Depuis leur poste de travail, les exportateurs, que ce soit au
sein d'une petite entreprise ou d'une grande compagnie, peuvent
extraire toute une série d'informations commerciales grâce à cet
outil qui évolue si rapidement. Internet fonctionne à la manière
d'une bibliothèque virtuelle, dont l'usager peut se trouver en
Afrique, un site Web aux États-Unis et les liens entre les sites en
Amérique, en Europe ou en Asie. Même si la connexion et le
chargement sont parfois lents (selon l'ordinateur, le modem et les
connections téléphoniques), cela reste infiniment plus rapide que
de recourir à une bibliothèque publique ou d'obtenir ses
informations par la poste.
Selon le dernier Rapport sur les télécommunications mondiales
élaboré par l'Union internationale des télécommunications, Internet
compte à l'heure actuelle environ 100 millions d'usagers de par le
monde. Ce ne sont pas seulement des cadres commerciaux dans les
grands centres industriels qui y ont recours, mais également de
plus en plus ceux de régions isolées et dans les pays en
développement. Il est intéressant de noter que certains des pays où
l'on trouve le plus grand nombre d'usagers d'Internet par habitant
- c'est le cas de la Finlande, du Chili, de l'Afrique du Sud ou de
l'Australie - étaient auparavant handicapés par le manque
d'information et la distance physique des marchés d'exportation les
plus importants. L'expédition de marchandises reste une question de
distance, mais l'accès à l'information ne l'est plus grâce à
Internet.
Se frayer un chemin dans la jungle
virtuelle
S'y retrouver dans Internet n'est pas chose aisée. Il existe des
milliers de sites Web contenant des informations sur le commerce,
mais ils y sont dispersés et difficiles à identifier rien qu'avec
le nom du domaine recherché. Comme Internet n'est pas centralisé et
qu'il y règne une grande liberté dans la façon d'enregistrer et
d'intituler un site Web, pour ceux qui n'ont pas d'expérience,
trouver des sources intéressantes dans cette jungle virtuelle
relève du défi.
Voici quelques services qui peuvent vous aider à faire votre
chemin dans cette jungle.
• Les répertoires imprimés. Plusieurs annuaires (Pages jaunes)
sont disponibles. Le plus grand répertoire de données (Gale) classe
les données par sujet et indique le média disponible (en ligne et
sur CD-ROM).
• Les moteurs de recherche. Ils aident à identifier les sources
utiles en combinant des mots clés (par exemple: pays, secteur et/ou
sujet). (Voir la page 23 pour trouver l'adresse électronique des
principaux moteurs de recherche.) Une recherche sur un sujet
spécifique du commerce international peut finir par donner des
résultats très partiels et décevants, ou offrir une longue liste de
sources qui doivent être vérifiées une par une.
• Les mégasites. Tradeport, Trade Compass et World Trade Centers
Associations sont des exemples de mégasites spécialisés dans le
commerce international qui offrent des menus et des liens étendus
avec des sites Web présentant des profils des compagnies, des
occasions d'affaires, des nouvelles du marché et d'autres
informations.
• ITC Index to Trade Information Sources on the Internet
(l'Index du CCI des sources d'information commerciale sur Internet
( www.intracen.org option
Infobases). Une des caractéristiques les plus appréciées du CCI est
son site Web; l'index possède 1500 sources, classées par catégories
et commentées. Mis en place dès 1997, cet index est régulièrement
remis à jour grâce à la coopération de nombreuses organisations de
promotion commerciale qui partagent leur expérience au moyen des
services d'Internet.
Les questions les plus courantes
Le CCI reçoit beaucoup de questions de la part des pays en
développement, que ce soit lors de séminaires, de projets de
coopération technique, ou par Internet.
Question: Où puis-je trouver un partenaire commercial pour
mon produit?
Réponse: Beaucoup de bases de données sur le commerce
national et d'organisations de promotion des échanges tendent à
utiliser Internet comme un moyen bon marché d'ouvrir leur registre
de commerce à l'audience mondiale; c'est le cas également d'un
nombre croissant de pays en développement et d'économies en
transition telles que l'Argentine, le Brésil, le Chili, la
République de Corée, la Malaisie, Malte, Maurice, le Mexique, la
Pologne, la Slovénie, la Thaïlande et la Tunisie. (Pour plus
d'informations, voir l'Index to Trade Information Sources on the
Internet du CCI.)
