La mondialisation a aiguisé la concurrence. La principale
difficulté à laquelle les entreprises sont confrontées est de tirer
parti des nouveaux marchés et ressources tout en affrontant une
concurrence mondiale intense et croissante. Quant aux
gouvernements, ils doivent mettre en œuvre des stratégies et des
mesures d'appui. Les milieux économiques et les autorités doivent
intensifier leur partenariat en vue de renforcer la
compétitivité.
Des facteurs puissants accompagnent la mondialisation: la chute
des barrières commerciales, les progrès technologiques rapides, la
diminution des coûts de la communication et des transports, les
migrations internationales, et les investissements très mobiles.
Ces changements sont impressionnants. Ainsi, les droits de douane
moyens sur les importations de biens manufacturés sont d'environ
2,1% aujourd'hui, alors qu'ils se montaient à 47% en 1947. Le prix
d'un ordinateur a baissé en moyenne de 30% par année en termes
réels durant ces 20 dernières années. Depuis le milieu des années
1980, les flux mondiaux de l'investissement étranger direct ont crû
de presque 14% par année, soit deux fois le taux de croissance des
exportations dans le monde. Le résultat est un marché international
toujours plus indifférent aux frontières et règlements nationaux.
La mondialisation est irréversible et, dans les pays en
développement, a de profondes incidences sur les milieux
économiques et leurs rapports avec les gouvernements.
Les gagnants et les perdants
L'économie mondiale offre aux entreprises des pays en
développement l'accès à de nouvelles technologies, à la compétence,
aux marchés et aux ressources financières, c'est-à-dire de
meilleures perspectives de croissance vers l'extérieur.
Simultanément, elles sont exposées à la concurrence intense
d'importations meilleur marché et de firmes étrangères qui se sont
installées sur place. Avec la diminution des obstacles commerciaux,
le marché national n'existe plus à lui seul. Tout produit ou
service offert par une entreprise d'un pays en développement doit
répondre aux normes de prix, qualité et livraison en vigueur sur
les marchés internationaux.
Il y aura des gagnants et des perdants parmi les entreprises des
pays en développement. Les aspects contradictoires de la
mondialisation semblent quelque peu décourageants pour les cadres
gouvernementaux et commerciaux. Elle suscite un intérêt grandissant
dans la compétitivité commerciale, les partenariats entre secteurs
public et privé, et les politiques publiques des pays en
développement.
Qu'est-ce que la compétitivité?
Le terme compétitivité fait généralement référence aux questions
liées à la macroéconomie, telles que les fluctuations des taux de
change ou des salaires, ou à celles liées à la microéconomie, comme
l'absence d'esprit d'entreprise ou le poids des régulations
bureaucratiques excessives sur les affaires. Dans les discussions
courantes, les solutions telles que la «dépréciation du taux de
change» ou la «suppression des tracasseries administratives» sont
souvent avancées comme étant la panacée pour augmenter la
compétitivité commerciale. Ce sont en effet des éléments qui
influencent la compétitivité, mais ce n'est pas suffisant.
Les firmes portent la charge
L'essentiel de la compétitivité repose sur le secteur des
affaires. Pour répondre efficacement à la demande mondiale, les
entreprises doivent développer des capacités pour exporter en ce
qui concerne la technologie, la commercialisation, la gestion, les
ressources humaines et le financement. Toutefois, pour renforcer la
compétitivité commerciale, en particulier sur les marchés
d'exportation, il faut impliquer plus le gouvernement et les
institutions d'appui au commerce, qui doivent étayer la
compétitivité par une stratégie cohérente. Et le succès de cette
stratégie dépend d'un partenariat étroit et actif entre milieux
d'affaires et autorités.
Recourir à l'électronique
Les processus difficiles employés pour renforcer la
compétitivité commerciale dans les pays en développement requièrent
une attention particulière. L'innovation dans l'application des
technologies de l'information et de la communication (TIC) dans le
commerce est indiscutablement un moteur de compétitivité. Pourtant,
les pays en développement tendent à ne pas produire des TIC, mais
plutôt à se servir de technologies importées, obtenues avec les
ressources de l'investissement étranger direct et les licences, et
avec l'équipement et la main-d'œuvre qualifiée dans le cadre de
programmes d'assistance technique.
Dans les pays en développement, les milieux d'affaires demeurent
les principaux agents qui intègrent les capacités technologiques et
d'exportation, notamment en ce qui touche à la commercialisation,
au savoir-faire, aux compétences financières et à l'expertise liée
à la gestion et aux ressources humaines. Cela se produit lorsque
les firmes investissent consciemment en vue d'acquérir des
connaissances et des technologies pour leur usage productif. Les
nouvelles technologies et leur application innovante ne
s'obtiennent que grâce à l'expérience, ainsi que par la formation,
l'information et la recherche et développement.
Dans les pays en développement, le renforcement de la
compétitivité commerciale est systématiquement lié à la réussite à
l'exportation. L'efficacité avec laquelle des entreprises ou un
secteur améliorent leurs capacités à exporter peut changer la base
de l'avantage comparatif pour tout le pays. Citons pour exemple,
les manufactures de vêtements mauriciennes, les producteurs de vin
au Chili, les sociétés de logiciels en Inde, les fabricants de
biens de consommation chinois et le secteur de l'électronique en
République de Corée.
