Asie-Pacifique en tête
Les pays producteurs d'Asie furent les leaders incontestés dans
l'exportation de produits transformés, atteignant 83% de toutes les
livraisons en 1998. La Malaisie et l'Indonésie ont pris la tête du
peloton, atteignant un taux annuel de référence de plus de
US$ 1 milliard chacune dès le milieu des années 90. Lors de la
crise économique asiatique de 1998-1999, les difficiles conditions
du marché et des monnaies locales dévaluées ont entraîné, pour la
première fois dans la décennie, un déclin des exportations
(mesurées en US dollars).
Les Philippines semblaient être le seul producteur de poids en
Asie, avec une croissance des exportations qui a progressé de façon
stable pendant cette période de repli. Cela était dû principalement
à son succès ininterrompu aux États-Unis, marché qui a continué à
absorber des quantités toujours plus grandes de meubles philippins
dans les dernières années de la décennie. En fait, l'industrie
philippine a importé de plus en plus de bois de feuillus américain
et a conçu des lignes de mobilier en collaboration avec des
entreprises locales en vue d'une fabrication répondant à la demande
des classes moyenne et aisée des États-Unis.
En dehors de l'Asie, le Brésil a fait une entrée remarquée sur
le marché mondial des produits manufacturés en bois. Il a déjà
dépassé les Philippines et rejoint la Thaïlande. La réussite de son
programme de stabilisation monétaire et macroéconomique, au milieu
des années 90, a donné un élan à la croissance des exportations. En
outre, la création du MERCOSUR (Mercado Común del Sur: le Marché
commun du Sud), une zone de libre échange avec l'Argentine, le
Paraguay et l'Uruguay, a eu un effet positif. Plus récemment, la
dévaluation du real brésilien a aidé les exportateurs à conquérir
de nouvelles parts de marché. Les exportations des autres pays
producteurs sont moindres, tandis que la région dans son ensemble
représente 16% des exportations du secteur (US$ 552 millions).
Les producteurs africains n'ont pas pu parvenir à une place
importante sur le marché international des produits manufacturés en
bois. Leurs exportations totales représenntaient environ 1% des
exportations des producteurs. La Côte d'Ivoire était le leader
régional. Elle représentait 50% des exportations de produits
façonnés. Le Ghana s'est aussi distingué, avec US$ 14 millions
d'échanges en 1998. Ces deux importants exportateurs africains
atteignaient des pays latino-américains comme la Bolivie et le
Honduras, classés respectivement deuxième et troisième.
Différents types d'exportation
En 1998, le commerce de mobilier et d'éléments en bois
constituait le gros des exportations des pays membres de l'OIBT,
atteignant 64% de la valeur totale (US$ 2,2 milliards). Les
producteurs asiatiques étaient de loin les plus gros fournisseurs,
en particulier la Malaisie (US$ 911 millions).
L'Indonésie, en revanche, gagnait la majeure partie de son
revenu grâce à l'exportation de bois de construction (US$ 407
millions), en grande partie (US$ 271 millions) des panneaux de
coffrage et des parquets préfabriqués. Les portes et les cadres de
portes se montaient à US$ 89 millions, et les fenêtres et leurs
cadres à US$ 47 millions. Au total, le bois de menuiserie se
montait à 24%
(US$ 837 millions) des revenus des exportateurs de produits
travaillés en bois membres de l'OIBT.
Le bois mouluré représentait 11% des exportations de tous les
membres de l'OIBT (US$ 400 millions). C'est devenu une importante
activité à l'exportation pour des pays comme le Brésil, la Côte
d'Ivoire, l'Indonésie, la Malaisie et la Thaïlande. Cette catégorie
se diversifie. En Malaisie par exemple, elle comprend non seulement
les moulures en général, mais aussi des produits rabotés sur quatre
faces, le bois languetté et bouveté, les montants de portes et de
fenêtres, la menuiserie et les composants de meubles, ainsi que des
lamelles de parquet et des plinthes.
Des perspectives d'exportation positives
Le commerce mondial de mobilier et autres produits transformés
en bois est en expansion. Les exportations mondiales de meubles ont
augmenté de 17% de la production en 1993 à 24% en 1997. Il est
estimé qu'en 2001-2002 la proportion va croître et atteindre 28%.
Les échanges se trouvent dans une phase de croissance, et les pays
en développement ont pu augmenter leurs parts de marché au
détriment des producteurs des pays industrialisés.
Selon les estimations, le commerce mondial de produits
travaillés en bois va continuer à progresser au taux positif de 9%
ou 10% par année. Un taux moyen légèrement plus élevé fut mesuré
entre 1995 et 1999, malgré la crise économique asiatique. Une
moyenne pondérée pour tous les producteurs membres de l'OIBT mesure
un taux de croissance annuelle de 13,5% durant cette période. Si
l'on prend comme base le chiffre de 1998 pour les exportations des
producteurs de l'OIBT (US$ 3,5 milliards), la croissance moyenne
porterait les exportations à environ US$ 7 milliards d'ici à 2003
(cette projection dépendant en partie des taux de croissance des
États-Unis et de l'Europe).