Parmi les sites qui fournissent des données internationales,
citons:
• Wer liefert was Business Network (www3.wlwonline.de/wlw/us)
couvre 223 000 fournisseurs potentiels dans
10 pays.
• Europages, Annuaire européen des affaires (www.europages.com) offre plus
de 500 000 compagnies dans
36 pays; accès libre.
• Kompass International Database (www2.kompass.com) est
probablement la plus grande source de profils de compagnies, avec
une classification détaillée des produits; elle couvre
1,5 millions de sociétés dans 60 pays et représentant 23
millions de produits et 400 000 marques (la recherche est libre; le
retrait des résultats ne l'est pas).
• World Trade Centers Association, avec 300 membres dans 180
pays, offre un répertoire de 140 000 importateurs, exportateurs et
sociétés affines.
Q.: Où puis-je présenter mes produits? Quels événements
commerciaux donnent des renseignements sur les marchés intéressants
ainsi que des contacts utiles?
R.: De nombreuses organisations commerciales utilisent Internet
pour diffuser l'agenda de leurs événements commerciaux. Pour
effectuer des recherches, ces sources offrent beaucoup de
possibilités d'accès en ligne gratuits:
• Eventsource contient une base de données forte de 55 000
expositions commerciales, événements et séminaires ( Eventsource.com).
• Expo Base offre un répertoire multilingue de 15 000 foires
commerciales et plus de 25 000 prestataires de services (www.expobase.com).
• Trade Show Centre couvre 20 000 expositions, 35 000
conférences et séminaires et 5000 vendeurs (www.tscentral.com).
Q.: Où et comment puis-je trouver des informations sur des
normes techniques, des réglementations phytosanitaires, la
protection de l'environnement ou des consommateurs?
R.: Les institutions gouvernementales, les instituts de
normalisation nationaux et les organisations internationales
commencent à se rendre compte qu'il est plus facile et meilleur
marché de diffuser les documents officiels par Internet que
d'envoyer des documents imprimés. Autre avantage: les usagers
peuvent rechercher des extraits ou des textes complets au moyen
d'index thématiques puissants. Ainsi, les normes de l'Organisation
internationale de la normalisation (ISO), de la Commission
électrotechnique internationale (CEI) et de l'UIT sont accessibles
par le World Standards Service Network (www. wssn.net/WSSN).
Pour le secteur alimentaire, il existe des informations
détaillées sur les limites maximales de pesticides dans le Codex
Alimentarius de la FAO (www.fao.org).
Les hôtes de bases de données en ligne les plus importants,
comme DST, DIALOG et PROFOUND, ont créé des
sites Web afin de promouvoir leurs servi ces et établissent des
logiciels de communication et des accès plus faciles sans connexion
modem spéciale (voir le Répertoire du CCI «Selected commercial
databases», 1998).
(Le CCI reçoit beaucoup de demandes de renseignements sur les
possibilités d'achats publics; voir les pages 27 et 28.)
Les services d'Internet à valeur ajoutée
Internet offre en outre de multiples avantages pour la
communication, la traduction, les graphiques, l'achat et la
distribution. Certains de ces aspects sont approfondis dans les
articles qui suivent.
Le thème de la traduction mérite qu'on s'y arrête. Les services
à disposition sur Internet font des progrès, avec une communication
possible de textes par courrier électronique (e-mail). Par exemple,
Newsbase Russia (newsbase.co.uk) publie en anglais plusieurs
bulletins par jour ou par semaine via e-mail, sur la Russie et
l'Europe centrale, qui contiennent les grands titres des journaux
locaux et auxquels on peut s'abonner. Il est également possible
d'obtenir sur demande les articles complets traduits en anglais par
courrier électronique, moyennant paiement (voir «Information keys
to the Russian Federation», CCI, 1998).
