisés permettent de gérer ce risque.
Deux perspectives principales sur le risque et la gestion du risque sont pertinentes dans le secteur du café :
-
La perspective commerciale, qui concerne principalement la gestion du produit physique et de son prix, bien que le risque de performance joue également un rôle ; et
-
La perspective financière ou de prêt, qui s'intéresse principalement au risque de performance.
Le risque de performance se matérialise lorsqu'un emprunteur n'atteint pas les résultats escomptés. Par exemple, un exportateur ou une coopérative de producteurs n'est pas en mesure de rembourser un prêt, fait de fausses déclarations sur la situation financière ou commerciale de l'entreprise, fausse la qualité des biens financés ou se livre à une pure spéculation à l'insu de ses bailleurs de fonds. Toutefois, les emprunteurs sont aussi exposés au risque de défaillance de leurs acheteurs ou fournisseurs. Par exemple, une évolution défavorable des prix peut amener un fournisseur à ne pas respecter ses contrats de vente, ce qui empêche l'emprunteur de remplir ses propres obligations contractuelles, sans qu'il soit responsable de la situation.
En raison du grand nombre de facteurs qui contribuent à l'incertitude, le financement du commerce des matières premières est une activité hautement spécialisée, généralement assurée non pas par les banques de détail traditionnelles, mais plutôt par les banques de prêt aux entreprises ou de financement du commerce des matières premières, qui prêtent des capitaux pour le commerce, et non pour la spéculation. Par conséquent, les emprunteurs et les institutions financières doivent s'entendre sur les types de transactions à financer avant de fixer une limite de crédit ou une ligne de crédit, afin d'éviter que chaque transaction ne doive être approuvée individuellement. En général, mais pas toujours, l'emprunteur peut alors négocier librement dans les limites qui ont été convenues et ne doit demander une approbation supplémentaire que pour augmenter la ligne de crédit.

Financement de la chaîne de valeur mondiale du café
Les acteurs de la chaîne de valeur mondiale du café dépendent de diverses sources de financement pour maintenir leurs activités. La diversité des canaux de crédit à la disposition des opérateurs de café aux différents stades de la chaîne de valeur mondiale du café constitue un écosystème de financement assez complexe.
Les institutions financières extérieures à la chaîne fournissent également une part importante du crédit. Plus récemment, le financement du développement et le financement d'impact ont conduit à l'allocation de capitaux externes par des investisseurs d'impact et d'autres partenariats hybrides d'acteurs cherchant à générer des résultats directs ou médiatisés en matière de durabilité aux stades de la production et de la transformation. Ces sources de financement ciblent des questions de durabilité essentielles que le financement traditionnel ne prend pas en compte, principalement en raison de préoccupations liées au risque.
Les fonds agricoles, les financements mixtes et les investissements à impact tirent parti de produits financiers innovants et de partenariats stratégiques. Ils les complètent par une assistance technique aux organisations de producteurs et aux petites et moyennes entreprises (PME) agricoles, afin de financer les types d'investissements que le financement traditionnel du café n'aborde pas.
Étant donné que chaque acteur cible différentes étapes de la production de café par le biais de différents produits de financement, les implications et les défis qui en découlent sont hétérogènes et très spécifiques.
Outils et ressources utiles pour naviguer dans l'industrie du café
Cette section vous fournit des outils et des informations essentiels pour gérer efficacement les risques financiers et obtenir des financements dans l'industrie du café.
Principaux acteurs de la finance mixte et de l'investissement d'impact dans le café et l'agro-industrie
Investisseurs d'impact
Fonds Acumen |
|
Alterfin |
|
AgDevCo |
|
Bamboo Capital Partners |
|
Blue Orchard |
|
Clamondial |
|
Global Partnerships |
|
Incofin |
|
ResponsAbility |
|
Root Capita |
|
Shared Interest |
|
Skoll Foundation |
|
WCR |
https://worldcoffeeresearch.org |
Institutions bancaires et financières
Oikocredit |
|
Rabobank |
|
Triodos Bank |
Réseaux
Council on Smallholder Agricultural Finance (CSAF) | https://csaf.org/ |
Smallholder and Agri-SME Finance and Investment Network (SAFIN) | https://safinetwork.org/ |
Autres ressources
-
Cadre de prospectus d'investissement – Guide pratique : cette note d'orientation s'appuie sur l'expérience de conception et de mise en œuvre des cadres de prospectus d'investissement du réseau dans six pays (Jamaïque, République dominicaine, Ouganda, Nigéria, Inde et Colombie) sur la période 2018-2020. https://5724c05e-8e16-4a51-a320-65710d75ed23.filesusr.com/ugd/f6ddfc_9ef32c8e26024fcfad3e36ef3901b364.pdf (en anglais)
-
Dossier investissement – Chaîne de valeur du café en Ouganda : https://5724c05e-8e16-4a51-a320-65710d75ed23.filesusr.com/ugd/f6ddfc_492e1288ec13479fadf73f845d0635f7.pdf (en anglais)
-
Analyse du champ d'application – Opportunités d'investissement dans les chaînes de valeur du cacao, du café et des produits laitiers en Colombie : https://5724c05e-8e16-4a51-a320-65710d75ed23.filesusr.com/ugd/f6ddfc_dcf13430afb64c48b4b1e98a607c7800.pdf (en espagnol)
-
Rapport sur le paysage de la finance mixte pour l'agriculture : https://assets.ctfassets.net/4cgqlwde6qy0/6G2t1GLRak5ZtVKpsPIY6a/17211670b3233a47da6c9b4dbdf9f3ae/Landscape_Report_-_Blended_Finance_for_Agriculture.pdf (en anglais)
Développé par le Global Impact Investing Network, IRIS+ est le système le plus accepté pour mesurer et gérer l'impact parmi les investisseurs d'impact au niveau mondial. Le système est basé sur un ensemble de normes pour les mesures d'impact qui sont constamment mises à jour pour tenir compte de l'évolution de chaque secteur.
