La Colombie face aux défis des mesures non tarifaires et des obstacles au commerce (en)
Chambre de Commerce de Bogota, Colombie,
Séminaire pour valider l'enquête sur les mesures non tarifaires en Colombie
Arancha Gonzalez
Directrice exécutive du Centre du Commerce international
Bonjour à toutes et à tous,
Lors de notre réunion de coordination d'hier avec la Chambre de Commerce de Bogota qui nous a si aimablement offert l'hospitalité, j'ai fait remarquer qu'il s'agissait de ma première visite en Colombie en ma qualité de Directrice Exécutive du Centre du Commerce international.
Le Centre du Commerce international est une agence de développement créée il y a cinquante ans par les Nations Unies et l'Organisation Mondiale du Commerce, pour aider les PME et les gouvernements à transformer les possibilités d'échanges en commerce. Grâce au travail du CCI - un vieil ami de la Colombie. – les physalis qu'on trouve en Europe proviennent de votre pays. De plus, nous avons contribué à définir les structures du Ministère du commerce extérieur et au même moment, celles de PROEXPORT.
Nous sommes réunis aujourd'hui pour soumettre à votre réflexion le résultat de l'enquête sur les mesures non tarifaires, que nous avons menée avec le Centre de stratégies compétitives de Colombie (CEPEC) de l'Université del Rosario. Nous tenons à remercier le CEPEC pour son implication et son soutien qui ont permis de mener ce travail aux conclusions dont nous allons débattre.
Les mesures non tarifaires sont une réalité et constituent les barrières au commerce du XXIè siècle, comme nous le verrons plus tard. Des barrières invisibles mais qui se font bien sentir.
Les mesures non tarifaires existent dans un monde où la moitié des tarifs appliqués au commerce mondial est de l'ordre de 5%, et les coûts relatifs aux transferts douaniers se situent aux alentours de 10%. C'est pourquoi l'accord conclu récemment à l'OMC sur la facilitation du commerce est si important. Les barrières non tarifaires concernent jusqu'à 20%- 30% du commerce international. C'est pourquoi le CCI qui s'intéresse à ce sujet, s'est allié avec la CAF pour évaluer ces mesures en Amérique Latine. Je saisis cette occasion pour remercie la Grande Bretagne pour sa contribution à ce programme du CCI.
En 2010, le CCI a lancé un programme sur les mesures tarifaires qui nous a conduit a enquêté sur le secteur privé de 30 pays, et de rencontrer environ 20 000 entreprises sur les cinq continents. Cette enquête avait pour objectif de découvrir quelles sont ces mesures, de les comprendre et de les mettre en oeuvre. Ainsi, nous avons aidé les entreprises à se doter de davantage de transparence et d'une image plus fiable dans l'environnement commercial où elles opèrent. Favorisant de ce fait le dialogue public-privé, nous avons aidé à l'élimination de ces obstacles que rien ne justifiait.
Je voudrais en venir maintenant à l'enquête de la Colombie. Pour commencer par les bonnes nouvelles, si nous comparons les résultats de la Colombie par rapport à ceux du reste du monde, il ressort que ses problèmes ne sont que de 50% de ce que nous avons rencontrés dans les 29 autres enquêtes.
Seconde bonne nouvelle : les entreprises exportatrices colombiennes ont la capacité de satisfaire aux exigences du marché international, tout en luttant contre les obstacles découlant des procédures internes en vigueur en Colombie. J'ai parlé d'une bonne nouvelle, parce que, désormais, la solution à ces difficultés se trouve entre vos mains et celles du gouvernement.
Troisième nouvelle qui n'est pas aussi bonne : la majeure partie des problèmes signalés par les exportateurs se trouve en tête des chapitres de l'audit, qui s'intitulent, arbitraire, lenteur et
avarie des marchandises.
Il est assez logique que les exportateurs aussi se réfèrent à leurs partenaires commerciaux et aux problèmes auxquels ils sont confrontés sur ces marchés. Il est tout aussi logique qu'ils rencontrent les problèmes les plus grands dans les marchés des partenaires avec lesquelles ils commercent le plus. De toute évidence, les problèmes se concentrent sur deux partenaires andins, sur les États Unis et curieusement sur tous les partenaires de l'Alliance Pacifique.
Pour terminer sur une dernière remarque concernant l'enquête : presque la moitié des mesures identifiées ont un impact fort sur les petites et moyennes entreprises. Ce constat nous a amenés à réfléchir à des mécanismes de nature à apporter un soutien spécifique à ces entreprises qui constituent un gisement important de commerce et d'emplois.
A présent, penchons-nous sur un autre invisible. En effet, cette enquête n'a, d'évidence, pas abordé une des mesures qui affecte profondément le commerce international et qui ne dépend pas des gouvernements mais de l'entreprise privée, et qu'on nomme " normes volontaires". Entre autres, le commerce durable, équitable, profitable à tous, le travail décent, et un large éventail d'exigences nouvelles. Si ce thème n'est pas à l'ordre du jour de notre rencontre d'aujourd'hui, nous avons tout de même tenu à l'aborder et à vous le présenter juste avant d'aller déjeuner. Nous devons mieux comprendre toutes ces normes pour aider les entreprises à les atteindre.
Cette rencontre représente, selon moi, une étape dans le dialogue public-privé crucial pour traiter ces mesures non tarifaires. D'expérience, ce dialogue devient d'autant plus fructueux qu'il s'accompagne de mécanismes permettant aux entreprises de se faire connaitre des autorités qui à leur tour, peuvent connaitre ces mécanismes et les mettre en œuvre. Ce système améliore la transparence et réduit les couts commerciaux. Si vous voulez un exemple, vous le trouverez avec la plateforme digitale que nous avons créée récemment en Cote d'Ivoire.
J'espère, et ce sera ma conclusion, que nous parviendrons aujourd'hui définir une feuille de route qui aide la Colombie à avoir davantage d'entreprises exportatrices, capables d'exporter une plus grande variété de produits et de services, d'une manière plus durable et profitable à tous.
J'adresse de nouveau mes remerciements à tous mais particulièrement à la Chambre de Commerce de Bogota.