
Comprendre le marché du café
La consommation mondiale de café augmente de 2,2 % par an, ce qui devrait porter la demande à 300 millions de sacs d'ici à 2050. L'industrie est toutefois confrontée à des défis systémiques et environnementaux qui menacent sa production. Le café est un acteur central du commerce agricole, avec des exportations mondiales évaluées à 38 milliards de dollars. Alors que la production de café a augmenté de 50 % au cours des 20 dernières années, des disparités persistent le long de la chaîne de valeur, notamment en termes de revenus et de vulnérabilité au changement climatique.
Production et exportation de café
Environ 70 pays produisent du café, dont le Brésil, le Viet Nam, la Colombie, l'Indonésie et le Honduras qui représentent à eux seuls 75 % de la production mondiale. L'Arabica représente 60 % de la production mondiale de café, le Brésil en étant le premier producteur, suivi de la Colombie et de l'Éthiopie. Les principaux producteurs du Robusta sont le Viet Nam, le Brésil et l'Indonésie. Certains pays producteurs d'Arabica se sont lancés dans la culture du Robusta, ce qui renforce la concurrence dans ce segment.
Le Robusta bénéficie de rendements plus élevés et jouit d'une plus grande résistance, ce qui en fait une culture attrayante malgré les prix traditionnellement plus élevés de l'Arabica. Des pays comme le Panama, le Costa Rica et le Kenya obtiennent des prix élevés pour leurs exportations d'Arabica, en particulier sur le marché des cafés de spécialité. Les exportations de café contribuent de manière significative au PIB de nombreux pays grâce aux devises étrangères et aux recettes fiscales.
Consommation de café
La consommation de café est largement concentrée dans les économies développées, l'Union européenne, les États-Unis et le Japon étant les principaux importateurs de grains de café vert. Cependant, les habitudes de consommation évoluent à mesure que des pays comme la Chine, la Colombie, l'Indonésie et le Mexique augmentent leurs importations, en particulier de café Robusta. Bien que ces marchés émergents représentent moins de 10 % des importations mondiales de café, ils laissent présager une forte croissance à venir, à mesure que les revenus de la population augmentent et que le café devient plus populaire. La Chine se distingue, avec des entreprises comme Starbucks qui prévoient une expansion importante pour répondre à la demande croissante.
Lier la production et la consommation de café
Au cours de la dernière décennie, le commerce et la commercialisation des grains de café vert ont considérablement évolué. De nouveaux acteurs du marché et des méthodes commerciales innovantes, telles que le commerce direct et la tarification transparente, contribuent à créer une chaîne de valeur plus durable et plus équitable. Les exportateurs des pays producteurs établissent également des centres d'importation dans les régions consommatrices.
Les multinationales suivent la stratégie dite « fabriquer ou acheter », en acquérant des entreprises spécialisées dans le café ou en créant leurs propres divisions spécialisées. Parallèlement, les entreprises et les négociants indépendants se concentrent de plus en plus sur le café de qualité supérieure, ajoutant ainsi de la valeur au marché du café.
Les prix du café fluctuent en fonction de l'offre et de la demande, mais le marché est complexe et il n'existe pas de prix standard unique. Les prix du café vert varient en fonction de facteurs tels que la qualité, la disponibilité et les conditions du marché, avec les prix à terme et les différentiels jouant un rôle clé dans les accords de prix définitifs.
Tendances émergentes et évolution de la dynamique du café
Au cours des dernières décennies, le café est passé du statut de simple produit de base à celui de produit haut de gamme, les consommateurs étant de plus en plus conscients de sa qualité, de son origine et de sa durabilité. Cette évolution est en grande partie due au mouvement du café de la troisième vague, qui met l'accent sur la différenciation de la qualité et met en valeur les origines du café. Cette tendance est particulièrement forte sur les marchés du café de qualité supérieure et du café de spécialité, où le café est commercialisé comme un produit de grande valeur, et non plus comme un produit de base de faible valeur.
Les consommateurs de café d'aujourd'hui exercent une influence considérable, grâce à l'accès à l'information et aux réseaux sociaux. Ils exigent davantage de transparence et de responsabilité de la part de l'industrie du café, en poussant à des normes plus élevées en matière de qualité, d'éthique et de durabilité.