Le catalogue est organisé par thème. Les mesures d'impact pour les petites exploitations agricoles comprennent les rendements moyens, les déplacements forcés, les types de connexion, les terres directement contrôlées et gérées de manière durable, l'utilisation de pesticides, le niveau de stress hydrique et les primes aux producteurs. Pour consulter le catalogue complet des paramètres, voir https://iris.thegiin.org/metrics/ ; pour consulter la boîte à outils sur les mesures d'impact pour les investisseurs, voir https://impacttoolkit.thegiin.org.
Un tutoriel vidéo sur la manière dont un investisseur peut identifier les indicateurs d'intérêt, ainsi que la manière de structurer et de mesurer les paramètres, est disponible à l'adresse suivante : https://www.youtube.com/watch?v=4aTKE4_Bbvs.
Revitaliser les exploitations de café en Colombie
La grande majorité des plus d'un demi-million de producteurs de café de Colombie sont des petits exploitants. Bien que le pays soit l'un des principaux producteurs de café au monde, sa production a chuté de près d'un tiers en 2009. Cette baisse est due en partie aux maladies et au grand nombre d'exploitations vieillissantes qui doivent être rénovées, mais qui ne peuvent accomplir cet effort en raison de la pauvreté des petits exploitants et de leurs difficultés à obtenir des fonds pour les infrastructures et les investissements à long terme.
Néanmoins, les caféiculteurs colombiens sont parfaitement conscients de l'impératif de rénover et de replanter leurs exploitations, comme le montre le taux de 40 % de ceux qui y sont parvenus, et ce, sans aucune aide.
Le programme Permanency Sustainability and Future (Permanence, durabilité et avenir) a été lancé pour les aider à rajeunir leurs exploitations. Ce programme, mené par la Fédération des producteurs de café en collaboration avec le Ministère de l'agriculture et les banques locales, fournit des prêts et des subventions pour la rénovation des exploitations. Il a accordé plus de 216 000 prêts à des petits exploitants, avec l'objectif de rénover 184 000 hectares de terres en cinq ans. Cela représente environ un quart de la superficie totale du pays consacrée à la culture du café.
L'importance du savoir-faire
La Fédération des producteurs de café a également fourni aux agriculteurs ciblés des semences et des plants certifiés, ainsi que des conseils agronomiques et commerciaux.
Afin de rendre le programme financièrement plus réalisable et plus attrayant pour les petits exploitants, le remboursement a été échelonné sur sept ans, les deux premières années étant considérées comme un délai de grâce. Parmi les autres enseignements tirés du programme figurent l'importance d'un engagement politique à long terme et la nécessité d'une présence d'experts sur le terrain pour aider les agriculteurs à tirer le meilleur parti de leurs investissements.
Après une baisse initiale de la production pendant la période de replantation, le programme a contribué à stimuler les exportations de café à partir de 2012. Il a également permis d'améliorer les moyens de subsistance des agriculteurs qui en ont bénéficié et de renforcer la viabilité et la durabilité à long terme des exploitations ciblées.
Source : Centre du commerce international
S'adapter à la réalité présente du changement climatique
Les mises en garde du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) et les climatologues sur les conséquences du réchauffement de la planète se projettent sur plusieurs décennies. Pourtant, sur le terrain, les effets du changement climatique se font déjà ressentir.
Les agriculteurs en général et les producteurs de café en particulier en témoignent déjà. Ils doivent faire face à l'augmentation de la fréquence des phénomènes météorologiques extrêmes, notamment les tempêtes, les sécheresses, les vagues de chaleur et les périodes de froid.
Par exemple, les fortes pluies et les vents violents peuvent arracher les fleurs de caféiers des arbres, ce qui affecte la production de fruits, tandis que les sécheresses prolongées affectent la croissance et le développement des cerises de café.
ACToday se projette dans le présent
En d'autres termes, en parallèle aux actions à long terme visant à minimiser le changement climatique et à en atténuer les effets, il nous faut mettre en place des stratégies d'adaptation pour aider les agriculteurs à faire face ici et maintenant au réchauffement de la planète.