Un partenariat actif
Une stratégie cohérente et adaptée à la situation nationale a
une grande influence sur la compétitivité commerciale. Un
partenariat étroit et actif entre le gouvernement et la communauté
des affaires est le pivot d'une bonne gestion stratégique.
Généralement, les entreprises s'attachent à accroître leurs
profits, tandis que le gouvernement formule et met en place une
stratégie. Cependant, dans l'environnement mondial actuel, la
réussite implique un changement dans la division du travail
traditionnelle. L'accès aux nouveaux marchés et ressources, s'il
diminue les risques de concurrence intensive, entraîne pourtant de
nouveaux rapports entre les entrepreneurs et le gouvernement. Dans
ce contexte, les autorités doivent assumer un rôle d'avant-garde
mais pas dominant dans la gestion de la stratégie de
compétitivité.
Quant au rôle du secteur des affaires, il est différent. Les
expériences réussies en Extrême-Orient ou ailleurs suggèrent que,
dans la gestion de la stratégie de compétitivité d'un pays en
développement, les milieux d'affaires, notamment les associations
commerciales et les firmes dominantes, peuvent agir à quatre
niveaux.
- Aider les entreprises plus faibles à
s'autonomiser, en établissant des centres de
formation spécifiques au secteur d'activité, en procédant à des
exercices d'évaluation comparative de la productivité et créant des
projets de sensibilisation à la qualité, en encourageant les
rapports de sous-traitance et en offrant des conseils sur les
stratégies de commercialisation efficaces.
- Aider les gouvernements à combler les lacunes dans
l'information par des enquêtes mettant en évidence
les obstacles dans les marchés d'exportation, par la participation
aux négociations de l'OMC et aux missions de promotion commerciale
et par des discussions sur la politique économique avec le
gouvernement.
- Augmenter les capacités du
gouvernement en l'appuyant avec des gestionnaires
spécialisés dans la finance, la commercialisation et la gestion,
dans le cadre de programmes à court terme destinés aux départements
gouvernementaux et aux missions de promotion des
investissements.
- Participer à la construction
d'infrastructures et d'autres projets nationaux
stratégiques grâce au financement privé et à une expertise
commerciale et de gestion.
Le rôle du CCI
Le CCI possède 40 ans d'expérience dans l'assistance technique
pratique en vue d'améliorer la compétitivité internationale et les
résultats à l'exportation du secteur des affaires, notamment des
PME, dans les pays en développement et en transition. Il œuvre,
grâce à des réseaux de partenaires nationaux, au renforcement des
capacités visant un commerce durable, aidant les institutions dans
leur interaction avec les gouvernements afin de transformer les
mesures commerciales en stratégies de développement du commerce
pratiques et réussies.
Le CCI propose des analyses de marché stratégiques, son appui
dans la stratégie d'exportation, ainsi que conseils, information et
formation dans des domaines tels que le commerce électronique, la
gestion des exportations, les achats internationaux, le
développement des échanges Sud-Sud et le renforcement des
institutions au sein du réseau d'appui à l'exportation
national.
Le Dossier d'outils de la compétitivité, s'étoffe et peut être
adapter aux nécessités spécifiques de groupes de clients et
d'entreprises dans des secteurs sensibles.
La mondialisation modifie le commerce
Des processus sous-jacents à la mondialisation et se renforçant
mutuellement augmentent l'importance de la connaissance du marché
et de l'usage des technologies pour les entreprises des pays en
développement.
- Concurrence élargie due à l'élimination des
obstacles commerciaux. Une concurrence mondiale
accrue, associée au démantèlement des obstacles commerciaux et à la
diminution des coûts des transports, contraint les entreprises à
ajouter de la valeur dans les processus de production si elles
veulent concurrencer des rivaux meilleur marché.
- Changements induits par les TIC dans les processus,
produits et services. Des changements
révolutionnaires dans les TIC transforment tous les aspects des
affaires (les entreprises peuvent dénicher de nouvelles techniques
de transformation, gérer autrement les rapports de la chaîne
d'approvisionnement et accéder à des marchés distants) et créent de
nouveaux produits (télévisions numériques) et services
(programmation de logiciels ou opérations de back-office).
- Apprendre des partenaires commerciaux plus
avancés. L'apparition de chaînes de valeur intégrées
mondialement, induites par les corporations multinationales, créent
«l'avantages du premier» pour les entreprises qui s'intègrent tôt
dans des rapports de sous-traitance. Avec le temps, ces entreprises
améliorent leur compétitivité grâce à de nouvelles technologies,
pratiques de gestion et compétences techniques et
commerciales.
- Normes plus élevées établies par les acheteurs
étrangers. Il existe un avantage à accéder une
information actualisée sur les marchés et à s'assurer que les
processus de production et que la conception des produits sont plus
flexibles et adaptés aux changements sur les marchés. Les acheteurs
étrangers exigent souvent l'obéissance à des normes plus élevées.
