Les textiles tissés à la main et les colorants naturels du Ghana, du Mali et du Burkina Faso, trois des pays les plus pauvres du monde, commencent à être introduits dans l’industrie mondiale de la mode grâce à l’Initiative Mode éthique (EFI) du Centre international du commerce (ITC). L’Initiative vient juste de s’étendre à l’Afrique Occidentale, reliant les micros producteurs et les acheteurs du secteur de la mode en Europe.
L’EFI œuvre dans le but d’améliorer les moyens de subsistance des micro entrepreneurs et des groupes de communautés marginalisés en Afrique Orientale, en Afrique Occidentale et en Haïti en les mettant en relation avec des grandes maisons de la mode et en offrant son assistance pour la création de trésors d’artisanat dont les consommateurs sont très friands.
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Certains des plus importants créateurs de mode du monde comme Stella McCartney, Vivienne Westwood, Ilaria Venturini Fendi et Sass & Bide soutiennent l’initiative, qui à son apogée a réuni plus de 7 000 artisans, dont la plupart étaient des femmes. L’EFI a débuté comme projet pilote en 2007 au Kenya et en Ouganda. Alors que le Kenya est un pays industriellement avancé, plus de la moitié de sa population vit en dessous du seuil de pauvreté. L’on estime que le 'secteur informel' – qui comprend les personnes exclues de l'économie principale et qui n'on pas accès à des services bancaires ou d'épargne – est responsable de plus d’un tiers du produit intérieur brut du Kenya. Depuis ses débuts, l'EFI aide les artisans à assurer un revenu et à avoir accès aux services bancaires, permettant ainsi à ceux dont les ressources sont limitées de planifier mais aussi d’économiser. Le noyau africain de l’Initiative se trouve à Nairobi, ville de plus de 3 millions d’habitants, où le contraste entre riches et pauvres est saisissant. Le noyau de Nairobi, et un site à Gilgil, dans la Vallée du Rift, offrent des lieux de travail sûrs où des femmes de divers horizons sont encouragées à collaborer.
Au Kenya, les femmes impliquées dans l’EFI produisent des accessoires, en général des sacs, ainsi que des bijoux et des chaussures. La fabrication d’un simple sac peut comprendre une dizaine de techniques artisanales différentes à travers l’utilisation des compétences du plus grand nombre de groupes communautaires possible.
Au Burkina Faso, où la plupart de la population pratique une agriculture de subsistance, ou peu s'en faut, l’initiative a créé un noyau régional à Ouagadougou, la capital du pays, qui sert aussi aux bénéficiaires de l’EFI au Mali. Les deux pays sont connus pour leurs techniques et leur expertise dans le traitement, la teinture et le tissage du coton pour la fabrication de beaux tissus qui atteignent des prix élevés sur les marchés internationaux et constituent la plus grande fierté de ceux qui les fabriquent.
Stylistes et autres acteurs de l’industrie de la mode obtiennent ces tissus à travers l'EFI en Afrique Occidentale. Le projet a déjà laissé une trace sur le monde international de la mode. En effet, un sac de week-end – fabriqué avec du textile tissé au Burkina Faso – a été présenté à Londres lors du défilé de mode de Vivienne Westwood en février 2013.
Au Ghana, où près de 30% de la population survit avec moins de $E.-U. 1,25 par jour, il y a un grand respect pour l’artisanat traditionnel, ainsi qu’un goût prononcé pour la mode et un savoir-faire croissant en matière de fabrication. L’EFI travaille avec des talents en herbe de la création de mode et les aide à créer leurs marques et leurs entreprises, offrant des places de travail à plusieurs personnes, des couturières aux comptables. L’EFI, financé par le Secrétariat d’État à l’économie de la Suisse (SECO) ainsi que par l’Allemagne, la Norvège et le Japon, utilise la mode comme porte de sortie de la pauvreté, mettant en relation les communautés marginalisées, organisées en sociétés coopératives, et les chaînes de valeur internationales de l’industrie de la mode. Elle répond également au désir grandissant de plusieurs acteurs de l’industrie de la mode de travailler avec des artisans qui reçoivent un salaire décent, ont des conditions de travail équitables et utilisent des matériaux produits de manière éthique. L’Initiative autonomise les femmes, leur permettant d’assurer un revenu régulier et d’améliorer les conditions de vie de leurs familles et de leurs communautés, et de gagner confiance et respect.
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