En réponse au changement climatique et à la demande mondiale croissante, de nouvelles régions productrices de café attirent l'attention. Les marchés émergents d'Asie, du Pacifique et d'Amérique latine deviennent des acteurs incontournables de l'industrie du café de spécialité. Ces régions offrent un potentiel d'expansion, bien qu'elles soient confrontées à des défis tels que des infrastructures inadéquates, le manque de formation et des chaînes d'approvisionnement inefficientes. La collaboration entre les producteurs, les négociants et les acheteurs peut créer des opportunités de croissance et de développement durables dans ces régions.
Ajouter de la valeur à l'origine
Les torréfacteurs et les chaînes de cafés locaux sont de plus en plus nombreux à ouvrir dans les pays producteurs, ce qui permet d'ajouter de la valeur à la source. Les politiques gouvernementales appuyant la production de café torréfié dans ces pays pourraient permettre d'accroître la valeur de la chaîne d'approvisionnement du café. Des pays comme le Brésil, la Colombie, l'Éthiopie et le Rwanda connaissent cette tendance, avec des exploitations et des coopératives de café qui s'engagent dans la torréfaction directe et la vente tant au niveau local qu'international. Cette approche contribue à une répartition plus équitable des bénéfices et peut améliorer le statut des producteurs sur le marché mondial.
Outils et ressources utiles
Vous trouverez ici une collection d'outils, de données et d'informations conçus pour vous aider à comprendre les subtilités du marché mondial du café.
Les informations sur les prix en temps réel ne sont pas disponibles gratuitement, mais de nombreuses sources d'information fournissent gratuitement ces informations en différé.
L'Organisation internationale du café (ICO) publie quatre indicateurs de prix quotidiens qui représentent et suivent les quatre principaux types de café disponibles sur le marché international. Sur son site internet, sous la bannière d'accueil, cliquez sur le bouton noir « Mois actuel de l'I-CIP ».
Les indicateurs de l'ICO représentent les prix au comptant, cotés pour le café qui est plus ou moins immédiatement disponible (ou dans un délai raisonnable).
Les prix à terme, quant à eux, reflètent la disponibilité et la demande futures estimées pour le café. Pour connaître les prix à terme de l'Arabica à New York, rendez-vous sur le site ICE, et pour ceux du Robusta à Londres, rendez-vous sur le site EURONEXT. Pour trouver des graphiques illustrant le comportement passé des prix, une bonne source est le site FUTURES TradingCharts.com.
Une autre bonne source est Barchart, qui présente les cours à terme du café avec les derniers prix en temps réel, les graphiques, les données financières, les dernières nouvelles, les analyses techniques et les opinions.
Les prix différés sont généralement donnés avec un délai de 30 minutes, parfois moins, ce qui permet de suivre l'évolution du marché (trop tard toutefois pour pouvoir réagir). Si vous cherchez à obtenir les données en temps réels, il vous faudra souscrire à un abonnement. Les courtiers en contrats à terme sur matières premières constituent une autre source d'information, mais là encore, à moins d'être un client ou un abonné régulier, l'information en temps réel est rarement, voire jamais gratuite.
Les prix au jour le jour des différents types de café ne sont généralement pas disponibles gratuitement non plus, à moins d'avoir des contacts dans la communauté des négociants en café. Toutefois, pour certains cafés, il est relativement facile d'estimer un niveau de prix approximatif en appliquant un différentiel historique par rapport à un indicateur ICO ou au marché à terme. Bien entendu, les différentiels changent également et cette méthode n'est pas un outil précis. Enfin, et c'est peut-être la meilleure option, dans de nombreux pays producteurs de café, les autorités nationales du café ou les associations de producteurs fournissent généralement ces informations aux producteurs, aux exportateurs et aux autres parties intéressées.
Pour de plus amples informations, il faut s'abonner à un service d'information sur le marché ou demander à figurer sur la liste de diffusion d'une ou deux grandes maisons de commerce ou de courtage qui publient des rapports hebdomadaires sur le marché à l'intention de leurs clients.
La European Coffeee Federation publie chaque année un rapport sur le café européen, dont le plus récent est celui de 2018/2019. Ces rapports fournissent des données utiles sur des informations générales sur le café et sur les importations des États membres de l'Union européenne auxquels s'ajoutent la Norvège, la Suisse et l'Islande. Pour télécharger un exemplaire, rendez-vous sur son site et cliquez sur l'onglet « PUBLICATIONS ». Le site internet fournit également les noms et les adresses électroniques des associations membres de chaque pays.