Les changements dans la demande des consommateurs, qui veulent des
produits plus sophistiqués, adaptés et respectueux de
l'environnement, introduisent de nouvelles exigences pour les
entreprises.
Le CCI à la CNUCED XI
- Salon des outils de compétitivité du CCI - 13-17
juin. Cette exposition propose les outils et produits
du CCI destinés à améliorer la compétitivité des pays, des secteurs
et des entreprises.
- Table ronde sur la compétitivité à l'exportation -
7 juin. Le CCI contribue à cette manifestation
préliminaire où les participants partageront leurs expériences et
suggéreront des points que les pays en développement devraient
examiner pour augmenter et améliorer leurs exportations.
- Renforcer la compétitivité commerciale - 17
juin. Le CCI va présenter les gouvernements,
institutions d'appui au commerce et entreprises qui s'attachent à
l'amélioration de la compétitivité.
Une stratégie concurrentielle cohérente
De nombreux facteurs influencent la compétitivité commerciale
des pays en développement, dont les conditions de départ,
l'histoire, les ressources naturelles, la taille du territoire, la
géographie et la stratégie de compétitivité. Parmi ces facteurs, la
cohérence de cette dernière est critique. C'est en tout cas le seul
facteur sur lequel on peut jouer. Des réussites (notamment en
Chine, au Costa Rica, en Malaisie, à Maurice, au Mexique, à
Singapour, en Thaïlande, en Tunisie et en République de Corée)
suggèrent que certains types de stratégie marchent mieux que
d'autres. Des politiques communes et l'appui institutionnel de
certaines stratégies comprennent généralement les éléments
suivants.
- Un environnement macroéconomique stable et
prévisible pour l'investissement, caractérisé par un
faible déficit du budget, le contrôle strict de l'inflation et des
taux de change réels compétitifs.
- Un régime d'importation libéral,
défini par l'absence de contrôles à l'importation, peu de blocages
des importations et de règles de préférence nationales, et des
droits de douane relativement bas, cela afin d'encourager le
secteur des affaires à se restructurer.
- Une solide stratégie d'exportation
pour pousser les PME sur les marchés d'exportation, qui met
l'accent sur l'accès hors taxes des matières premières, une
organisation de promotion du commerce efficace et un programme de
commercialisation des exportations complet pour les PME.
- Un régime de concurrence nationale
effectif, garantissant la libre entrée et la libre
sortie pour l'industrie et une autorité régulatrice forte pour
traiter des pratiques anticoncurrentielles.
- Une stratégie dynamique liée aux investissements
étrangers, qui vise quelques secteurs et pays hôtes
réalistes, crée des bureaux de promotion à l'étranger dans le cadre
de partenariats public-privé, des encouragements à l'investissement
compétitifs et des processus d'approbation des investissements
accélérés.
- Des procédures et règlements
accélérés destinés aux entreprises et visant à
diminuer les coûts des transactions commerciales pour les
entreprises en démarrage, les taxes administratives, les permis de
travail et l'approbation des autorités locales.
- Des investissements soutenus dans les ressources
humaines à tous les niveaux et une augmentation de la
formation en entreprise, avec par exemple l'assistance aux
associations sectorielles pour entamer des projets de formation et
des campagnes d'information pour persuader les PME des avantages de
la formation, ainsi que des allégements fiscaux pour la
formation.
- Un soutien technologique complet pour
la gestion de la qualité, l'amélioration de la productivité, la
métrologie et les services techniques pour les PME (y compris des
subsides pour qu'elles puissent se doter de la certification ISO
9000 et créer des centres de productivité, et la commercialisation
d'institutions technologiquespubliques).
- La promotion de grappes industrielles
composées de petites et grandes entreprises en vue de maximiser les
synergies, par la mise à disposition d'infrastructures clés,
d'appui technique, de financement commercial et d'assistance pour
la commercialisation à l'exportation.
- L'accès au financement commercial à
des taux d'intérêt compétitifs grâce à une politique monétaire
prudente, à la concurrence dans le secteur financier, à la
formation du personnel bancaire relative à l'évaluation des risques
de prêts aux PME et aux prêts à taux réduit.
- Une infrastructure efficace et
rentable, notamment en ce qui concerne le transport
maritime et aérien, les télécommunications, l'accès à l'internet et
à l'électricité.
- Un organe supérieur des secteurs public et
privé tel qu'un conseil de la compétitivité
nationale, pour formuler et mettre en œuvre une stratégie de
compétitivité commerciale.
R. Badrinath (badrinath@intracen.org)
est Directeur de la Division des services d'appui au commerce du
CCI. Ganeshan Wignaraja (gwignaraja@yahoo.com) est
Chercheur invité, United Nations University, Institute for New
Technologies, à Maastricht, Pays-Bas; il était auparavant Chef du
département consacré à la compétitivité et à la stratégie des PME
auprès de Maxwell Stamp PLC, à Londres. Cet article résume une
étude préparée en vue de la CNUCED XI.