Des négociations inédites sur le commerce mondial sont en cours,
c'est le Programme de Doha pour le développement. Cependant, s'il
est bon de conclure des accords commerciaux, il faut qu'ils soient
utiles et pragmatiques. Les pays doivent inviter à participer les
secteurs public et privé, pour les préparer à se servir de ces
accords. Vu leur complexité, une telle coopération sera de plus en
plus nécessaire à l'avenir.
Les pays ont besoin d'assistance technique pour rendre ces
accords viables. Le CCI a œuvré pour intégrer pleinement le secteur
privé aux activités commerciales, pour aider les gouvernements à
créer une symbiose entre les secteurs public et privé. En effet, la
bonne coopération entre ces secteurs est essentielle pour qu'une
stratégie d'exportation réussisse. J'appuie pleinement le CCI et le
tiens en haute estime pour la qualité et l'efficacité de ses
programmes. Le Forum exécutif, dont l'un des objectifs est de vous
doter de la capacité de mettre en œuvre vos propres stratégies est
éminemment utile, en voici quatre raisons.
Incertitude
En premier lieu vient la condition économique mondiale. Selon le
rapport World Economic Outlook, publié par le Fonds monétaire
international, nous allons au-devant d'une situation pleine
d'incertitude. Les Bourses ne vont plus connaître les résultats des
années 1990, nous constatons une croissance anémique dans des
économies importantes et il faudra du temps pour que les
changements structurels produisent une croissance durable. En
outre, il faut nous préparer à des surprises, à des risques
géopolitiques.
Nous devons repousser toute tentative de retour au
protectionnisme. Il faut aussi réconcilier nos différences et
résoudre nos désaccords de manière pacifique pour permettre
l'épanouissement du commerce.
Le Programme de Doha pour le développement
En second lieu, le Programme de Doha pour le développement va
traiter de questions récentes ou déjà connues, plus ou moins
controversées. L'une d'elles se rapporte aux services; elle n'est
pas nouvelle, mais c'est la première fois que nous examinons de
fond en comble l'engagement des pays dans ce secteur
d'activité.
Pourquoi est-il si important de déterminer votre stratégie
fondamentale concernant les services? Parce que, dans ce secteur,
le taux de croissance est plus élevé que pour les marchandises,
qu'il s'agisse du commerce ou de la production. La Banque mondiale
estime que, si l'on diminuait de moitié les obstacles dans le
secteur des services, cela multiplierait par cinq les gains obtenus
par l'abaissement des barrières douanières dans le secteur des
marchandises. Dans les pays industrialisés, les services se montent
à 70% du PIB, alors que dans les pays en développement ils
s'élèvent entre 40% et 50% et sont en augmentation. Le secteur des
services pourrait représenter un élément essentiel de la
croissance.
Partenariats public-privé
En troisième lieu, les négociateurs ont besoin d'être informés
par le secteur privé, avant d'entamer les pourparlers commerciaux,
de sorte qu'ils puissent analyser les conséquences que leurs
gouvernements devront gérer. Cela vaut la peine d'impliquer le
secteur privé dès le départ. Comprendre les règles et connaître le
sujet sont des données essentielles à la réussite des négociations,
afin que chaque pays puisse en transposer les résultats dans sa
propre stratégie nationale.
Structurer le commerce
Enfin, le quatrième point en considération est la coordination.
Si nous voulons structurer les échanges en vue de planifier
l'économie et de faire du commerce un instrument de développement,
nous devons coordonner les actions, entre les agences et à
l'intérieur de chaque pays. À cet effet, l'OMC, le CCI et la CNUCED
devraient toujours travailler ensemble.
Le Dr Supachai Panitchpakdi est Directeur général de
l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Cet article se fonde sur
les remarques qu'il a émises lors du Forum exécutif du CCI sur les
stratégies nationales d'exportation (25-28 septembre
2002).