L'ICO est une autre source de statistiques internationales sur l'import-export de café, avec des informations régulièrement mises à jour.
Pour obtenir des informations sur le marché américain, consultez le site de la National Coffee Association of the Unites States (Association nationale du café des États-Unis).
Enfin, le rapport annuel de la la plateforme de producteurs et torréfacteurs indépendants Algrano constitue également une source intéressante : Alegrano Market Trends Report 2023.
Les informations commerciales fiables sur les marchés sont rares, ce qui constitue un défi majeur pour les exportateurs. Pour y répondre, le Centre du commerce international (ITC) a développé une série d'outils en ligne afin de rendre le commerce mondial plus transparent et de faciliter l'accès à de nouveaux marchés. D'après les réponses des entreprises à l'enquête annuelle 2016 de l'ITC, les outils d'information commerciale de l'ITC ont contribué à générer cette année-là environ 300 millions de dollars de transactions commerciales. Les utilisateurs des pays les moins avancés, où les sources locales de renseignements commerciaux font souvent défaut, les jugent particulièrement utiles.
L'accès aux outils d'analyse de marché de l'ITC est entièrement gratuit grâce au soutien de la Banque mondiale, de la Commission européenne et des donateurs du Fonds d'affectation spéciale de l'ITC.
Pour obtenir des informations sur les indicateurs de performance à l'exportation, la demande internationale, les marchés alternatifs et les marchés concurrentiels, ainsi qu'un répertoire des entreprises importatrices et exportatrices, visitez le site Trade Map (Carte du commerce). Cette base de données interactive en ligne sur les statistiques du commerce international présente des indicateurs utiles sur les performances à l'exportation, la demande internationale, les marchés alternatifs et le rôle des concurrents, selon les perspectives par produit ou par pays.
L'outil Trade Map couvre les flux commerciaux annuels (miroirs et directs) de plus de 220 pays et territoires, et 5 300 produits répertoriés aux niveaux 2, 4 ou 6 chiffres du système harmonisé. Différents indicateurs commerciaux (valeurs, quantités, tendances, parts de marché et valeurs unitaires) et séries chronologiques depuis 2001 peuvent être affichés sous forme de tableaux, de graphiques ou de cartes. Les résultats de la recherche peuvent être facilement exportés vers un fichier Excel.
L'outil Market Access Map (Carte de l'accès au marché) fournit des informations sur les tarifs douaniers appliqués, y compris les tarifs préférentiels de la nation la plus favorisée et les préférences unilatérales et issues d'accords commerciaux. L'application couvre également les contingents tarifaires, les mesures correctives, les règles d'origine et les certificats correspondants, les droits consolidés des membres de l'Organisation mondiale du commerce, les mesures non tarifaires et les flux commerciaux.
L'outil Investment Map (Carte des investissements) combine des statistiques sur l'investissement étranger direct et le commerce international, des données tarifaires et les activités des entreprises multinationales dans un outil interactif en ligne, facile à utiliser, qui permet une analyse par pays, par partenaire commercial et par secteur.
L'outil Export Potential Map (Carte du potentiel d'exportation) traduit une analyse commerciale rigoureuse en informations pratiques sur les possibilités d'exportation pour 222 pays et territoires, ainsi que 4 064 produits. Reposant sur un modèle économique intégrant des données multiples – commerciales, tarifaires, géographiques et sur le produit intérieur brut des pays – l'outil aide les pays à repérer le potentiel d'exportation non réalisé ainsi que les possibilités de diversification. Il facilite la hiérarchisation des secteurs et des marchés sur la base de données factuelles afin d'informer et de développer des stratégies d'exportation nationales et régionales, de guider les entreprises dans leurs décisions d'exportation et d'orienter stratégiquement les négociations en matière de politique commerciale.
L'outil Procurement Map (Carte des marchés publics) vise à aider les entreprises, en particulier les petites et moyennes entreprises (PME), à répondre à des appels d'offres publics dans le monde entier. Cet outil comprend une ventilation par pays de 100 000 appels d'offres publics et indique les pays dont les politiques en la matière favorisent les entreprises détenues par des femmes ou les PME.
