Récits

Les obstacles empêchant les femmes de se déployer dans l’entrepreneuriat sont à l’origine de «fortes pertes d’occasions d'affaire»

9 mars 2016
ITC Nouvelles
Les obstacles empêchant les femmes de se déployer dans l’entrepreneuriat sont à l’origine de « fortes pertes d’occasions d'affaire » selon la directrice de l’ITC

Tout obstacle à l’évolution des femmes dans leurs lieux de travail est non seulement une injustice envers la moitié de la population mondiale, mais également une mauvaise gestion de l’entreprise, affirme Arancha González, Directrice exécutive du Centre du commerce international (ITC).

Malheureusement, plus de 120 pays appliquent des restrictions légales empêchant les femmes d’occuper certaines fonctions, juste parce qu’elles sont des femmes, bien que plusieurs études démontrent que les entreprises faisant preuve de diversité en termes de sexospécificité sont plus productives et plus rentables. La pérennisation de cette situation occasionne des « pertes d’occasions d'affaire importantes » selon Mme González. C’est pour cette raison que l’ITC soutient les femmes entrepreneures à travers des programmes comme celui du Fonds d'affectation spéciale des Pays-Bas (Netherlands Trust Fund III).

« Des études démontrent qu’une plus grande participation des femmes à l'économie, environ 1 milliard de femmes en tant que consommatrices, productrices, investisseuses et entrepreneurs serait équivalente à ajouter encore la Chine ou l’Inde à la croissance mondiale », a-t-elle déclaré. « Un grand nombre de femmes ont les compétences pour occuper la majorité des postes vacants, quelle que soit la profession ou l’activité. »
« Il est non seulement question de justice sociale, mais aussi d’un intérêt économique très clair pour les économies mondiales », a-t-elle ajouté. « Ce programme est universel ; c’est pourquoi nous ne ménageons aucun effort pour faire de cette autonomisation économique la pièce maîtresse du Programme de développement durable à l’horizon 2030. »
Pour Mme González, Il faut « déceler » les lois qui freinent l’ascension professionnelle des femmes. « Nous devons recenser ces lois et retrouver les pays dans lesquels elles sont en vigueur afin de les abroger progressivement. »

-Défi technologique-

Il s’agit d’un processus lent, a déclaré la directrice, car ces lois semblent liées aux normes sociales et aux traditions que Mme González identifie comme les principaux facteurs empêchant les femmes de rechercher des emplois dans des domaines dominés par les hommes tels que le secteur en pleine croissance des technologies communautaires et de l’information. Dans plusieurs cultures, « les femmes n’osent pas, car la norme sociale ne le permet pas », a-t-elle poursuivi. « Les lois seules ne peuvent pas faire changer cette situation. Il faut plutôt inciter les populations à remettre en cause certains idéaux et valeurs. Cela nécessite un peu plus de temps. Nous devons résoudre ce problème à travers l’éducation, avec des exemples et en présentant la nécessité du changement. »

Raison pour laquelle l’année dernière, l’ITC a décidé d’introduire Tech Challenge (Défi technologique) lors du Forum des femmes commerçantes. Pour répondre aux entreprises technologiques comme Google et CI&T qui affirment vouloir un personnel sur une base d’égalité sexospécifique mais restent à la recherche de diplômées, Mme González démontre à travers Tech Challenge que « les femmes peuvent trouver une place, une demeure et un emploi grâce aux technologies » À titre d'illustration a-t-elle ajouté, deux femmes entrepreneurs kenyanes bénéficiaires de la troisième phase du programme du fonds d'affectation spéciale néerlandais (NTFIII) ont remporté le premier prix, devant des hommes et des femmes du monde entier, preuve que « les femmes peuvent être les meilleures dans le domaine des technologies ».

La troisième phase du programme du fonds d'affectation spéciale néerlandais (NTFIII) favorise la compétitivité du secteur de l’exportation à travers le secteur de l’informatique et des services utilisant les TIC au Bangladesh, au Kenya et en Ouganda et, dans le cadre de son mandat visant à aider les petites et moyennes entreprises (PME) des pays en développement dans leur internationalisation, cette troisième phase renforce l’autonomie des femmes entrepreneurs. Pour Mme González, grâce aux programmes tels que la troisième phase du programme du fonds d'affectation spéciale néerlandais (NTFIII) favorisant le soutien et le renforcement des capacités des femmes entrepreneurs, l’ITC peut intégrer la « dimension féminine » à tous les volets de son travail.

Elle pense en outre que « les PME participantes au commerce sont plus productives, plus compétitives, payent de meilleurs salaires et sont plus rentables. » « Environ 40 % des PME appartiennent à des femmes, mais seul un cinquième de ces PME participent au commerce international. Logiquement, pour une croissance plus grande et non élitiste, nous devons miser sur l’autonomisation économique des femmes. C’est de cette façon que nous pouvons maintenant nous assurer que 40 % de nos interventions mettent l’accent sur les femmes. »

-Accent sur les services-

Selon la Directrice exécutive de l’ITC, l’accent particulier mis sur la promotion des exportations de services par le Fonds fiduciaire néerlandais corrobore cet objectif. « Les services ont trois caractéristiques qui les rendent particulièrement attractifs pour les femmes : ils croissent plus rapidement que le commerce de biens, en plus d’être rentables et innovants. Ces trois éléments, particulièrement présents dans le secteur des technologies de l’information, ont une grande composante d’innovation et de créativité. Nous ne devons pas empêcher les femmes d’accéder à tout un secteur. »

C’est une réussite qui se concrétise dans le cadre des programmes tels que la troisième phase du fonds d'affectation spéciale néerlandais (NTFIII) qui montre que des progrès sont en train d’être réalisés, même si cela se fait à petits pas, affirme Mme González.
« Je ne suis pas d’un optimisme aveugle, mais je constate des progrès », a-t-elle précisé. « Ce que nous avons à faire de mieux, que nous ne faisons peut-être pas, est de dresser des rapports de progrès réalisés afin d’avoir une histoire à raconter. Pour montrer que des progrès ont été réalisés, il est important de mentionner que cinq personnes ici l’ont concrétisé ».

Cette tendance s’accélèrera puisque les dirigeants, cherchant à consolider leurs économies, reconnaissent la valeur ajoutée de la participation des femmes au monde du travail et fournissent plus d’effort pour réduire les obstacles culturels à l’emploi des femmes. C’est ce que González appelle l’« argument économique » qui incitera finalement le changement.

« Partout où vous avancez l’argument économique, les gens écoutent », explique-t-elle. « Les ministres et les Premiers ministres écoutent parce qu’ils souhaitent tous créer des emplois et stimuler la croissance. Je ne fais pas de cela un combat idéologique, mais je pense juste qu’en avançant l’argument économique, il devient plus facile d’amener les gens à comprendre qu’ils doivent donner les mêmes chances à tous en économie. Une fois que vous faites cela, il devient facile pour les femmes de bénéficier de l’égalité de chance dans la société ».