La compétitivité
Les meilleurs producteurs de produits travaillés en bois
tropicaux, comme la Malaisie, l'Indonésie, les Philippines et la
Thaïlande en Asie et le Brésil en Amérique latine, ont déjà affirmé
leur présence sur les marchés d'exportation. Ils possèdent
également un marché national bien établi et une forte industrie de
transformation des matières premières. Ce sont les trois facteurs
clés pour assurer le succès d'une activité de transformation
tertiaire tournée vers l'exportation.
À l'inverse, de nombreux pays africains et les plus petits
producteurs asiatiques et latino-américains luttent encore pour
renforcer leur secteur de transformation des matières premières,
pour consolider les marchés intérieurs des produits en bois et pour
maîtriser leurs exportations irrégulières de grumes brutes. Ils ne
devraient toutefois pas penser que leurs coûts moindres des
matières premières et de la main-d'œuvre sont suffisants pour
garantir la compétitivité à l'exportation de leurs produits
manufacturés en bois. La mauvaise productivité des travailleurs
locaux, les bas taux de récupération des matières premières et les
coûts de transport de plus en plus élevés effacent en partie les
avantages initiaux. La productivité de la main-d'œuvre représente
un paramètre essentiel pour l'amélioration de la compétitivité de
la transformation du bois dans les pays tropicaux, car les salaires
vont obligatoirement augmenter à l'avenir.
Le choix s'élargit avec des espèces moins courantes
L'industrie du bois limite encore ses échanges à quelques
espèces connues. Pour des raisons écologiques, la production de
grumes de grande taille en provenance des forêts vierges des pays
producteurs de l'OIBT vont continuer de décliner, surtout dans la
région Asie-Pacifique. Les activités primaires et de transformation
ont déjà commencé à adapter leurs méthodes de production, ainsi que
la conception et la technique. Toujours plus d'espèces plus petites
(telles que l'hévéa, la gmelina, l'acacia, l'eucalyptus et le
sapin) seront utilisées, issues de plantations à croissance rapide.
La Malaisie et la Thaïlande ont montré les possibilités offertes
par les plantations de forêts, notamment d'hévéas, qui fournissent
environ 80% de leurs exportations de meubles. Dans la région
Amérique latine-Caraïbes, le Brésil fait de grands progrès dans la
culture de l'eucalyptus, peu agressive envers l'environnement, pour
la fabrication de mobilier et de bois de menuiserie. Comme le teck
issu de forêts vierges s'est raréfié au Myanmar, le plus gros
producteur d'Asie, un nombre croissant de producteurs se tournent
vers les plantations de teck pour autant que les spécifications
concernant son utilisation finale le permettent. En outre, de
nouveaux panneaux en composites biologiques - extraits de résidus
d'huile de palme, de coquilles de noix de coco et de bambou - sont
employés pour compenser le manque de matières premières.
En Afrique, le Ghana semble avoir fait les efforts les plus
énergiques dans la recherche de marchés pour les espèces moins
utilisées. Au sein de l'Union européenne, les Pays-Bas ont adopté
une position de tête en essayant et en lançant des espèces
tropicales moins courantes pour répondre aux besoins du marché dans
des applications où l'apparence du bois n'est pas le critère de
sélection principal. Quelques leçons simples peuvent être tirées de
cette expérience.
- Cherchez à établir vos partenariats dans les pays
consommateurs avec des agents ayant un intérêt commercial à
diversifier leur sélection de bois importés.
- Faites-leur rapidement expérimenter et trouver des solutions
pour satisfaire la demande lors de l'utilisation finale.
- Adaptez votre secteur de transformation pour répondre aux
exigences de qualité dans les créneaux existants.
- Proposez des applications pour lesquelles des espèces moins
connues peuvent se révéler satisfaisantes et remplacer du bois plus
estimé, ce qui peut apporter un revenu plus élevé dans une
occupation différente.
- Tirez le meilleur parti possible de la certification du bois
et servez-vous-en comme instrument promotionnel.
L'Afrique va de l'avant
Le secteur du bois travaillé tropical doit être systématiquement
développé pour profiter aux économies nationales, aux revenus à
l'exportation et au développement durable. Les producteurs
africains devraient être les premiers bénéficiaires de l'assistance
technique internationale.
En Afrique, la plupart des compagnies qui travaillent le bois
ont adopté une approche graduelle en vue d'ajouter de la valeur à
leur production. La première étape consiste en général à produire
des planches séchées au four, des lames de parquet ou des panneaux
standard, puis viennent les moulures, les joints et les encollages.
Il existe aussi des exemples d'entreprises se dédiant directement
aux travaux de finition, mais elles dépendent de l'importation
massive de savoir-faire - et de personnel expatrié - de sociétés
étrangères. Ces compagnies apportent habituellement l'expérience
technique et l'accès direct à des canaux de distribution qui,
régulièrement, mènent à des marchés captifs. Comme cela a été
vivement formulé par les membres africains de l'OIBT lors d'une
récente réunion à Yaoundé, une nouvelle génération d'entrepreneurs
africains devrait être mobilisée et soutenue techniquement et
financièrement en vue de prendre en main les efforts de
développement des secteurs de la transformation sur leur propre
continent.
Vous pouvez joindre Jukka Tissari, Administrateur en
développement des marchés, CCI, à l'adresse: tissari@intracen.org