L'outil Global Trade Helpdesk (Service d’assistance sur le commerce international) simplifie les études de marché pour les entreprises grâce à un accès unifié à des informations commerciales cruciales. Il aide les entreprises à identifier et à comparer les possibilités d'exportation, à évaluer les conditions d'accès au marché, à s'orienter dans les procédures commerciales et à entrer en contact avec des partenaires pour mettre en œuvre leurs plans d'exportation.
L'outil Trade Competitiveness Map (Carte de la compétitivité commerciale) fournit des informations sur les performances nationales en matière d'exportation et les profils nationaux en matière d'importation pour environ 240 pays et territoires. Il propose également un indice de performance commerciale pour les principaux secteurs d'exportation répartis selon 14 groupes.
Le Portail régional d'information commerciale de la CAE a été lancé en 2018 grâce à la collaboration entre le Secrétariat de la Communauté d'Afrique de l'Est (CAE), l'ITC et la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED). Le portail donne accès à des guides étape par étape sur les licences, les permis de pré-dédouanement et les formalités de dédouanement pour les marchandises échangées dans, vers et depuis la CAE. Le portail relie les portails nationaux de facilitation du commerce du Kenya, de l'Ouganda, de la République-Unie de Tanzanie, du Rwanda et bientôt, grâce au programme MARKUP de l'ITC, du Burundi.
La Plateforme de la CAE sur la qualité pour le commerce est un guichet unique qui fournit des informations sur les réglementations en matière de qualité, les normes et les exigences des acheteurs. L'ITC a développé la plateforme dans le cadre du programme MARKUP, appuyé par l'Union européenne, en collaboration avec le Secrétariat de la CAE.
La plateforme offre des conseils en matière de qualité pour un ensemble de produits sur des marchés sélectionnés, sur la base d'exigences légales obligatoires, de normes clés ou de préférences sur le marché. Ce portail convivial a été conçu à l'intention des PME, des prestataires de services liés à la qualité, des experts en qualité et des apprenants en matière de qualité. L'accès à ce type d'informations aide les entreprises à identifier les normes et les certifications les plus pertinentes requises sur le marché de destination. Avec un tel éventail de certifications disponibles, en choisir une peut même devenir un casse-tête !
Viet Nam : Récolter les bénéfices tout en payant le prix d'un développement rapide
Les missionnaires français ont introduit le café au Viet Nam en 1857. Bien que sa culture et sa commercialisation soient rapidement devenu un secteur économique important, la guerre du Viet Nam en a largement perturbé la production.
Après la fin du conflit, les politiques visant à collectiviser l'agriculture et à restreindre les entreprises privées ont eu pour effet de limiter la production de café.
À la suite des réformes économiques dites du « Doi Moi » (Renouveau) de 1986, qui ont fait évoluer l'économie planifiée vers une économie de marché, le secteur du café a connu au cours des années 1990 une croissance phénoménale. La production a augmenté de 20 % à 30 % par an, passant de 79 000 tonnes (en équivalent grains verts) en 1990 à 900 000 tonnes en 2000, puis à 1 870 000 tonnes en 2019.
Le Viet Nam est le deuxième producteur mondial de café après le Brésil et le premier producteur de grains Robusta. En termes de valeur d'exportation, le café est le deuxième produit agricole du pays, après le riz. Le secteur emploie près de 2,6 millions de personnes.
Un des facteurs qui a alimenté cette croissance massive de la production est la révolution démographique, réalisée grâce à une combinaison de politiques de réinstallation dans les années 1980 et de migration spontanée de la population vers les riches terres agricoles sous-développées des hauts plateaux du centre dans les années 1990.
La population de la principale province productrice de café, Dak Lak, est passée de 80 000 habitants en 1943 à quelque 1,9 million en 2019. Alors que 95 % de la population en 1943 était constituée de tribus montagnardes locales, ces groupes ethniques ne représentaient en 2018 plus que 65 % des habitants des hauts plateaux du centre (Banque asiatique de développement, 2018).
La croissance de la production de café a également eu des conséquences négatives sur l'environnement. Bien que des lois sur l'attribution des terres existaient déjà dans les années 1990, force était de constater le manque d'organisation et de contrôle. Cette lacune a conduit à la conversion incontrôlée de forêts en plantations de Robusta par des agriculteurs attirés par les profits élevés et les exonérations de taxes foncières pendant les quatre premières années de croissance.
