Forum du commerce international - No.
1/2009
Lors du G20 à Washington en novembre 2008, les dirigeants de la
planète ont comparé la crise à un tapis de mines posées par les
États-Unis et les économies européennes, semblant n'affecter
qu'indirectement les nations émergentes.
Il y a six mois, la crise s'exprimait à la façon d'une 'mine
terrestre', aujourd'hui elle agit plutôt comme une 'bombe à
fragmentation', qui explose en libérant des milliers d'éclats tous
azimuts. Les pays émergents sont désormais directement affectés;
les défaillances de la gouvernance des marchés financiers imposée
par le G7 ont fait un tort énorme à leurs économies. Les
orientations politiques du G20 doivent en conséquence changer.
L'effondrement du commerce est brutal, grave, mondial et
synchronisé. Le protectionnisme n'est pas encore la cause de cette
dégringolade mais il serait irresponsable d'ignorer le spectre
mercantiliste qui frappe à notre porte et la tentation
protectionniste vers laquelle lorgnent certains membres du G20. La
relation perverse entre récession et protectionnisme n'est plus une
chimère des années 1930 mais un scénario possible. L'action des
dirigeants du G20 à Londres a été utile mais insuffisante. Ils
devraient tenter de prendre la crise de front et adopter des
mesures concrètes pour étouffer dans l'oeuf la spirale
inflationniste.
Les experts en commerce du monde entier ont établi une liste de
recommandations, qui incluent un compromis plus large et plus
spécifique pour empêcher tout nouveau mécanisme de protection;
celui-ci sera assorti d'une surveillance en temps réel; un
pré-engagement à négocier le retrait des mesures liées à la crise
dans un délai de trois ans; et une négociation des chefs d'État sur
un compromis censé remettre sur les rails les négociations de Doha.
L'ex-Président mexicain Ernesto Zedillo, a même fait une
proposition audacieuse: garantir la paix en préparant la guerre. Il
suggère que les pays s'engagent à utiliser tous les moyens légaux à
leur disposition pour riposter à ceux qui recourent à des mesures
protectionnistes nuisant à leurs exportations.
Le temps est le nerf de la guerre. L'apparition d'une spirale
inflationniste dans les neuf prochains mois serait une tragédie,
qui anéantirait tout espoir d'efficacité des programmes de relance
et toute chance de voir la coopération sur la crise économique
préparer le terrain à la coopération sur le changement
climatique.
Cet article est basé sur un e-livre co-édité par Richard
Baldwin et Simon Evenett intitulé `The collapse of global trade,
murky protectionnism and the crisis: Recommandations for the
G20.´