Il vaut la peine de s'attarder sur l'usage de graphiques
illustrant les tendances du commerce. Les entreprises et les
organisations commerciales se servent d'images pour présenter leurs
catalogues de produits ou dans les revues sur le commerce (voir à
ce sujet www.asiansources.com et www.asiaone.com). Les messages
électroniques comportent parfois des attachés avec des graphiques
complexes qui décrivent des produits ou définissent les
spécifications détaillées de soumissions.
Les sites Web d'informations commerciales proposent toujours
plus de liens par courrier électronique, afin de permettre aux
usagers de réagir immédiatement et de commander une publication,
s'abonner à un bulletin, prendre contact avec un partenaire
commercial potentiel ou envoyer un formulaire d'inscription à une
foire commerciale ou à un autre événement.
Internet offre également une multiplicité
de forums de discussion par lesquels il est pos-sible de
diffuser des informations vers des audiences spécifiques. Dans ce
sens, Internet représente un outil puissant pour développer et
établir des stratégies de marketing, comme le spécialiste en
«cybermarketing» Arnaud Dufour nous le démontre (voir page 30).
Les inconvénients
Il existe cependant des désavantages à l'utilisation
d'Internet.
• Le déséquilibre thématique. Maints sites Web comportent des
informations sur des compagnies et des offres commerciales, mais
les fournisseurs dépassent en nombre les acheteurs ou importateurs
potentiels. Beaucoup de sources contiennent des indicateurs
macroéconomiques, peu en revanche fournissent des statistiques
commerciales détaillées ou les droits de douane. En fait, étant
donné le grand volume des données concernées et la complexité de
recherche de données, les éditeurs préfèrent encore diffuser ce
type de données sur CD-ROM. Ainsi par exemple, le PC-TAS du CCI,
une des sources les plus importantes de statistiques sur le
commerce international, est actualisé chaque année sur CD-ROM.
(Vous trouverez plus d'information sur PC-TAS à la page 36.)
• Le déséquilibre géographique. Trop peu de sites couvrent les
pays en développement. Certains progressent rapidement en Asie et
en Amérique latine, dans une bien moins mesure en Afrique et au
sein des pays arabes. Les sources d'Internet qui encouragent les
échanges Nord-Sud sont bien plus nombreuses que celles qui
soutiennent les échanges Sud-Sud.
• La fiabilité et la pertinence. Trop de sites Web ne sont en
fait que des sources secondaires. Les références aux sources
primaires sont souvent omises ou difficiles à trouver. Des
contrôles sur la qualité des données peuvent se révéler
insuffisants.
• Des recherches trop longues. Les recherches sur les sites Web
peuvent être très longues, à cause de menus trop complexes ou mal
conçus, et également si les moteurs de recherche qui accompagnent
le site sont mal élaborés.
• Le prix. Dans certains pays, l'accès à Internet reste cher.
L'UIT informe que le coût moyen de la connexion est de US$ 75 par
mois en Afrique, alors qu'elle ne coûte que US$ 15 au Royaume-Uni
et seulement US$ 10 aux États-Unis. De plus, beaucoup de banques de
données relatives au commerce sont protégées par des mots clés et
exigent des billets d'entrée ou un abonnement.
Internet, un facteur de compétitivité
La situation s'améliore sans cesse. Les sites Web se développent de
manière exponentielle dans les pays en développement. Les coûts,
quoique inégaux suivant les pays, sont à la baisse grâce à
l'amélioration de l'infrastructure des télécommunications, à plus
de soutien de la part des autorités et la concurrence effrénée
entre les fournisseurs d'accès à Internet.
Cette tendance positive devrait favoriser les économies en
développement et en transition à combler leur écart au niveau de
l'information sur les marchés internationaux. Mieux, elle devrait
leur permettre de développer leur propre industrie de
l'information, et donner ainsi un élan à leurs exportations de
biens et services.
Internet représente une clé de l'échange d'informations sur le
commerce et du développement du commerce électronique. Aujourd'hui,
dans un monde global, investir dans Internet et savoir en tirer
parti représente de plus en plus un facteur de compétitivité.
Bernard Ancel est Chef de la Section d'information
commerciale du CCI.
(Voir aussi FORUM 2/1997, «Nouvelles technologies de
l'information et de la communication pour le développement des
marchés», par B. Ancel et M. Borgeon.)