L'installation incontrôlée de nouveaux arrivants dans la région et l'expansion rapide ont entraîné une inadéquation entre le mode actuel d'utilisation des terres et la base de ressources naturelles. Les conséquences environnementales se sont traduites par une déforestation à grande échelle, l'érosion des sols, la pénurie d'eau et l'incidence accrue des épidémies de nuisibles et de maladies.
L'expérience vietnamienne de l'expansion rapide de la production de café montre qu'un certain niveau de régulation du marché et d'intervention publique est indispensable pour s'attaquer aux conséquences environnementales et socioéconomiques de la libéralisation du commerce.
Source : Dave A. D’haeze, Country Representative Sustainable Coffee Vietnam, Tchibo GmbH
Pachamama : Combler le fossé entre les producteurs de café et la société des cafés
Les producteurs de café sont le socle de toute la chaîne de valeur du café : sans eux, le secteur du café n'existerait pas. Pourtant, les agriculteurs sont généralement l'élément le plus sous-évalué de la chaîne de valeur, ce qui force nombre d'entre eux à vivre dans la pauvreté.
De nombreuses initiatives ont cherché à réduire cette inégalité, et Pachamama est l'une d'entre elles. Nommée d'après la déesse de la Terre du folklore andin, Pachamama est constituée et dirigée par des petits exploitants agricoles du Pérou, du Nicaragua, du Guatemala et de l'Éthiopie. C'est la première coopérative de ce type à posséder un torréfacteur de spécialité et des cafés en Amérique du Nord.
L'initiative a vu le jour au Pérou au tournant du millénaire, à une époque où les prix des produits de base avaient atteint un niveau historiquement bas, au point que même les exploitations de café de troisième génération faisaient faillite. Les agriculteurs locaux se sont alors demandé ce qui les empêchait de torréfier leur propre café.
« C'est une idée folle qui nous a travaillé pendant de nombreuses années. L'idée était de rassembler les coopératives pour qu'elles deviennent propriétaires de toute la chaîne », raconte Merling Preza, l'un des cofondateurs et actuel président de Pachamama, à l'occasion d'une interview. « Nous n'avions ni capital ni financement, mais nous avions ce rêve. Nous n'avions pas beaucoup de ressources, et c'est ainsi que nous avons commencé ».
La coopérative a été créée en 2003. Trois ans plus tard, Pachamama a commencé à vendre du café torréfié à la Davis Food Co-op. Pour donner aux agriculteurs une plus grande visibilité dans la chaîne d'approvisionnement, Pachamama a lancé Traceable Coffee, un programme qui permet aux consommateurs de retracer le café à son origine, jusqu'à l'agriculteur récoltant, et de lui verser un pourboire.
L'année suivante, Pachamama a commencé à proposer des abonnements directs aux consommateurs. Cette initiative s'est avérée très populaire auprès des buveurs de café aux États-Unis. La coopérative a revu ses ambitions à la hausse en 2013, en créant une chaîne de cafés de détail et, peu de temps après, sa propre unité de torréfaction en Californie.
En supprimant la plupart des intermédiaires et en exploitant directement la partie lucrative de la chaîne de valeur qu'est la vente au détail, Pachamama contribue à améliorer les revenus et les moyens de subsistance des petits exploitants, dont beaucoup pratiquent l'agriculture de subsistance. Cela passe par des programmes de développement durable et des initiatives éducatives.
De fait, les agriculteurs perçoivent collectivement la totalité des bénéfices et votent au conseil d'administration de la coopérative. « Pour prendre des décisions dans notre coopérative, c'est comme dans les autres coopératives. C'est nous, les propriétaires des coopératives, qui prenons les décisions », explique M. Preza. « Cela a été un processus d'apprentissage. Nous travaillons en équipe, nous savons que nous ne savons pas tout, et que nous devons continuer à apprendre. »
Bien que ces agriculteurs aient réussi à relever les défis, la courbe d'apprentissage a été raide pour toutes les personnes impliquées. L'une des principales leçons que Pachamama a tirée de cette aventure est l'importance d'élaborer un plan d'affaires approprié dès le départ et d'estimer avec précision les besoins d'investissement.