Le projet ACToday (Adapting Agriculture to Climate Today, dont l'acronyme signifie aussi AGIR aujourd'hui) vise à aider les agriculteurs de quatre pays producteurs de café – Colombie, Éthiopie, Guatemala et Viet Nam – à s'adapter à la volatilité du climat. L'initiative, menée par la plateforme Columbia World Projects de l'université de Columbia, rassemble des experts de différentes disciplines, notamment des climatologues, des chercheurs en sciences sociales et des experts agricoles.
Partager les fruits de la connaissance
ACToday élabore des stratégies adaptées à chaque pays. Le projet vise à garantir que les informations et les prévisions climatiques pertinentes et utiles parviennent jusqu'aux agriculteurs, pour leur permettre d'anticiper et de se préparer aux événements climatiques extrêmes, mais aussi aux conditions météorologiques favorables.
En réduisant le déficit d'information, ACToday permet aux petits producteurs de café et aux coopératives d'améliorer leurs stratégies de gestion des risques climatiques et, par conséquent, leurs investissements à long terme, leur productivité et leurs revenus en période d'incertitude.
Source : J. Nicolas Hernandez-Aguilera, membre de l'équipe d'ACToday en Éthiopie, à l'occasion d'une discussion sur les événements climatiques et leurs conséquences potentielles sur le cycle de production avec des producteurs de café dans la zone de Gedeo, en Éthiopie.
La finance mixte aide l'Ouganda à trouver le bon mélange politique pour le café
Malgré un développement rapide et des taux de croissance économique prodigieux au cours des deux dernières décennies, l'Ouganda n'est pas encore au bout de ses efforts, comme le reflète sa position dans l'indice de développement humain (en 2019, le pays était encore classé 159e sur 189 pays).
Pour remédier à cette situation, ce pays du bassin du Nil a lancé en 2013 la Vision Ouganda 2040. Compte tenu de l'importance de l'agriculture dans l'économie nationale (près de 23 % du produit intérieur brut) et du fait que la majeure partie de la population active ougandaise opère dans le secteur agricole (72 % de l'emploi), l'agriculture constitue un pilier essentiel de la Vision 2040.
Dans le cadre de ses efforts pour réformer et moderniser son secteur agricole, l'Ouganda s'est engagé dans une stratégie ambitieuse qui vise à augmenter la quantité et la qualité de sa production de café.
Le pays est le deuxième producteur de café en Afrique et le septième au monde. Ce produit représente près de 12 % des recettes d'exportation et rapporte entre 20 % et 30 % des devises. La production de café est dominée par les petits producteurs, qui représentent 85 % de la production totale.
L'Ouganda produit 4,7 millions de sacs de café par an (2018), dont 80 % de Robusta qui est exporté non transformé en tant que produit de base. L'objectif du gouvernement est de porter la production à 20 millions de sacs d'ici 2030.
Un défi capital
Pour atteindre ses objectifs dans le secteur du café, l'Ouganda cherche à stimuler la productivité et la production des agriculteurs. Le gouvernement entend y parvenir en améliorant la qualité du matériel de plantation et des intrants, en augmentant de 20 % la superficie réservée à la production de café, et en multipliant les rendements par trois.
La moitié du café ougandais est produite dans le cadre d'une activité de subsistance, par des agriculteurs qui considèrent cette activité comme secondaire, et 85 % des producteurs ne sont affiliés à aucun collectif. Cette situation explique pourquoi l'accès au financement constitue l'un des principaux obstacles auxquels le secteur est confronté.
Bien que les prêts du secteur privé à l'agriculture aient considérablement augmenté ces dernières années (de près de 8 % en 2013 à plus de 12 % en 2018), le financement demeure un défi majeur, en particulier pour les activités de transformation et de modernisation.
Solutions mixtes
Le financement mixte est à l'étude en Ouganda en raison de son grand potentiel d'effet de levier. Un des principaux acteurs de ce type de financement est le réseau SAFIN, qui rassemble des agences de développement gouvernementales et intergouvernementales, des institutions financières, des fondations philanthropiques et des prêteurs sociaux afin d'élargir l'accès aux services financiers.
Parmi les partenaires du réseau SAFIN en Ouganda figurent le Centre du commerce international, la Commission européenne, le Fonds international pour le développement agricole et l'Uganda Agribusiness Alliance. Dans sa brochure de présentation, le réseau SAFIN propose deux options principales d'investissement dans le secteur du café ougandais : le traitement du café sec et les installations de classement du café Robusta.
Source : Centre du commerce international (2021)
Poursuivre la lecture :
Poser une question ou proposer une ressource au Réseau du Guide du Café
Vous connaissez un outil ou une ressource que nous n'avons pas abordé sur cette page, vous avez une question qui n'y est pas traitée – posez votre question ou proposez votre ressource au Réseau du Guide du Café. Nous en tiendrons compte dans notre programme de recherche et de partage d'informations.