Partout dans le monde, les citoyens s'éveillent à une nouvelle
réalité économique et s'interrogent sur l'impact de la crise
économique sur le commerce éthique, les nations en développement et
la conscience des consommateurs. Les exportateurs les plus
pragmatiques devraient aussi se demander quelles stratégies adopter
pour survivre, voire tirer parti, de la crise.
Le premier conseil est de ne pas paniquer. À de
nombreux égards, la crise a atteint son paroxysme. La récession ne
devrait pas durer 10 ans et les gouvernements ont prouvé qu'ils
feraient le nécessaire pour remettre le commerce sur les rails.
Alors que l'économie mondiale se redressera plus lentement qu'elle
a sombré, la même interconnectivité qui a vu son effondrement
brutal ramènera la croissance. La cupidité reviendra et sera à
maints égards salutaire. Elle remplacera la peur et une fois les
économies stabilisées, l'investissement repartira et les
consommateurs suivront.
L'absence apparente de consommateurs éthiques ne signifie pas
qu'ils ont disparu mais qu'ils achètent ailleurs. Partez à
leur recherche. Sur les grands marchés, les consommateurs
ont renoncé aux gros achats et privilégié les magasins discount et
les achats moins coûteux. Leur intérêt pour les produits éthiques
n'a pas faibli mais les finances ne suivent pas. Les consommateurs
éthiques investissent les discounts de masse mais ces détaillants
veulent, de manière rentable, satisfaire la conscience des
consommateurs et cette volonté pourrait contribuer à sortir le
commerce éthique de la marginalité.
Cependant, pour travailler avec les grands détaillants et
obtenir des conditions plus favorables, vous devez faire preuve
d'initiative et ne pas attendre qu'ils fassent le premier pas. Si
l'opération vous semble chère, engagez quelqu'un à la commission ou
faites équipe avec un autre fournisseur pour partager les
coûts.
C'est le bon moment pour investir dans un renforcement
de la capacité - pensez subventions et contributions
bénévoles. Comme l'illustre la recherche menée par
l'Institut Ethisphere,
lorsque les prix majorés excèdent 3% du prix de produits
équivalents non éthiques, la capacité à capter des parts de marché
s'érode. Cette corrélation est d'autant plus forte que
l'environnement économique est faible. Mais grâce aux économies
d'échelle, à la progression le long de la chaîne de valeur et au
dollar fort, un exportateur avisé peut grignoter des parts.
Alors que la création de partenariats est possible grâce à des
organismes respectés comme l'ITC, les organisations
philanthropiques du monde développé sont un vaste domaine
inexploité, qui accorde des subventions pour soutenir le commerce
éthique. Une rapide recherche sur un site comme www.elance.com
fournit des centaines de rédacteurs de demandes de subventions
susceptibles d'identifier les organismes de financement et de
rédiger des demandes pour moins de US$ 20 de l'heure.
Une autre option consiste à demander à des sociétés de lobbying
et de relations publiques un appui pro bono (gratuit). Avec le
ralentissement de l'économie, nombre de ces sociétés ont du temps
libre qu'elles peuvent vouloir consacrer à la cause que vous
défendez.
Choisissez l'angle éthique et affichez-le.
Lorsque les grands détaillants durciront les normes éthiques
appliquées aux fournisseurs, les entreprises déjà engagées dans la
production éthique seront de suite avantagées. Ceci dit, un
fournisseur ne peut satisfaire toutes les demandes; choisissez les
thèmes que vous souhaitez traiter en priorité (par exemple:
neutralité carbone, bien-être des travailleurs, expérimentation
animale) selon une méthode appelée 'measured measures' (mesures
modérées).
Chaque problème a un coût et un revenu d'investissement propres;
les connaître permet de faire des choix avisés et durables. Postez
votre message sur internet et jouez la transparence permettra de
couper court aux rumeurs. Vouloir tout entreprendre peut facilement
mener à la faillite.
Regardez sous un jour nouveau le marché
américain. De nombreuses initiatives du commerce éthique
concernent l'UE, notamment le Royaume-Uni, en négligeant le marché
américain qui représente US$ 13 billions. Non seulement
les consommateurs américains s'intéressent au commerce éthique
mais le recul de plus de 30% de diverses monnaies face au
dollar US a rendu les produits d'exportation plus attractifs.
La sécurité se vend bien. Un des thèmes
récurrents concernant les produits est la sécurité (ou le manque de
sécurité). Les produits chimiques et polluants frelatés, voire
mortels, exportés vers l'UE et les États-Unis vont des aliments
pour animaux jusqu'aux laits pour bébés. Les entreprises
cherchent donc à s'associer à des fournisseurs éthiques pour
réduire les risques tout au long de la chaîne logistique.
Si votre entreprise a des normes de sécurité strictes et un bon
bilan sécuritaire, faites-le savoir car la sécurité est un bon
argument de vente à une époque économiquement trouble. Qui plus
est, dans la période post-reprise, le message frappera
l'esprit des consommateurs face aux manquements inévitables des
concurrents.
Si vous vendez un bien produit et échangé de façon éthique,
identifiez les consommateurs et exposez-leur votre parcours.......
Une fois rassurés sur l'efficacité des produits, plus ils
apprécient leur qualité, plus ils auront tendance à dépenser. Ceci
vaut plus particulièrement pour les économies en proie à des
difficultés. Peu importe l'histoire qui rend votre produit
intéressant, unique et éthique, et néanmoins efficace -
utilisez-là.
Enfin, concernant les sept points qui précèdent, restez
intransigeant sur les prix. Alors que la récession
économique peut être un bon moment pour investir stratégiquement et
gagner un avantage comparatif, ne soyez pas téméraire. Renégocier
les contrats avec les sous-commandiers se justifie et recruter des
travailleurs pour maîtriser les coûts peut être payant.
La fin est proche! Non pas la fin du monde mais la fin de la
crise. Les exportateurs avisés prennent des mesures pour s'y
préparer.