Les défis que la coopérative a relevés n'ont pas émoussé son ambition. « Nous voulons continuer à réussir et à augmenter le nombre de nos membres », poursuit M. Preza. « Dans dix ans, nous voulons vendre du café en [plus] grandes quantités et [posséder] plus de cafés, en mettant l'accent sur la haute qualité, les valeurs et les principes. »
Source : Initiative Alliances pour l'action de l'ITC (2021)
Éthiopie : Les producteurs de café se réinventent grâce à l'entrepreneuriat
Le café est originaire d'Éthiopie et le pays est toujours le plus grand producteur et exportateur de café en Afrique.
Cependant, les petits exploitants, qui produisent la majeure partie du café en Éthiopie, sont confrontés à de nombreux défis. Ils manquent notamment de connaissances techniques, de compétences agricoles, d'expertise commerciale et d'accès au financement.
Un partenariat mené par l'initiative Alliances pour l'action de l'ITC et le négociant en café vert List + Beisler cherche à résoudre ce problème. L'initiative vise à renforcer les capacités des producteurs de café, à mettre en commun leur expertise, à améliorer la quantité et la qualité de leurs récoltes, à accroître leur résilience au changement climatique, à rendre leurs produits plus durables et à en améliorer la commercialisation.
Ces objectifs sont ambitieux, mais des partenariats stratégiques permettent d'ouvrir la voie. Des acteurs essentiels tels que Enveritas et l'organisation non gouvernementale locale Coqua ont été mis à contribution, notamment pour les activités de formation des agriculteurs. Les torréfacteurs sont également impliqués, en particulier ceux qui sont désireux d'accéder à un projet pratique et de pointe qui pousse la durabilité au-delà des limites de la simple certification.
Tirer parti de l'apprentissage par les pairs en tant qu'accélérateur d'entreprise
Le projet, conçu sous l'égide de l'initiative Alliances pour l'action, vise à accélérer la productivité des agriculteurs, et ce, selon les critères de durabilité.
La première étape consiste à comprendre le contexte et les défis qui sous-tendent les activités des petits producteurs de café éthiopiens. Enveritas a fourni un diagnostic impartial et scientifique des problèmes rencontrés dans des régions stratégiquement identifiées : la région de Sidama et le woreda (district) de Yirgachefe. Ces informations ont permis à List + Beisler de concevoir un ensemble de formations adaptées aux besoins des agriculteurs.
Coqua a ensuite sélectionné des vulgarisateurs agronomiques régionaux pour aider à renforcer les capacités des agriculteurs. L'étape suivante a consisté à former des groupes d'agriculteurs.
L'initiative offre une formation aux petits exploitants pour les aider à comprendre l'aspect entrepreneurial et commercial de l'agriculture, y compris le contrôle des coûts, la garantie d'une qualité constante des produits et la promotion d'une culture financière de base.
Le programme de formation suit une approche de « ruissellement », c'est-à-dire un système d'apprentissage par les pairs. L'initiative Alliances pour l'action a formé six formateurs, chacun d'entre eux ayant ensuite formé quelque 300 agriculteurs, par groupes de 30 participants maximum. Le projet pilote a ainsi pu atteindre son objectif de former 1 800 agriculteurs.
Une activité commerciale à l'impact social positif
Une autre caractéristique des projets couverts par l'initiative Alliances pour l'action est de relier les acteurs de toute la chaîne de valeur – de la graine à la tasse – par le biais d'alliances commerciales et de production entre les secteurs public et privé.
En 2020, plus de 11 000 agriculteurs avaient mené leur commerce par l'intermédiaire de ces alliances. Cette approche a eu un impact commercial tangible, générant plus de 2 millions de dollars de ventes de café vert.
Les projets Alliances pour l'action visent à lancer un processus de transformation en améliorant les capacités concurrentielles des agriculteurs et des micro, petites et moyennes entreprises. Il s'agit notamment d'appuyer une production et un commerce responsables et durables, tout en promouvant le concept d'« entreprise à impact social positif » auprès des associations d'agriculteurs et d'autres partenaires de la chaîne de valeur.
Les projets Alliances pour l'action visent également à améliorer l'accès des agriculteurs aux marchés en les aidant à commercialiser leurs produits conçus de manière durable, en renforçant les liens avec les négociants en café tels que List + Beisler et les torréfacteurs. Cela permettra non seulement d'améliorer les conditions de travail des agriculteurs, mais aussi d'offrir aux consommateurs un café de meilleure qualité.
Source : List + Beisler et initiative Alliances pour l'action de l'ITC (2021)
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