De même que les consommateurs font de plus en plus le lien entre
nourriture et santé, ils sont nombreux à s'interroger sur l'impact
écologique des vêtements. Et à ce jeu, c'est l'industrie cotonnière
bio qui est gagnante.
Alertés par les campagnes répétées sur l'environnement, les
consommateurs engagés savent que le coton fait partie des cultures
consommant excessivement de produits chimiques, qu'il représente
2,5% des terres cultivées au monde et qu'il concentre 25% des
engrais et 10% des pesticides chimiques utilisés (source majeure de
maladies chez les ouvriers agricoles). En outre, la production de
coton consomme d'énormes volumes d'eau dans des endroits où elle
fait souvent défaut.
Il est plus coûteux de produire du coton bio mais de plus en
plus de consommateurs sont prêts à payer un surcoût pour réduire
l'impact environnemental. Alors que la mode n'est pas encore aux
vêtements respectueux de l'environnement, l'intérêt croissant des
consommateurs pour ce type de vêtements stimule la croissance du
coton bio de 50% par an.
Les producteurs de coton bio ne peuvent satisfaire la demande et
de nombreux exportateurs estiment que la conversion au bio comporte
des risques. Consommateurs, acheteurs, gouvernements nationaux et
associations industrielles ont tous un rôle à jouer pour aider le
coton bio à se frayer un chemin jusqu'aux détaillants. Afin d'aider
les exportateurs des pays en développement à opérer des choix
informés, l'ITC a publié un rapport complet sur le secteur.
La demande dépasse l'offre
Le premier coton certifié bio est apparu au début des années
1990 en Turquie et aux États-Unis. En 2006, 22 pays en ont produit
et le commerce mondial représentait 23 000 tonnes - soit quatre
fois plus qu'en 2001.
Aujourd'hui, près de 20 entreprises utilisent plus de 100 tonnes
de fibre de coton bio par an et deux tiers d'entre elles n'ont
commencé à vendre des textiles et des vêtements en coton bio
qu'après 2002. Les grands détaillants de vêtements en coton bio
sont des marques réputées comme Wal-Mart, Nike et Coop Suisse.
La fibre bio vendue sur le marché international du coton
représente seulement 0,09% des 24,8 millions de tonnes échangées,
selon le rapport de l'ITC, mais la demande dépasse l'offre et cela
devrait durer. Il y a des débouchés certains pour les producteurs
de coton bio des pays en développement, alors d'où vient le
problème?
Défis
Le premier obstacle majeur auquel fait face un exportateur de
pays en développement pour pénétrer ce cercle fermé concerne
précisément cette pénétration du marché. Plus de la moitié de la
production mondiale est détenue par deux entreprises - situées en
Turquie et en Inde. Et près de 25 grandes marques et détaillants
absorbent 50% à 60% du total.
Malgré l'expansion du marché, les entreprises restent perplexes.
Alors qu'elles adoptent en grand nombre le coton bio au nom de leur
engagement envers la responsabilité sociale des entreprises, elles
communiquent peu avec les consommateurs. Et certaines marques et
détaillants ne souhaitent pas que leurs produits soient associés au
bio - préférant miser sur l'image, le design, la couleur, la
forme ou le prix des produits.
Les messages des consommateurs sont tout aussi partagés. Par
exemple, le spécialiste du coton pour l'enseigne britannique Marks
& Spencer fait remarquer que ses clients s'intéressent plus au
commerce équitable qu'au bio. Les agriculteurs préfèrent donc
explorer les options liées à la certification du commerce équitable
plutôt que celles de la filière bio.
Les coûts de transformation posent un autre problème aux
agriculteurs. Il y a quelques années, le coton bio servait aisément
de culture de rotation mais aujourd'hui il faut trois ans de
conversion avant de pouvoir vendre la récolte comme bio. Il faut
aussi ajouter le coût de l'inspection et de la certification alors
que la production est généralement à forte intensité de
main-d'œuvre et que le rendement peut être inférieur à celui d'une
production conventionnelle.
Solutions
L'ITC a examiné la façon dont les décideurs et les institutions
d'appui au commerce peuvent contribuer à créer la capacité de
produire du coton bio dans les pays en développement et aider les
producteurs à accéder à ce marché en expansion.
Surtout, les organismes publics et privés pourraient faciliter
la conversion des agriculteurs au bio en améliorant l'accès aux
informations sur l'agriculture bio, incluant un appui au
développement et au marketing. Des programmes de financement sont
nécessaires pour couvrir les coûts du contrôle et de la
certification, ainsi que des fonds à faible taux d'intérêt pour
investir dans le bio.
Il faut encourager l'adoption de programmes de cotons mélangés.
Le mélange de fils (à 5% de bio généralement) a peu retenu
l'attention des marques et des détaillants mais comme le souligne
l'étude de l'ITC, 'il constitue un bon moyen pour les filatures de
pénétrer le secteur du coton bio et peut être considéré comme un
tremplin vers la production d'articles en coton 100% bio'. Pour
évoluer en ce sens, le secteur devrait se comporter en allié plutôt
qu'en concurrent.
Les fileurs et les exportateurs ont également besoin
d'informations plus ciblées pour investir dans l'agriculture bio.
Ils doivent compter sur des sources extérieures d'information
sur le court terme, les principaux chercheurs du secteur s'étant
peu penchés sur le bio.
Il faut poursuivre la rationalisation et la ratification de la
certification. L'industrie textile a besoin d'une approche commune
du créneau bio afin de sensibiliser et rassurer les consommateurs.
Les Global Organic Textile Standards (GOTS), développées par
plusieurs certificateurs, visent à imposer des normes uniformes que
le rapport de l'ITC considère comme 'une étape importante vers
l'harmonisation et la transparence des étiquettes du textile'.
L'adoption des GOTS dans le secteur peut être le premier pas vers
des règles contraignantes cultivant la fibre écologique et sociale
dans le secteur du textile et du vêtement. Mais ce secteur et les
organismes publics peuvent avoir besoin de réviser et de développer
ces normes pour les inscrire dans la législation.
Pour plus d'information, voir:Guide de l'exportateur de
coton
Site du portail internetOrganic Linkde l'ITC
Recommandations de l'ITC
pour créer la capacité à produire du coton bio
- 1. Fournir des informations et des fonds aux producteurs pour
passer au bio
- 2. Encourager les programmes de mélange comme tremplin vers le
100% bio
- 3. Fournir des informations spécifiques sur le coton bio aux
fileurs et exportateurs de coton des pays en développement
- 4. Rationaliser et ratifier la certification